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Episode n°1 « Les Mauvaises Herbes » : résister au tout voiture en Haute-Loire

, Mise à jour le 13/11/2022 à 15:00

Ces samedi 12 et dimanche 13 novembre, la neuvième édition de « Lo Festenal Les Mauvaises Herbes » se déroule à la Maison pour tous (MPT) de Chadrac.
Organisé par l’association Nature et Progrès Haute-Loire, l’évènement s’articule tout le week-end autour de la thématique « se mobiliser et résister pour demain ».

Lo Festenal Les Mauvaises Herbes les 12 et 13 novembre à Chadrac Photo par DR

Nature et Progrès Haute-Loire, qu’es aquò ?

Nature et Progrès, née de la contestation de l’agriculture industrielle en 1964, est maintenant l’une des principales et plus anciennes organisations de l’agriculture biologique en France.

Elle rassemble des professionnels et des consommateurs autour d’un objectif commun : « promouvoir une agriculture respectant le vivant ».

Un festival pour « se mobiliser et résister pour demain »

C’était un évènement attendu que la pandémie de Covid avait mis en pause forcée pendant deux longues années. Ce samedi après-midi 12 novembre, la 9ème édition de « Lo Festenal Les Mauvaises Herbes » s’est ouverte dans les locaux de La Couveuse-MPT de Chadrac. Le festival, organisé par l’association Nature et Progrès Haute-Loire, propose sur deux jours de nombreuses animations, conférences, ateliers et concerts autour de la thématique annuelle « se mobiliser et résister pour demain ».
Face aux différents bouleversements climatiques, aux injustices sociales, aux précarités alimentaires et aux dangers qui guettent la biodiversité, les organisateurs invitent ainsi les visiteurs à « réfléchir pour agir » autour de nombreuses pistes de réflexion. « Faire réseau, se mobiliser, créer le rapport de force pour partager nos solutions », tel est le crédo d’un évènement qui se veut fédérateur et fertile.
Au programme du week-end : animations, expositions, ateliers, trocs de semences, conférences-débats avec de nombreuses associations représentées telles que Paysans de Nature, l’association Grainaille, le collectif de la Lutte des Sucs, l’association Résiliacteurs et France Nature Environnement Haute-Loire.

"Alternatives pour résister au tout-voiture en Haute-Loire" avec Pierre Pommarel Photo par DR

Quelles alternatives pour résister au tout voiture en Haute-Loire ?

La question des transports, et celle plus globale de nos déplacements, était au centre des préoccupations de cette première journée. Plusieurs festivaliers, militants et citoyens se sont ainsi retrouvés dans un atelier-discussion autour de la question des « alternatives pour résister au tout voiture en Haute-Loire ».
Nombreux parmi eux soulignaient, avant même l’ouverture de la conférence, les difficultés rencontrées quotidiennement dans leurs déplacements sur notre département. C’est le cas de Bernadette, descendue pour l’occasion du Chambon-sur-Lignon et qui déplore « qu’il n’y ait aucune solution alternative à la voiture pour venir au Puy-en-Velay depuis le plateau ». Nouvelle dans la région elle dénonce notamment « l’absence d’un véritable réseau de transport collectif et l’insécurité des pistes cyclables ». De l’autre côté du département le constat semble similaire. Bénédikt, boulanger à Paulhaguet regrette lui aussi « le manque de transports collectifs en Haute-Loire, son maillage inconséquent et son prix exorbitant ». 

Pierre Pommarel pour l'Association des Usagers des Transports d'Auvergne Photo par DR

« On ne s’en sortira pas si on continue à penser le déplacement comme individuel autour de l’autosolisme »

Pierre Pommarel, membre de l’Association des Usagers des Transports d’Auvergne (AUTA), anime la première partie de la conférence.     
Il souligne d’entrée les enjeux écologiques liés à la question du transport en rappelant à l’assistance « que plus d’1/3 des gaz à effet de serre sont directement liés aux transports ». Pour ce militant écologique et associatif, la question du remplacement des voitures fonctionnant à l’énergie fossile par des voitures électriques n’est absolument pas une solution viable : « la question de notre dépendance au lithium et le fait qu’il faudrait l’équivalent de 6 ou 7 centrales nucléaires pour faire rouler toute notre flotte française de véhicules électriques font de cette perspective une solution qui n’en est pas une ».    
Pour Pierre Pommarel, la problématique centrale est celle de l’autosolisme, du fait de se déplacer seul en voiture. Cette pratique, majoritaire au sein de la société française, à des conséquences environnementales et économiques non négligeables. Il faut donc selon lui rapidement repenser entièrement tout un système de déplacement qui, pour l’instant, est organisé en France autour de la voiture individuelle.

Développer le transport collectif comme alternative à la voiture individuelle

Le grand écart européen dans l’investissement ferroviaire :

En Europe, concernant l’investissement public par habitant pour l’entretien et le développement du réseau ferroviaire, on constate de nombreuses disparités.

Ainsi la Suisse se place-t-elle au premier rang avec 365€/an/habitant alors que la France traîne les pieds au 9ème rang avec à peine 40€/an/habitant…

L’intervenant voit alors dans le développement des transports collectifs l’une des solutions écologiques et sociales aux enjeux de nos futurs déplacements. Cette question est d’ailleurs d’autant plus sensible dans nos départements ruraux où la voiture nous apparaît souvent comme essentielle dans la vie de tous les jours. Preuve de cette dépendance, l’Ardèche est le 1er département français le plus motorisé par voiture individuelle et par personne et la Haute-Loire se retrouve à la sixième place de ce même classement national.     
Pierre Pommarel souligne en premier lieu la défaillance de notre réseau de transport collectif départemental. Pour lui il faut rééquilibrer l’offre, multiplier les fréquences de passage et investir massivement pour faire du transport collectif routier ou ferré une véritable alternative de déplacement pour les altiligériens : « comment voulez-vous que les citoyens utilisent le bus alors qu’entre Yssingeaux et Le Puy-en-Velay, par exemple, on ne leur propose que deux allers-retours par jour ? ».

Penser de nouveaux projets de société autour de nouvelles volontés politiques

A l’image de ce que propose un pays voisin comme l’Allemagne, le conférencier aimerait voir se développer des projets alternatifs qui font la part belle au transport collectif interurbain. Le militant achève donc sa démonstration en proposant un projet politique, économique et écologique alternatif à celui, très médiatique, du doublement de la RN88 entre Le Pertuis et Saint-Hostien. Avec les 225 millions d’euros investis dans cette construction routière, il propose un triple investissement alternatif :

  • de 9 millions d’euros sur 20 ans pour la mise en place d’une ligne de bus régulière entre Yssingeaux et Le Puy-en-Velay (1 bus toutes les heures).
  • de 60 millions d’euros sur 20 ans pour la création de 3 allers-retours quotidiens supplémentaires en train accéléré (3 arrêts seulement) entre Le Puy-en-Velay et Saint-Etienne.
  • de 14 millions d’euros pour la mise en place de deux nouvelles gares de croisement sur la ligne ferrée Le Puy-en-Velay – Saint-Etienne.

Pour Pierre Pommarel, « penser de nouveaux projets de déplacement est une question de choix et de volonté politique ».