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Fièvre catarrhale : des éleveurs altiligériens désespérés

, Mise à jour le 08/10/2015 à 13:42

Pour ceux qui doivent faire vacciner leur cheptel…
Tous les producteurs concernés par le périmètre de restriction et qui travaillent à l’export se trouvent dans une situation délicate du fait des obligations inhérentes à la vaccination. Un éleveur du nord de la Haute-Loire qui souhaite rester anonyme s'inquiète : « à partir du moment où les animaux auront reçu un premier vaccin, un rappel est obligatoire 21 jours plus tard, et il faut attendre 10 jours après pour recommencer à les commercialiser. C’est autant de temps sans faire de ventes ».

Un manque à gagner immédiat et à venir
Il n’y a pas que le report d’un mois des ventes qui pose problème, il y a d’autres conséquences. « Tous les animaux vaccinés vont arriver en même temps sur le marché, ce qui va entraîner une baisse des cours, et impossible d’attendre plus, car pendant ce temps, les charges s’accumulent et il faut continuer à nourrir les bêtes » se plaint l'éleveur.

Un stock de vaccins opportun
Heureusement pour les éleveurs, un seul fabricant, le laboratoire Lyonnais Mérial (Sanofi) dispose d’un stock d’1 300 000 vaccins, issus d’une surestimation de la demande en 2011-2012, alors que la campagne de vaccination n’était plus obligatoire, qui devrait permettre la poursuite de la commercialisation dans un délai raisonnable. Cependant, sur le plan épidémiologique, la résurgence du virus reste à expliquer.

Distribution locale :  pas de conséquences pour le moment
Une autre éleveur, celui-ci de moutons sur le plateau de La Chaise-Dieu, témoigne : « toutes mes bêtes partent normalement à l’abattoir d’Yssingeaux, et pour le moment je n’ai aucune restriction. De toutes façons, nous n’avons aucune information autre que celles trouvées dans la presse ».

Un climat tout de même propice à l’inquiétude
« Même si la maladie n’est pas transmissible à l’homme, je crains que l’extension éventuelle du périmètre de protection ne détourne le consommateur de nos produits, sans parler des difficultés qu’entraînerait une campagne de vaccination nous privant de ventes pendant un mois. Déjà que les retards de versements des subventions, dus à la mise en place de la réforme de la PAC, ne nous arrangent pas du tout », soupire l’éleveur.

De sombres perspectives
La maladie de la « langue bleue » vient s’ajouter à la longue liste des difficultés que rencontrent ces éleveurs, et qui les pousse à s’interroger sur l’opportunité de poursuivre leur activité.

N.S.

Note : interviews réalisées avant cette note de la préfecture :

  • La préfecture incite à vacciner illico

Le préfet a réuni ce mardi 6 octobre 2015, pour la deuxième fois, le comité local de suivi de la FCO (fièvre catarrhale ovine) qui associe les représentants des professionnels de l’élevage et du négoce des ruminants ainsi que les services de l’Etat.
Afin de rétablir au plus vite les circuits commerciaux, il a été rappelé que le ministre en charge de l’agriculture, Stéphane Le Foll, avait annoncé la gratuité de la vaccination des animaux destinés à l’exportation et aux programmes de sélection. De ce fait, à l’unanimité, les membres du comité incitent les éleveurs à faire vacciner sans délai leurs animaux éligibles (jeunes bovins de races à viande ou croisées destinés à l’exportation et aux échanges).

"La vaccination doit être anticipée, explique la préfecture de Haute-Loire, compte tenu des délais imposés par les pays importateurs qui sont de 10 à 60 jours après vaccination". Celle-ci nécessite au moins 21 jours (délai entre les deux injections de vaccin). De fait, il faudra au moins de 31 à 81 jours pour pouvoir exporter un animal. "Il est donc urgent de procéder à la vaccination et de ne pas attendre la date habituelle de rentrée des animaux en bâtiment pour l’hiver".

Les vétérinaires ayant reçu les doses vaccinales nécessaires à la vaccination des broutards destinés aux exportations, les éleveurs concernés sont invités à prendre contact avec leur vétérinaire dès maintenant pour fixer un rendez-vous afin de réaliser la vaccination.

Les règles relatives aux mouvements des animaux pour leur commercialisation, sur le territoire national et en vue des échanges et des exportions, ont été rappelées :

Les mouvements sont libres au sein de chaque zone réglementée (périmètre interdit et zones de protection et de surveillance), les rassemblements (foires, marchés, concours) y sont possibles.

Les animaux sensibles peuvent circuler de façon centripète (d’une zone de statut sanitaire plus favorable vers une zone de statut moins favorable), mais pas de façon centrifuge sauf dérogations prévues qui sont : à destination directe d’un abattoir ou, pour les veaux, à destination d’un atelier d’engraissement fermé.

Les échanges vers les pays de l’Union européenne sont possibles sous réserve d’un délai de 60 jours après la vaccination des animaux échangés.

Plusieurs assouplissements à ces règles ont été présentés :

- les jeunes ovins, caprins et bovins de moins de 70 jours du périmètre interdit (29 communes en Haute-Loire) et destinés à l’engraissement en bâtiment fermé peuvent rejoindre la zone de protection à condition d’être désinsectisés (animaux, moyens de transport et bâtiments),

- les animaux placés en estive dans le périmètre interdit (PI) peuvent regagner leur exploitation. Si cette dernière est située :
o en zone de protection (ZP) : animaux, moyens de transport et bâtiments devront être désinsectisés,
o en zone de surveillance (ZS) : en plus de la désinsectisation, une analyse virologique négative par PCR devra être réalisée 14 jours après le début de la désinsectisation.
o Si les animaux doivent changer de département quand ils quittent le PI, un accord des DD(CS)PP de départ et d’arrivée est indispensable.

- l’Espagne accepte dorénavant les bovins, ovins et caprins issus des ZP et ZS vaccinés depuis au moins 10 jours ou non vaccinés mais désinsectisés et testés négatifs par PCR 14 jours après le début de la désinsectisation (valable également pour les veaux).