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La pulsation d’un cœur géant sur le toit d’Emile-Roux

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 11/11/2022 à 06:00

Dans le but de sensibiliser aux dons d’organes et de tissus, c’est toute une équipe de soignants du Centre Hospitalier qui a prêté un instant leur sourire sur l’héliport médical. Opération de communication, c’est surtout un moyen de rappeler que nous sommes tous concernés par le sujet, de près ou de loin.

Ils sont une vingtaine à se serrer sur le tarmac bleu, là où se pose par moment l’hélicoptère médicalisé au centre de l’hôpital Emile-Roux. Infirmiers, aides soignants, médecins, administratifs et bien d’autres tiennent dans leurs mains la même pancarte, sorte de nœud papillon vert qui symbolise le don d’organe et de tissus.

Et ensemble, ils forment un cœur, le regard pointé vers le ciel et le drone qui immortalise cette belle image. « Nous avons voulu cette action pour avant tout remercier les donneurs, les familles des donneurs et tous les acteurs concernés », explique Laure Hemet, infirmière aux dons d’organes et en réanimation. Elle ajoute : « L’idée est également d’envoyer un message au public et aux professionnels pour toujours plus sensibiliser aux dons d’organes. D’en parler pour que chacun puisse se positionner le jour J ».

Le ruban vert est un symbole adopté  en France depuis le 22 juin 2019.
Le ruban vert est un symbole adopté depuis le 22 juin 2019 en France. Photo par Nicolas Defay

Pour tout savoir sur le don d'organes

Le site de l'Agence de Biomédecine apporte dans les moindres détails toutes les informations et d'innombrables données sur le sujet.
Pour le parcourir, cliquez sur les cœurs ♥♥♥♥♥

Les français plutôt réfractaires au don

D’après l’Adot 43 (fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humains), les coordinations hospitalières font face à un taux de refus qui ne cesse de croître.

« Ce taux est de 33,7 % en France, précise Elisabeth Cortese, Présidente de l’antenne de Haute-Loire. Alors qu’il est bien plus faible dans les pays voisins comme en Espagne ou les territoires scandinaves. À titre d’exemple, il n’est que de 20 % au Portugal ».

Selon cette ancienne infirmière coordinatrice pour les prélèvements d’organes à Emile-Roux, seule 2007 ressort comme une bonne année. « Suite au décès de Grégory Lemarchal, victime de la mucoviscidose, beaucoup de communication avaient été faites sur l’importance du don, livre Elisabeth Cortese. Depuis, les dix dernières années tournent malheureusement autour de 32 % ».

Selon une enquête de l'association France Transplant sur les greffes rénales, publiée le 14 janvier 2020 : « 500 à 600 patients, inscrits sur les listes d'attente, meurent chaque année, faute d'avoir été greffés. Parmi les 23 828 patients en attente de greffes rénales, plus de la moitié ne pourront vraisemblablement pas recevoir le traitement escompté ».

« Nous sommes tous donneurs à moins que nous ayons signifié notre refus »

Depuis la loi du 22 décembre 1976 (loi Caillavet), chacun est présumé donneur, sauf en cas de refus exprimé de son vivant. Ce principe a été réaffirmé par la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016. « Le principe de la loi du consentement présumé est Qui ne dit rien consent, résume Laure Hemet. Avant, il fallait une carte de donneur pour exprimer son autorisation à se faire prélever. Cet aspect est désuet. Maintenant, c’est en quelque sorte le contraire. Nous sommes tous donneurs à moins que nous ayons signifié notre refus. »

Elle précise alors : « Ce choix peut être soit indiqué sur le registre national des refus, soit mis à la connaissance par écrit ou à l’oral à l’un de ses proches ».

Les anciennes cartes ne sont plus valides.
Les anciennes cartes ne sont plus valides. Photo par Nicolas Defay

Il y a la loi. Et il y a l’humain.

Audrey Allemand, l’une des trois infirmières de l’équipe avec Laure Hemet et Clémence Chabanon plus un médecin coordinateur, continue en ce sens : « Pour certaines personnes, le don d’organes est une finalité pour faire le deuil d’un proche. Pour d’autres, même si aucun refus n’a été enregistré ou témoigné, l’éthique et la morale s’imposent avant tout. Nous ne pouvons pas accabler plus encore une famille en deuil même si la loi nous permettrait de prélever les organes et les tissus du défunt ».

« Toutes les religions sont pour le don d’organes et de tissus du moment qu’il protège la vie ». Elisabeth Cortese

Une seconde vie dans un second corps

Laure Hemet rappelle que tout le monde peut donner. « Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de critères d’âge, souligne-t-elle. Concernant les organes, tous peuvent être prélevés. Au sujet des tissus humains, ce sont en priorité la cornée, les vaisseaux, les os ou encore la peau pour les grands brûlés ».

Il faut tout de même des conditions particulières pour que les organes aient la chance d’avoir une seconde vie dans un second corps. « Nous ne pouvons intervenir que lorsque la personne décède d’une mort encéphalique, nous apprend-t-elle. Les cellules du cerveau sont irrémédiablement détruites. Mais les organes continuent d’être alimentés par le cœur ».

Pour les tissus, ils se font à cœur arrêté. Une fois le décès annoncé, les équipes ont 24 heures pour les retirer de ce corps éteint afin de les offrir ensuite à un second hôte, en vie sur son lit d’hôpital.

Des sourires pour dire merci à tous les donneurs, les familles et les soignants.
Des sourires pour dire merci à tous les donneurs, les familles et les soignants. Photo par Nicolas Defay