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Région : l'opposition dénonce une ''mascarade démocratique''

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:40

Ce jeudi 14 avril 2016, la nouvelle Région Auvergne Rhône-Alpes a adopté son budget 2016 en assemblée plénière, à Lyon. Mais sur les 204 membres du Conseil régional, il en manquait environ 40 %.
En effet, dès le matin, plus de 80 élus d'opposition (PS, PRG, PC et FN) ont quitté l'assemblée régionale, au début de l'examen du budget primitif. Ils protestent ainsi contre le manque d'information de la part de la majorité de Laurent Wauquiez. Les documents ne sont souvent pas fournis, dénonce l'opposition, ou alors très tardivement, ou bien encore ils sont illisibles. Le budget qui leur a été présenté se résume à une page, sans répartition ligne par ligne. Pour trois milliards d'euros, ils trouvent cela léger. D'autant qu'ils dénoncent un « budget en trompe l'oeil » où les 100M€ d'économies annoncées lors des voeux de Laurent Wauquiez sont devenues 75M€ en mars et ne représentent, selon le calcul de l'opposition, « que » 47M€ finalement. 47M€ dont certains seraient réalisés grâce aux économies liées en réalité à l'effet de fusion et à l'application de la loi mais que le président de Région s'attribuerait. Sans parler des annonces non suivies des faits. L'opposition fait rappelle l’annonce, le 30 mars, de 100 M€ pour la formation professionnelle alors que le budget présenté le 2 avril ne propose pas un euro de plus par rapport à 2015.

« Nous constatons chaque jour la politique du Fait du Prince permanent, s'étrangle le Groupe socialiste, démocrate, écologiste et apparentés, les élus - de la majorité comme de l’opposition - et partenaires de la Région apprennent par simple courrier la suppression des politiques d’aide aux territoires, apprennent par la presse la création d’un nouveau système de bourses pour les bacheliers sans aucune délibération, apprennent, sidérés, les largesses clientélistes de Laurent Wauquiez (par exemple 300.000€ plan Lumière pour sa ville du Puy-en-Velay). »*
Les élus d'opposition demandent à connaître le budget détaillé : « M. Wauquiez aurait-il quelque chose à cacher aux habitants et citoyens d’Auvergne Rhône Alpes ? Quels sont les associations sanctionnées ou récompensées ? Dans quelles conditions vont être accueillis les lycéens de notre région dans les établissements publics ? Nous ne pouvons pas cautionner cette mascarade démocratique. »

Pour résumer les relations que Laurent Wauquiez entretient avec ses adversaires politiques, ceux-ci évoquent « l'insulte, le mépris et la censure » avec des coupures de micro et de diffusion de l'intervention du président du Groupe socialiste, démocrate, écologiste et apparentés, Jean-François Debat (maire de Bourg-en-Bresse), sur le site Internet de la Région lors du débat d'orientation budgétaire. Celui-ci qualifie Laurent Wauquiez d'autocrate, comme il l'a dit au micro de RCF Lyon.

L'intéressé, lui, « C’est du cinéma ! Les élus FN et PS ne sont pas à la hauteur de la confiance de leurs électeurs. ». Laurent Wauquiez interprète ce geste d'une tout autre façon.

 

Le budget 2016 de la nouvelle grande région s’élève donc à 3,127 milliards d’euros exactement, soit un budget en baisse par rapport à l’année dernière. Pour Laurent Wauquiez, ce budget marque « une vraie rupture avec les gaspillages de la précédente mandature et trace un nouveau chemin pour l’avenir ». Et d'ajouter qu'avec plus de 75 millions d’euros d’économies sur les dépenses de fonctionnement et aucune hausse d’impôt, il incarne « le respect des engagements pris devant les Auvergnats et les Rhônalpins ».
Le président de Région désigne plusieurs enjeux majeurs pour 2016 : « outre les économies historiques sur les dépenses de fonctionnement, ce budget marque une volonté forte de renouer avec l’investissement, en hausse de 100 millions d’euros cette année, notamment dans les domaines du numérique, de la sécurité, des lycées ou des transports ». Le député de Haute-Loire précise que ce budget régional fait également de l’emploi « une véritable priorité avec des mesures fortes », notamment dans les domaines de la formation professionnelles et de l’apprentissage.

