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Quel avenir pour l'Hôtel de Région ?

mer 04/06/2014 - 18:48 , Mise à jour le 26/11/2020 à 19:21

Alors que le somptueux bâtiment sera inauguré le 21 juin prochain à 11h, la pertinence d'un telle réalisation pose question, alors que la fusion avec Rhône-Alpes devrait en toute logique désigner Lyon comme centre névralgique de la future grande région, dont on ne connaît pas encore le nom (lire).
L'emprise du terrain est de 12 800 m² et comprend un niveau de sous-sol et quatre étages. La capacité d'accueil sera de 869 personnes publiques et 615 au titre du personnel, soit un effectif global de 1364 personnes. Les travaux ont été initiés en 2011 et leur coût est estimé à environ 85 millions d'euros.

Le coût d'une performance énergétique exceptionnelle
L'exécutif régional préfère avancer la somme de 68 millions d’euros (81 millions d’euros de chantier et d’équipement, toutes dépenses confondues, auxquels sont soustraits le remboursement de la TVA et la vente d’anciens locaux de la Région). Rappelons qu'une des justifications de l'important coût de ce bâtiment repose sur ses labels BBC (bâtiment basse consommation) et HQE (haute qualité environnementale).
Après réception du chantier, une fois la construction achevée, un opérateur agréé et indépendant (ENEXCO : bureau d’études spécialisé et accrédité dans ce domaine) a été désigné pour réaliser un test sur l’ensemble de la structure, soit 16 757 m². Objectif : vérifier si la performance recherchée est atteinte. Le résultat obtenu est 30 % plus performant que la valeur contractuelle, elle-même 40 % au-delà de la réglementation ; niveau obtenu dès le premier essai (lire).

----Contacté en début de semaine par téléphone, nous avons sondé Laurent Wauquiez, qui s'est contenté de déclarer : "c'est une question majeure que vous me posez. Pour moi, il y a une forme d'écoeurement, quand on sait que le Président du Conseil régional a gaspillé de l'argent de la sorte, en le jettant par les fenêtres pour un ouvrage somptueux. Honnêtement, ça fait mal au coeur".
-----"La folie des grandeurs" pour "l'hôtel de luxe de son Président"
Il y a un an déjà, le groupe d'oppostion UPA (UMP, UDF et apparentés) tiret à boulets rouges sur la réalisation (lire). Marie-Agnès Petit, Conseillère Régionale d'opposition (UMP), parlait de "la maison blanche de Souchon", considérant que le budget régional était en berne au détriment "de l'hôtel de luxe de son Président".
Les élus du groupe UPA fustigeaient alors : "il y a eu une folie des grandeurs dans cet investissement avec des choix de luxe, comme par exemple le bureau du Président", considérant qu'il y avait des solutions plus économiques, en utilisant moins de matériaux coûteux par exemple comme le verre ou le fer. Enfin, ils déploraient le choix du site, où il a d'abord fallu désamianter "alors qu'on avait une assise foncière à deux pas du Zénith, sur un site parfaitement bien desservi".

Clermont-Ferrand devrait devenir "une antenne régionale, avec ses propres services"
Interrogé au préalable par la rédaction de Zoomdici, le Vice-Président du Conseil régional d'Auvergne en charge du Tourisme et Premier secrétaire du Parti Socialiste de Haute-Loire André Chapaveire n'était guère inquiet quant à l'avenir du nouveau bâtiment : "il ne s'appelera peut être plus l'Hôtel de Région mais on ne va pas tout centraliser à Lyon non plus. A Clermont, il faudra bien que les services travaillent, les bureaux seront utilisés, il ne restera plus que la salle d'assemblée d'inutilisée...".
Même sur ce point, bien qu'évasif, le socialiste  se veut zen : "D'ores et déjà, le Président Souchon a eu de nombreuses demandes pour utiliser cette salle donc ça ne posera aucun problème et les services seront maintenus à Clermont-Ferrand. Les élus seront à Lyon mais les personnels resteront sur le terrain". Comme c'est déjà le cas avec l'antenne régionale de Grenoble pour la région Rhône-Alpes, Clermont-Ferrand devrait devenir "une antenne régionale, avec ses propres services", selon André Chapaveire.

René Souchon tient à "démentir cette affirmation démagogique"
Si le projet était déjà décrié pour son coût, la tension monte d'un cran alors que son utilité est remise en question. Selon René Souchon, "l’UMP fait courir le bruit que le bâtiment de l’Hôtel de Région de l’Auvergne ne servira plus à rien et sera vidé de ses 400 agents, rumeur qui ne vise qu'à alimenter des inquiétudes infondées auprès des personnels administratifs" et il tient à "démentir cette affirmation démagogique".
L'ancien ministre délégué chargé de l'Agriculture et de la Forêt (1985-1986) rappelle que le projet a été voté à l’unanimité des élus (droite et gauche) de l’Assemblée régionale auvergnate lors du vote du budget primitif de 2007 "pour mettre fin à une situation d’éclatement des services publics régionaux sur six sites distincts dans Clermont-Ferrand qui portait atteinte à l’efficacité du travail des agents et entraînait le paiement de loyers inutiles".

Les services et les 400 agents régionaux maintenus... en attendant de nouveaux agents ?
Rappelons que la future grande Région Auvergne - Rhône-Alpes, forte de près de 8 millions d’habitants et dont les compétences seront élargies, devra s’appuyer sur une gestion de proximité des actions publiques pour le plus grand bénéfice des citoyens : gestion des lycées et collèges, des transports ferroviaires, scolaires et des routes, développement économique, fonds européens, aménagement du territoire, etc...
René Souchon a ainsi tenu à rassurer citoyens et agents : "le bâtiment qui accueille aujourd’hui près de 400 agents régionaux d’Auvergne continuera de fonctionner avec ces personnels sur place, auxquels devront certainement s’ajouter, dans la nouvelle dynamique qui s’ouvre pour les pouvoirs régionaux, de nouveaux agents pour garantir la bonne marche des nouveaux services publics locaux".

Services de proximité et réunions de la commission permanente en Auvergne
Enfin, au terme d’une première rencontre entre les deux Présidents de Région mardi 3 juin, Jean-Jack Queyranne, Président de la Région Rhône-Alpes, et René Souchon ont convenu que si le siège de la future grande Région serait à Lyon, non seulement les services de proximité de la Région Auvergne seraient maintenus à Clermont-Ferrand mais, en outre, les réunions de la « commission permanente » du Conseil régional (réunion mensuelle des élus qui délibèrent sur l’attribution des aides et l’examen des dossiers de subventions) se tiendraient en Auvergne.
Le Président de la Région Auvergne regrette "l’UMP, plutôt que de préparer l’avenir, instrumentalise de manière indigne ce débat majeur qui s’ouvre pour les territoires". Pour sa part, il assure qu'il a d’ores et déjà "enclenché une dynamique de coopération renforcée avec la Région Rhône-Alpes pour faire avancer ce chantier inédit de simplification de l’action publique tout en veillant à préserver les intérêts de tous les territoires d’Auvergne et de leurs habitants".

Maxime Pitavy

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