Située à Boudes, au coeur des terres rouges du Lembron, la Vallée des Saints couvre 27 hectares labellisés "Espaces Naturels Sensibles". Ce lieu donc préservé regorge de trésors géologiques qui suscitent admiration et curiosité, notamment les formations rocheuses appelées "cheminées de fées".
Des figures d'érosion sillonnent ce parcours, qui laissent penser à une danse, une procession de saints revêtus de soutanes colorées d’un nuancier dans les tons jaunes orangers, tel le dégradé d'un coucher de soleil. Le nom "Vallée des Saints", est alors trouvé.
Après un tout début de parcours depuis le centre-bourg de Boudes, qui réveille les mollets tant il faut grimper par les sentiers et chemins de terre, dont j'observe déjà sa teinte rougeâtre... j'arrive au croisement de quatre chemins, tels des points cardinaux, où l'on peut observer une croix en fer et en se retournant, une vue panoramique sur Boudes et ses vignobles, ainsi que le village de Bard.
Je continue mon chemin et approche d'un panneau avec l'indication "le Vallon des Fosses". Cette petite bifurcation ne permet pas de poursuivre la boucle, il me faudra revenir sur mes pas pour continuer la balade. Mais il serait dommage de rater ce point de vue... alors je descends par le sentier un peu boueux ce jour-là, veillant à ne pas glisser au risque de me retrouver aux pieds des cheminées !
Comment ne pas s'émerveiller comme un enfant face à ce paysage... presque mystique. S'élève dans ce lieu une multitude de colonnes d'argile rouge, érodées par l’eau et le vent selon les géologues, on se croirait dans le Far West ! La vallée des Saints possède en tout 23 cheminées de fées, pouvant atteindre jusqu’à 10 mètres de hauteur.
Certaines sont coiffées d'une roche plus sombre, plus résistante à l’érosion, le "chapeau de la cheminée", de basalte et calcaire, et d'autres ont perdu, avec le temps et les conditions climatiques, leur couvre-chef protecteur et sont vouées, selon les études, à se fragiliser, et à terme, probablement disparaître.
Un peu d'histoire
Tout ce beau monde s'est formé en quelques 70 millions d'années, sous un climat alternant chaleur/humidité et chaleur/sécheresse, favorisant la formation de sols ferralitiques et argileux, issus de l'altération des roches métamorphiques* de son socle.
Socle qui lui remonte alors à 400 millions d'années avec la formation de la chaîne hercynienne, un ancien massif montagneux issu d'une collision de continents, aujourd'hui érodé, avec pour seuls témoins géologiques de son existence, ces fameuses roches métamorphiques et les granites qui constituaient autrefois la racine profonde du massif.
*se dit d’une roche ayant subi une transformation du fait d’une élévation de température et/ou de pression.
- Les tons ocres / rouges et mauves sont dus à un mélange d’hématite (oxyde de fer) et d’argile.
- Les teintes plus jaunes sont le fruit du mélange de limonite (hydroxyde de fer) et d’argile
- La couleur verdâtre est liée à la présence de chlorite, minéral argileux hydraté ferro-magnésien
- La couleur blanc-crème : présence de kaolinite (minéral argileux blanc), qui rentre dans la composition de la porcelaine.
Voilà de quoi nourrir, en plus des yeux et des poumons lors de cette sortie nature, la conscience ! Mon âme d'enfant, fascinée par les mystères de la nature, n'en demandait pas moins.
Je poursuis cette balade, apercevant les vertigineuses falaises des Mottes, aux couleurs chatoyantes. Même en cette journée pluvieuse, elles font leur effet.
Puis un second point de vue avec plateforme aménagée permet d'observer, à niveau, les cheminées des fées, le Cirque des Mottes (photo ci-dessous) :
Je termine cette excursion en nature, avec un passage en sous-bois, où je trouve au passage de quoi me désaltérer... une source bien bouillonnante, gazeuse et au goût ferreux.
La source romaine de Bard, taillée dans la pierre du Pays (Gneiss, roche voisine du granite) découverte en 1882, était l'hôte d'un trésor retrouvé au fond de la vasque : 67 pièces de monnaie romaine en bronze, aux effigies des empereurs du 1er au 3ème siècle après J.C.
Après cette pause goûteuse et historique, ma balade se termine, parcourant les champs et les vignobles, et revenant peu à peu sur mes premiers pas, encore admirative de cette nature métamorphique, si puissante et à la fois si fragile.