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Brioude

Une élection territoriale et non politique, selon l’équipe Wauquiez

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:37

« Pour ces élections régionales, l’enjeu n’est pas politique, il est territorial ». Peter Vigier, Marie-Agnès Petit et Gilles Da Costa ont tour à tour délivré le même message, dimanche 29 novembre, à l’immeuble de l’Instruction, à Brioude, où plus de 200 personnes ont participé à la réunion publique de la liste "Wauquiez 2015, un nouveau souffle pour notre région".
« La seule tête de liste auvergnate, c’est la nôtre, elle est de Haute-Loire et c’est Laurent Wauquiez », a insisté le député Vigier. « Pour faire entendre la voix de notre département dans la grande région Auvergne Rhône-Alpes, il faut un gars et une équipe de chez nous. Sinon on sera oublié et on n’aura même pas les miettes ».
Laurent Wauquiez lui-même a enfoncé le clou, arguant que « pour faire rayonner la Haute-Loire », il faut « prendre les commandes ». « Le défi face auquel on est, il est très simple », a martelé le député-maire du Puy-en-Velay. « C’est mettre la Haute-Loire au cœur de la grande région. C’est un défi complètement indépendant des sujets de gauche ou de droite ».

Haro sur l’administration Souchon
Un défi que Laurent Wauquiez se propose de relever en commençant par « faire un nettoyage auvergnat » pour « remettre de la bonne gestion ». Car pour le candidat des Républicains, les années Souchon se résument à « mais qu’est-ce que c’est que ce travail ?! ». Et il n’a pas manqué de fustiger l’actuel exécutif régional. « Ils ont gaspillé notre argent public de façon scandaleuse », a-t-il tempêté. « Ils se sont payé un palais à Clermont-Ferrand : 80 millions d’euros. Avec ça, vous en faites des parties à 2x2 voies sur la RN102. Vous rajoutez le même truc en Rhône-Alpes, où ils s’en sont fait un à 180 millions d’euros, et vous avez quasiment bouclé la moitié du financement de la liaison entre le Brivadois et Le Puy à 2x2 voies. Ils ont mis 750.000 € pour le développement du cinéma participatif au Burkina-Faso. Bon… ok… mais on peut peut-être le développer aussi en Haute-Loire et dans la région, le cinéma participatif. Ils ont mis 1 million et demi d’euros sur un programme contre le réchauffement climatique au Sénégal. Mais enfin, notre travail c’est de développer notre région ! ».
Véhément, Laurent Wauquiez a tiré à boulets rouges sur « certains élus », qui auraient « confondu la Région avec une agence de voyage », qui présenteraient « 250.000 € de frais de restaurant par an » - « avec ça, vous mangez pas de la lentille, hein ! » - ou dépenseraient « 2.000 € de frais de téléphone par mois ».

« Une gestion version Haute-Loire »
« Nous on est en Haute-Loire, on sait ce que c’est que la valeur de l’argent et on sait qu’on doit gérer les choses avec respect et avec modestie », a-t-il affirmé, plaidant pour une redistribution des crédits en direction de l’investissement. « Aujourd’hui, 70% de notre argent est mangé par les dépenses de fonctionnement », s’est-il insurgé. « On va leur montrer un peu ce que c’est qu’une gestion version Haute-Loire. Nous, l’argent, on le met sur le terrain ». Et de s’engager à diminuer de 10% le montant total des indemnités des élus, parce que « si vous demandez des efforts à votre administration, vous commencez par les appliquer vous-mêmes ». « Les élus doivent donner l’exemple », a affirmé l’ancien ministre. « Ce sera notre premier geste symbolique ».
Et sur un plan un peu moins symbolique, qu’est-ce que ça donne ? Laurent Wauquiez n’a pas oublié d’en parler, en déclinant son programme autour de quelques grands axes.

