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Embargo russe : quelles conséquences pour les entreprises de Haute-Loire ?

, Mise à jour le 26/11/2020 à 19:24

C'est jeudi 7 aout que Dmitri Medvedev, le Premier Ministre Russe, a ordonné un embargo d'une durée d'un an concernant une grande partie des produits alimentaires (viandes, fruits, légumes...) issus de l'Union Européenne, de l'Australie, du Canada et des États-Unis. 

Minime mais un marché de perdu quand même
Une palette de marchandise de l'entreprise altiligérienne Sabarot a été bloquée la semaine dernière par la douane russe. La palette représente une somme de 20 000 euros. La Directrice marketing de l'entreprise Sabarot, Marie Wassner, nous a expliqué : " Ici, ce sont des escargots. Nous ne savons pas ce que va devenir cette marchandise. Soit ils la détruisent sur place, soit ils nous la rapatrient ". L'entreprise exporte également la lentille verte du Puy et des champignons secs vers la Russie, de quoi inquiéter la Directrice : " C'est embêtant puisque là, c'est une commande d'escargots mais nous exportons d'autres produits. Pour le moment, c'est minime puisqu'il n'y a qu'une seule commande mais cela nous ferme un marché qui pourrait avoir un gros potentiel ".

Impact sur les prix ?
L'embargo pourrait affecter les prix de divers produits. Ce n'est pas le cas de la lentille produite par Sabarot puisque la quantité exportée en Russie est relativement moindre (de l'ordre de 1%). De 3 à 5% de la production de lentille verte, seulement, sont exportés hors de l'hexagone.

Pagès croise les doigts
La distillerie Pagès produit la traditionnelle Verveine du Velay. La Russie produit très peu d'alcools transformés d'où une importation très importante. Pour l'instant, Pagès n'est pas affecté puisque l'interdiction ne concerne pas l'alcool. Le Directeur marketing de l'entreprise, Monsieur Denoix, nous a confié avec inquiétude : " L'alcool se consomme beaucoup et rapporte d'énormes taxes aux états. Si l'embargo se fait sur ce type de produit, la consommation va chuter et nous allons perdre d'énormes recettes fiscales ".

15% d'exports vers la Russie
En effet, la distillerie Pagès exporte près de 55% de sa production vers diverses destinations mais elle a un énorme marché sur le territoire russe de près de 15% avec les liqueurs, les cocktails ou encore les sirops. Monsieur Denoix nous explique : " Les conséquences sur la Verveine est moindre, c'est un produit parmi d'autres mais nous sommes très inquiets en ce qui concerne la suite des événements. Sur l'ensemble de la France, nous avons déjà des difficultés donc nous n'avions pas besoin de cela. Cet embargo risque de devenir très préjudiciable ".

Les limites de la mondialisation
Le Directeur marketing est conscient que l'entreprise a bénéficié de l'ouverture des marchés avec la mondialisation et plus particulièrement de celui de la Russie qui a un réel potentiel mais aujourd'hui, il constate les désavantages de ce système : " Il y a des limites puisque une décision qui ne nous concerne en aucun cas peut nous affecter gravement. Toutes les économies sont tellement imbriquées que même une entreprise du Puy-en-Velay peut être prise en otage par un acte lointain de ce type de préoccupations ". Pour ce responsable, il est impossible de savoir qui de l'Europe ou de la Russie va trop loin dans ses décisions : " Il est très compliqué de savoir qui de l'oeuf ou de la poule est apparu avant l'autre. C'est un jeu politique dont on ne voit que la partie émergée de l'iceberg. Au final, on ne connait pas grand chose des tractations qui se font ".
En attendant de voir l'évolution de la situation, le Directeur marketing espère voir le marché français se débloquer et les taxes s'alléger.

Pas d'incidence sur le Fin Gras
Le réputé Fin Gras du Mézenc, lui, n'est pas exporté vers la Russie mais les conséquences de l'embargo inquiétent quand même les éleveurs. Bernard Bonnefoy, Président de l'Association Fin Gras du Mézenc, nous a expliqué : " L'effet sera indirect et presque immédiat. Par exemple, nous exportons des animaux broutards vers l'Italie et la demande risque de diminuer... Le blocage va pousser les éleveurs à faire plus de Fin Gras et à moins élever d'autres animaux ". L'embargo devrait donc augmenter la production de Fin Gras du Mézenc sans, toutefois, modifier les prix : " Les deux dernières années, nous avons eu des augmentations des courts nationaux de la viande mais nous avons été prudents puisque ils peuvent tout aussi bien descendre. Nous ne modifions pas les prix aussi vite que les courts changent. Concrètement même si le court de la viande diminue, le prix du Fin Gras ne devrait pas bouger ".

Incidences réduites
Celnat, entreprise de fabrication et distribution de divers produits à base de céréales issues de l'agriculture biologique, exporte également vers la Russie. On nous explique : " Nous avons un seul client qui nous achète de la farine et des flocons de céréales. A priori, nos produits ne seraient pas concernés par l'embargo. S'ils l'étaient, l'impact serait moindre puisqu'il ne s'agit que d'un seul client. Pour l'instant nous ne sommes pas très inquiets ".

Au final, peu de conséquences sont à craindre pour l'instant pour les entreprises locales. Mais la situation demande malgrè tout une certaine vigilance surtout si l'embargo venait à toucher d'autres produits.

E.J.