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Dossier : quel avenir pour l'agriculture en Auvergne Rhône-Alpes ?

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:38

Auvergne Rhône-Alpes apparaît, en France, comme la première prairie permanente, la troisième forêt de métropole et la quatrième région agricole et agroalimentaire.
Avec presque trois millions d’hectares de surface agricole utilisée, l’agriculture est un secteur majeur de la région. C’est en tout cas le seul secteur d’activité présent dans la quasi-totalité du territoire.
Toutes les données chiffrées ci-dessous sont issue de la source suivante : Agreste – Recensement agricole 2010 ; comptes de l'agriculture 2012.

Quelques données chiffrées sur notre production
La grande région compte 504 122 vaches laitières et 647 533 vaches allaitantes. Elle produit 3,9 millions de tonnes de céréales chaque année, soit 5 % de la production nationale, ainsi que 26,7 millions d'hectolitres de lait de vache par an, soit 11 % de la production française. Pour la viande bovine, ce sont 135 800 tonnes annuelles, soit 10 % de la production hexagonale. 
Fleuron de la gastronomie française, le vin n'est pas en reste avec deux millions d'hectolitres par an, soit 6 % de la production française (73 % des vins régionaux sont sous AOP). On peut aussi citer les salaisons : Auvergne Rhône-Alpes pèse environ 16 % de la production nationale et constitue la première région en matière de salaisons sèches.

Environ 60 000 salariés concernés par l'agroalimentaire
Auvergne Rhône-Alpes se signale par une importante industrie agroalimentaire qui emploie, hors artisanat commercial, plus de 40 000 salariés (4ème rang national). Les entreprises régionales totalisent un chiffre d’affaires de 7,6 milliards d’euros. Le commerce de gros des produits agricoles et alimentaires, très développé dans la vallée du Rhône, génère un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros.
L’artisanat commercial agroalimentaire (boulangeries, boucheries) est compté séparément : il concerne près de 20 000 salariés, disséminés dans 6 850 établissements. Notons par ailleurs que 41 abattoirs de la grande région produisent 300 000 tonnes de viande de boucherie par an ; le plus gros abattoir régional (58 000 tonnes) est situé à Lapalisse (Allier).  

Trois question au nouveau Président de la Chambre d'agriculture régionale Gilbert Guignand
Cocorico ! Le nouveau Président de la Chambre d'agriculture Auvergne Rhône-Alpes Gilbert Guignand est de Haute-Loire. Il est lui même agriculteur dans une exploitation laitière à la Séauve-sur-Semène. 
Quelle a été votre réaction face à cette fusion ? C'est une opportunité, notamment pour l'agriculture de l'Auvergne ? Quelles seront les clefs de la réussite de cette fusion ?

Le nouveau Président de l'exécutif Laurent Wauquiez a fait un certain nombre de propositions pour l'agriculture. Lesquelles vous paraissent particulièrement intéressantes pour les 116 000 agriculteurs et les 7,7 millions de consommateurs de la grande région ?

Quelles seront vos ambitions et vos priorités à la tête de a Chambre d'agriculture Auvergne Rhône-Alpes ? Peut-on encore vivre décemment de ce métier ?


Le regard des principaux syndicats agricoles
Reste enfin à connaître le point de vue des principaux syndicats agricoles face à cette fusion. Zoomdici a rencontré Yannick Fialip, Président de la FDSEA de Haute-Loire et Anthonny Fayolle, Président des JA (Jeunes Agriculteurs) de Haute-Loire. Quant à la Confédération Paysanne, qui a déjà fusionné, elle explique dans un communiqué de presse ses principaux engagements : "l'installation et la répartition du foncier seront des thématiques centrales de notre engagement, avec une lutte particulière contre la spoliation des terres agricoles par les grands projets inutiles [..]. L'élevage et la production laitière, en crise actuellement, seront au coeur de nos préoccupations [..]. Il faut imaginer un nouveau paradigme autour de la qualité, de la proximité, de la valorisation et de la reprise en main de nos produits".

Yannick Fialip, Président de la FDSEA de Haute-Loire : une des nouveautés en 2016, c'est la grande région Auvergne Rhône-Alpes. Qu'est-ce qu'elle offre comme perspectives pour le monde agricole, et particulièrement pour celui de la Haute-Loire ?