----La liste Haute-Loire : Laurent Wauquiez, Marie-¬Agnès Petit, Jean-Pierre "Peter" Vigier, Isabelle Valentin, Michel Chapuis, Caroline Di Vincenzo, Gilles Da Costa, Marie-Laure Mugnier. Des élus « de terrain et de proximité », selon Peter Vigier. « Nos candidats, vous les connaissez, quand vous avez besoin d’aller les trouver vos savez où ils sont et ils viennent vous voir », a insisté Laurent Wauquiez, tandis que Marie-Agnès Petit rappelait : « sur les bulletins de vote, n’allez pas rayer l’Ardèche, l’Ain ou l’Isère en disant "ceux-là, c’est pas chez nous, on en a rien à faire ". Ça ferait un bulletin nul ».-----Un pacte Cantal-Ardèche-Haute-Loire
« Il y a 6 milliards d’euros de budget à la Région », a-t-il souligné (ndlr : en réalité, le budget annuel de la future région sera de 3 milliards, auquels s'ajoutent trois autres milliards d'euros de crédits européens, directement affectés à des domaines de compétence comme l'agriculture par exemple via la PAC...). « Si on branche un petit tuyau et qu’on ramène ne serait-ce que 50 ou 60 millions chaque année sur la Haute-Loire, ça va nous changer un peu le contour et la tête du département. Et ça ne sera pas injuste, parce que la justice, ce n’est pas de donner à tout le monde la même chose, c’est de donner plus à ceux qui ont moins. Les plus grosses métropoles n’ont pas besoin de beaucoup d’argent car elles ont une dynamique propre. Nous, on a besoin de soutien et d’aménagement du territoire ».
Aussi le député-maire envisage-t-il un pacte Cantal-Ardèche-Haute-Loire réunissant les 3 plus petits départements de la région, qui ont « plus de défis et sont plus éloignés des grands réseaux ». D’où la deuxième priorité du candidat : les routes.

« On va mettre de l’argent sur les routes »
Elles ne sont pourtant pas de la compétence de la Région, mais Laurent Wauquiez l’assure, « on va mettre de l’argent sur les routes ». « C’est une promesse solennelle que je vous fais », a-t-il insisté. « Dans les 3 ans, les chantiers sur la 102, vous les verrez. Je ne vous promets pas qu’on va faire les endroits où il faut du génie civil compliqué, mais on va le faire de façon pragmatique. On commencera par les endroits où c’est plat, en élargissant un peu. Il y a plein d’endroits où il suffit d’une bande de goudron de chaque côté pour que ça avance. Et on n’oubliera pas le Cantal, parce que son désenclavement compte aussi ».

Internet et le réseau mobile
Autre point au sujet duquel la tête de liste en a « assez d’attendre » : Internet et le réseau mobile. « On nous le promet mais je ne le vois toujours pas venir », a-t-il ronchonné. « La couverture mobile n’est toujours pas bonne. Si je suis à la tête de la grande région, Orange écoutera un petit peu mieux qu’aujourd’hui. Il n’y pas de raison pour qu’on doive payer et attendre alors que dans les grandes villes ça arrive tout de suite et c’est gratuit ».

Lutter contre les déserts médicaux
Une injustice, pour le candidat, à laquelle s’ajoute celle qui concerne les équipements d’imagerie médicale. « On ne peut pas accepter que la Haute-Loire soit le département le plus mal équipé de la région », a-t-il souligné, plaidant ainsi en faveur de la dotation d’un scanner à Brioude. « On doit garder l’hôpital de Brioude et le fortifier. S’il le faut, on participera au financement du scanner, tout en travaillant en commun avec l’hôpital du Puy et le pôle de Clermont-Ferrand ».
Question couverture de santé, Laurent Wauquiez s’engage aussi à lutter contre les déserts médicaux. Sa solution, demander « plus de places pour nos étudiants dans nos facs de santé » pour ne pas être « obligé d’aller en prendre à l’étranger ». « Je propose qu’on paye des bourses pour les étudiants en médecine pour qu’en contrepartie ils viennent exercer sur notre territoire le même nombre d’années que ce qu’on a payé en bourses », a-t-il encore suggéré.

