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Européennes : la "branlée" du PS, la "revanche" du FN, le "doute" de l'UMP

, Mise à jour le 26/05/2014 à 14:17

Au final, 44,69% des Altiligériens se sont déplacés jusqu’aux urnes ce dimanche pour élire leurs députés européens. Dans l’ensemble de la circonscription Massif Central-Centre, la participation serait de 45,7% contre 43% à l’échelle nationale. Point positif : c’est seulement la deuxième fois depuis 1979 que l’abstention ne progresse pas d’un scrutin européen à l’autre, le regain de participation est une bonne surprise. Point négatif : une grande moitié des citoyens français n’a pas voté.
C’est pourtant l’ensemble des Français qui donnent leurs avis sur les résultats ce lundi matin : le Front National, emmené par Bernard Monot, termine en tête au Haute-Loire avec 25,37% des suffrages exprimés. La liste UMP de Brice Hortefeux réalise 23,95% ; la liste Union de la gauche de Jean-Paul Denanot, elle, termine loin derrière avec 11,96%. L’UDI réalise 10,15%, les Verts (EELV) 7,49% et le Front de Gauche 6,56%. Pour voir les résultats de votre commune, cliquez ici.

Pour les Verts, « l’Europe mérite mieux »
La première réaction est venue des verts et de Pierre Pommarel, porte parole d’EELV 43 : « L'Europe mérite mieux qu'un vote défouloir ! Méconnue dans son fonctionnement et dans ses compétences, perçue comme lointaine et affublée de tous les maux, l'Europe est un bouc émissaire commode. Au lieu d'agir pour qu'elle devienne plus démocratique et moins libérale, plus transparente, plus sociale et plus écologiste, il est plus facile de jeter le bébé avec l'eau du bain... Le résultat de ce scutin est attristant. Les défis économiques, sociaux et environnementaux qui sont devant nous nécessitent une volonté de construire, et non de détruire, une autre Europe, rempart et contre-pouvoir à une mondialisation sans foi ni loi. Les élus EELV, ainsi que les écologistes des autres pays européens, continueront sans relâche de s’atteler à cette tâche. »

« Il y a une message fort exprimé par les Français »
Pour Laurent Wauquiez (UMP), en matière d’Europe, « le discours politiquement correct » ne fera pas changer les choses. « Sur cette élection européenne, avec le message qui s’est exprimé, entre l’abstention et ceux qui ont voté contre ce que l’Europe est devenue, il y a clairement un doute important qui s’est installé. On ne répondra pas à ce doute en faisant semblant. Il faut entendre la voix qui s’est exprimée par les électeurs. De ce point de vue, je crois qu’il est indispensable d’affirmer des positions fortes sur l’Europe, que ce soit sur la question de Schengen et de la politique européenne de l’immigration, ou que ce soit sur l’Europe à 28 qu’il faut reconcentrer sur une Europe à six… Ce sont des thèmes que j’ai portés pendant cette campagne. Ça me semble indispensable. La deuxième chose, c’est que la politique a besoin de retrouver de la transparence. Les élus, tous partis confondus, doivent comprendre cela. »

Pour le FN, "les français ont pris leur revanche sur le référendum de 2005"
Suite au résultat obtenu par le Front National en Haute-Loire, le secrétaire départemental du parti s'est félicité d'une "victoire historique : jamais le FN n'était arrivé en tête en Haute-Loire pour un tel scrutin, nous sommes désormais le premier parti du département et de France. Nous souhaitons poursuivre sur cette lancée et devenir un parti de gestion". Pierre Cheynet considère aussi que "l'électorat traditionnel de la droite ne se retrouve plus dans les discours contradictoires et flous de l'UMP des messieurs Copé, Wauquiez ou Guaino. Cet électorat est en train d'ouvrir les yeux et se reportent massivement sur le FN. En Haute-Loire, l'UMP obtient des résultats assez médiocres, c'est un désaveu cinglant pour les rentiers de l'Union Européenne que sont les Barrot, Wauquiez et autres Prioriol. Il y a un passage de témoin entre une génération politique à bout de souffle et une nouvelle génération, qui prend en considération les aspirations de la population et qui souhaite que la France reste maître chez elle", avant de conclure : "ce vote exprime la souffrance et le désarroi de millions de personnes [...], le FN veut redonner le pouvoir au peuple et les français ont pris leur revanche sur le référendum de 2005, dont le résultat avait été foulé aux pieds par nos dirigeants".