Anthony Fayolle, Président des JA (Jeunes Agriculteurs) de Haute-Loire : On sait que les structures des JA vont fusionner au cours de ce premier semestre 2016 et qu'lle a été préparée en amont. D'après vous, quelles perspectives cette fusion avec Rhône-Alpes offre-t-elle à l'agriculture de la Haute-Loire ? On s'oriente plutôt vers des offres complémentaires ou concurrentielles ?

Peut-on dire qu'on a d'un côté l'Auvergne, plutôt productrice et de l'autre côté Rhône-Alpes, plutôt consommatrice ?

Très bien placé en circuits courts et labels de qualité
La grande région se distingue par une importante activité dans les circuits courts et dans la quantité des labels de qualité qu'il recense. Les circuits courts sont pratiqués par 23 % des exploitations (10 % en Auvergne, 30 % en Rhône-Alpes). Pour plus de 50 % d’entre elles, ils permettent de générer plus de la moitié du chiffre d’affaires. 
Sur les 1 000 signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine, autres que l’agriculture biologique, gérés par l’INAO (AOP, IGP, Label rouge), plus de 150 concernent la région. Les produits sont très variés : fromages, fruits, viandes, volailles... Les AOP fromagères (Reblochon, Saint-Nectaire, etc.) représentent 23 AOP sur les 50 répertoriées en France et près de 40 % des productions fromagères nationales sous AOP. 

Quel avenir pour le bio dans cette nouvelle grande région ?
"On a un nombre de conversions en agriculture biologique qui augmente", répond le nouveau Président de la Chambre d'agriculture Auvergne Rhône-Alpes Gilbert Guignand. En effet, l’agriculture biologique engage 5 % des exploitations et leur nombre a doublé en 10 ans. La Drôme est de loin le premier département français pour le bio. Alors quel avenir pour le bio ?
"On est pas dans des agricultures très intensives, c'est donc un peu moins difficile de passer en bio", explique-t-il, "et c'est avant tout une philosophie et un marché, car on sait que la société est de plus en plus demandeuse de produits bio donc c'est à nous de nous adapter car il est toujours mieux que les consommateurs mangent du bio produit localement que du bio importé de pays dont on ne connaît pas toujours le cahier des charges".

La troisième forêt de métropole
Couvrant environ 2,5 millions d’hectares, soit 36 % du territoire, la forêt est le premier mode d’occupation du sol régional, devancée néanmoins par l’agriculture dans la partie auvergnate (57 % de terres agricoles en Auvergne contre 35 % en Rhône-Alpes). La forêt régionale est détenue à 80 % par des propriétaires privés.
Le morcellement, plaie de la forêt française, sévit ici plus qu’ailleurs : plus de 600 000 propriétaires se partagent la forêt régionale, dont 400 000 possèdent moins d’un hectare. Auvergne et Rhône-Alpes partagent ainsi le record peu enviable de la plus petite surface moyenne par propriétaire. 

----Entre 2000 et 2010, le nombre d'exploitations régionales a chuté de 28 % alors que la surface moyenne des exploitations a progressé de dix hectares. Mais cette moyenne de 46 hectares est inférieure à la moyenne nationale (55 hectares).-----Près de 30 000 jeunes qui se forment aux métiers agricoles
Avec 121 établissements accueillant près de 25 000 élèves, l’enseignement agricole de la région repré- sente 14 % des établissements français et des effectifs scolaires de l’enseignement agricole national. 
La région compte également, au sein des centres de formation d'apprentis, plus de 3 500 jeunes en formation en alternance dans des entreprises de la région, voire des régions limitrophes. Au total, ce sont donc environ 28 500 jeunes qui suivent une formation initiale, par la voie scolaire ou l’apprentissage, dans l’ensemble de l’enseignement agricole technologique et professionnel de la région.
La formation continue est également bien présente avec 23 centres de formation pour adultes publics (1 300 000 heures stagiaire) et de nombreux centres privés (750 000 heures stagiaires) qui assurent des formations continues longues ou courtes. L’insertion professionnelle des jeunes est également bonne puisque le taux net d’emploi à 33 mois est de 88 %. 


Maxime Pitavy

>> Note : les interviews et la rédaction de l'article ont été réalisés en janvier dernier.