« On n’est pas là pour faire le Luna Park des urbains »
D’ailleurs, si Laurent Wauquiez entend lutter contre les déserts médicaux, il entend lutter contre les déserts tout court. « Ma région, si c’est Clermont, Lyon, Saint-Etienne et Grenoble, avec rien autour, ça ne m’intéresse pas », a-t-il asséné. « Il n’y a plus d’accompagnement sur les petites communes, on est abandonné. La Région nous explique qu’elle ne s’occupe que des dossiers structurants. Sous-titre : c’est pour Clermont et pas pour nous. Peut-être que pour la Région un investissement sur un aménagement de bourg, c’est rien, mais pour nous c’est beaucoup. Si une petite commune qui n’a pas de moyens n’a pas la Région à ses côtés, elle ne peut pas se développer et petit à petit elle dépérit ».
Bref, Laurent Wauquiez se pose en ardent défenseur de la ruralité et de l’accompagnement. Mais en gardant le contrôle. « Je ne veux pas d’une ruralité où des bobos viendraient chez nous comme si c’était une réserve d’indigènes », a-t-il poursuivi. « On est grand, on n’est pas là pour faire le Luna Park des urbains qui viennent avec tout un paquet de normes pour nous dire ce qu’on a le droit de faire ou pas, sans même prendre en compte notre réalité. C’est notre région, c’est à nous de décider ».

« Sans l’agriculture, la Haute-Loire n’existe pas »
Notamment en ce qui concerne l’agriculture, dont le député-maire se fait l’avocat. « Sans l’agriculture, la Haute-Loire n’existe pas », a-t-il affirmé. « Alors comment on peut la soutenir ? Ce ne sont pas des primes que demandent les agriculteurs. Ce qu’ils demandent c’est des prix et des débouchés. Ils ne veulent pas qu’on leur dise "c’est bien, merci, vous êtes les jardiniers du territoire, vous vous occupez des petites fleurs et on vous paye pour ça". Ils nourrissent la planète, c’est ça, leur dignité. Ils veulent vivre de leurs productions et c’est là-dessus qu’il faut qu’on se concentre ». Par exemple en accompagnant les investissements, en privilégiant les circuits courts et les produits locaux dans les cantines scolaires, ou en mettant en place « un grand plan retenues collinaires et réseaux d’irrigation ».
« Regardez à quel point on est devenu stupide », a embrayé Laurent Wauquiez. « On aide les particuliers pour collecter l’eau du toit et on interdit à nos agriculteurs de faire des réserves pour se protéger sur les périodes de sécheresse. Il faut qu’on puisse bien utiliser l’eau dans une approche de développement durable ».

« C’est notre argent, il doit servir à nos emplois »
Laurent Wauquiez prétend également soutenir les entreprises. Une nouvelle occasion pour lui de dézinguer l’administration Souchon. « La Région a investi sur le chemin de fer », a-t-il rappelé. « Les entreprises qui étaient dessus, il n’y avait que des Polonais et des Roumains. Et pour la rénovation de certains équipements de la faculté, il n’y avait que des travailleurs détachés. On n’a pas d’entreprises, chez nous ? On n’a pas d’artisans et de PME ? Pourquoi on ne les fait pas travailler ? Le code des marchés publics le permet, mais actuellement, à la Région, c’est la technocratie qui commande. C’est la culture du parapluie. Les élus ne décident plus, ils appliquent la règle du mieux-disant, c’est plus facile. La première chose que je souhaite, c’est qu’à chaque fois que la Région finance, les travaux soient confiés à des entreprises locales, parce que ce sont elles qui payent des impôts chez nous et prennent nos jeunes en apprentissage. C’est notre argent, il doit servir à nos emplois ». Ainsi qu’aux aménagements locaux pour favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, autre sujet cher au candidat et à ses colisitiers.
« On a un département extraordinaire, et on va avoir une région formidable », a-t-il conclu. « Je refuse que la voix de la Haute-Loire s’éteigne. On va la porter ensemble ».

I.A.