Dans un communiqué émis en soirée, Jean-Pierre Vigier, Brice Hortefeux, Daniel Dugléry et Alain Marleix les élus régionaux Les Républicains issus des territoires auvergnats se réjouissent de la réforme adoptée par le Conseil régional lors de cette session. Pour eux, celle-ci « met fin à un dispositif en vigueur jusqu’à présent en Rhône-Alpes, aboutissant à ce que pour 1 € accordé, la somme exorbitante de 40 centimes soit consacrée à des dépenses de fonctionnement ». Et d'annoncer : « A l’avenir, l’effort sera à juste titre orienté vers l’investissement au service des collectivités ». Simultanément, la création d’un fonds de simplification territoriale, doté de 1,4 M€, doit permettre d’accompagner les petites communes rurales ou EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale) dans leur ingénierie et leur animation.
De plus, ils soulignent « l’engagement de la Région en faveur du Cantal » par un pacte de 125 millions dédiés à l’économie, au désenclavement, à l’enseignement ainsi qu’à des manifestations culturelles.

* Le clientélisme pointé du doigt
Dans un communiqué intitulé « Le Roy du Puy en son royaume : le clientélisme assumé », le groupe socialiste, démocrate, écologiste et apparentés dénonce :

« Depuis trois mois, Laurent Wauquiez engage régulièrement la Région, dans des financements de projets sans aucune délibération, concertation ni information préalable aux 203 conseillers régionaux. Ces projets, il les choisit au gré de son intérêt ou de celui de ses proches.
L’important c’est « Moi d’abord » :
• Aide pour la rénovation du clocher de l’église Saint-Laurent du Puy-en-Velay : coût estimé 690 000 €, il a engagé la Région à hauteur de 70 00 0 euros.
• Aide pour la restauration de la statue de Saint-Joseph d’Espaly-Saint-Marcel. Pourtant, d’un point de vue réglementaire, la Région n’a pas à intervenir sur ce type de projet. En effet, cette statue a été construite en 1910, après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et elle n’est pas inscrite à l’inventaire des monuments historiques. Le coût total de l’opération semble être estimé à 800 000€.
• Une des dernières annonces en date : la Région devra débloquer 300 000€ pour la mise en lumière du Puy-en-Velay, le tout sans aucun critère précis .
• Laurent Wauquiez n’a plus aucune retenue sur son projet clientéliste : le lundi 4 avril, il a ouvertement annoncé que la Région sera avant tout au service de la Haute-Loire. Elle sera une « machine de guerre pour la Haute-Loire ».
« Les copains ensuite » :
• Le doublement de la subvention régionale au festival Jazz à Vienne, par simple amitié pour le maire LR de cette ville, alors que le budget régional culture accuse une baisse de 10% en 2016 et que de nombreuses structures et événements culturels essentiels pour les territoires verront leurs subventions diminuer. Il s’agit, là encore, d’une décision clientéliste totalement assumée.
• Une subvention à l’UNI [Ndlr : Union nationale interuniversitaire, syndicat étudiant de droite, proche de Les Républicains] de 50 000 euros.
Suppression des comités de sélection sur les dispositifs culturels. Laurent Wauquiez écarte les professionnels et les élus de la sélection des projets culturels soutenus pour pouvoir choisir seul, sans aucun critère, dans l’opacité. Il y a aura donc la culture qui plaît ou pas au Prince . »

L'opposition présente à l'hémicycle ce vendredi
Ce vendredi, les élus de l'assemblée régionale restent à Confluence pour une session ordinaire. Il y est question du Pacte régional pour le Cantal, du Contrat de plan Etat-Région 2015-2020 (Volet territorial – projet de convention de territoire à fort potentiel de développement pour la
Maurienne), de l'aménagement et du développement durable du territoire (Création des
contrats d’aménagement intercommunal), des agréments des directeurs de formations sanitaires, des déchets et de l'économie circulaire, de l'approbation des conventions LEADER entre les groupes d’action local (GAL), de l’autorité de gestion du FEADER et de l’agence de service de service et
de paiement, et enfin des conventions transitoires entre la Région et les collectivités relatives aux
aides aux entreprises dans le cadre de la loi NOTRe.