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Loi Santé : "On se plaint mais nous ne sommes pas les plus malheureux"

mar 06/10/2015 - 19:55 , Mise à jour le 06/10/2015 à 19:55

" Je ne suis pas contre la loi Santé ", Patrick Bourret, médecin généraliste au Puy-en-Velay, a un avis différent de ceux des médecins grévistes. Il respecte leur position mais tient à expliquer son point de vue.

Pour favoriser l'accès aux soins
Le docteur Bourret s'est renseigné à propos du tiers payant généralisé : " J'ai lu que dans les pays où il a été mis en place, le tiers payant n'augmentait pas les dépenses de santé. " Mais ce n'est pas cet argument qui l'a convaincu. La facilitation de l'accès aux soins aux personnes " aux faibles revenus mais pas sous CMU " a été la véritable raison de sa prise de position. " Pour une consultation de soir à la maison médicale de garde pour une famille avec deux enfants, le prix peut facilement atteindre 200 euros et ce n'est pas à la portée de tout le monde. "

----Adopté par le Sénat mais...
Après les mouvements de grève des médecins, le Sénat a choisi d'adopter le projet de loi Santé de Marisol Touraine sans le tiers payant ou encore le paquet de cigarettes neutre. La ministre de la Santé a promis de réintroduire la mesure du tiers payant à l'Assemblée. Le débat devrait donc encore se poursuivre.-----" Je ne vois pas pourquoi ça serait plus compliqué "
Les médecins grévistes craignent de crouler sous les démarches administratives avec la mise en place de ce système. D'après leurs calculs, il leur coûterait 19 % du prix de la consultation (remplissage des feuilles de soins...). " Il y a déjà beaucoup de patients qui ne payent pas leur consultation et ça ne demande pas plus de travail. Il faut bien sûr vérifier les remboursements mais c'est tout. Je ne vois pas pourquoi ça serait plus compliqué ", développe Patrick Bourret en montrant son lecteur de cartes Vitale.  Il tempère : " Après, je peux me tromper. "

Entre 30 et 32 euros la consultation
Parmi les revendications, il y a la revalorisation de l'acte de 23 à 25 euros. Une demande que le médecin ponot a du mal à comprendre : " Comme tout le monde, je veux bien gagner plus d'argent mais il faut être honnête, nous avons des primes. " Pour chaque patient en maladie longue durée, le médecin touche une prime de 40 euros, pour les patients dont il est le médecin référent, il touche cinq euros... " Pour nous, le prix de la consultation est entre 30 et 32 euros ", clarifie le professionnel. Il estime que l'argent serait plus utile ailleurs comme dans des services comme celui des Urgences : " Pour les aides-soigantes, les infirmières ou les médecins. Et pourquoi pas pour créer des emplois. On se plaint mais nous ne sommes pas les plus malheureux. "

Des mesures d'urgence
Le médecin va plus loin est revient sur une problèmatique d'actualité : les déserts médicaux. Il a lui-même exercé à Saugues et en Lozère. " Je pense qu'on ne peut pas résoudre ce problème à une échelle locale mais au niveau national. " Pour le Docteur Bourret, il faut du " courage politique ". Par là, il entend une obligation pour chaque médecin à exercer en zone blanche (déserts médicaux) pendant une durée déterminée et avec des conditions à adapter. " A une situation d'urgence, il faut des mesures d'urgence ! " Il propose aussi des quotas : " À Avignon, il y a des plaques tous les 20 mètres, ça ne devrait pas être possible. "

Ce médecin respecte malgré tout la position de certains de ses confrères et consoeurs. Pour l'heure, il attend de voir comment la situation va évoluer.

Emma Jouve