Gérard Roche déplore "une victoire des non-européens"
Pour le sénateur et Président du CG Gérard Roche, "la première inquiétude vient de l'absentéisme sur un sujet aussi important de citoyenneté". Il déplore "une victoire des non-européens face aux pro-européens morcelés en plusieurs partis" mais aussi que "les grands partis n'ont pas joué leur rôle comme leaders d'opinion sur cette élection". Constatatant que "le gouvernement enchaîne les débâcles électorales", il pose "la question de sa légitimité devant l'opinion publique pour la fin du mandat". Il propose donc "un gouvernement d'union nationale pour sortir de la crise, un front républicain" face au danger de la montée frontiste. En tant que parlementaire UDI, il observe : "On avait une bonne candidate, qui a fait une bonne campagne mais on n'a pas de siège. Au niveau national, sans la perte de notre tête Jean-Louis Borloo à quelques semaines du scrutin, je pense qu'on aurait pu faire aussi bien que le PS". Enfin, il souligne "une droite traditionnelle en difficulté, qui veut une union avec le centre mais qui glisse très dangereusement à droite depuis la dernière campagne de Nicolas Sarkozy".

« Une claque, une branlée électorale », pour Laurent Johanny
Réveil difficile ce lundi matin pour Laurent Johanny, à la tête de la section socialiste du Puy : « J'ai du mal à ne pas faire le parallèle avec 2002 et le duel Chirac / Le Pen. C'est une situation cataclysmique, gravissime d'un point de vue émotionnel. En tant que militant politique, ce résultat interpelle et les élus nationaux et locaux doivent en tirer les conséquences, au premier chef le président de la République et Manuel Valls. Le signal envoyé est national, c'est une vive critique de la politique menée par le gouvernement et de ses choix qui soulèvent des questions. C'est une branlée électorale, symbole d'une politique menée qui n'est pas à la hauteur des attentes des français. L'Europe c'est extrêmement flou, on entend parler de l’Europe quand il s'agit de légiférer sur des âneries, des normes à la mords-moi-le-nœud, mais on n'entend pas parler de l'Europe sur les sujets sérieux. Il faut plus de clarté sur ses compétences, c'est un message encourageant sur ce point de vue là ».

Pour le Front de Gauche, ce vote est celui "de la résignation et de la colère"
Yves Prat, porte-parole du Front de Gauche en Haute-Loire, n'a pas caché sa "grande déception", considérant qu'un "quart des électeurs qui se sont exprimés ont des idées plutôt sectaires et dangereuses pour notre société, alors que près de 60 % des français semblent rester indifférents à ce scrutin et on se demande dans quelle société souhaitent-ils vivre ?". Yves Prat remarque également que "les militants du FN n'étaient guère présents sur le terrain mais ils ont bénéficié d'une audience importante des médias nationaux". Pour lui, ce vote est celui "de la résignation et de la colère, le projet de société du FN basé sur le rejet de l'autre et le repli sur soi, une haine perpétuellement entretenue en opposant les différentes catégories sociales entre elles". Enfin, concernant les résultats du Front de Gauche, il estime qu'ils "ne sont pas catastrophiques, on a tenu à peu près notre rang même si on espère toujours faire mieux. Il faut bâtir dessus et rebondir".

"L’occasion d’un nouvel élan", pour Pierre Astor
Pierre Astor, le Maire de Retournac et conseiller général a également tenu à réagir via un communiqué de presse : "les eurosceptiques et les défenseurs de la souveraineté nationale progressent face aux « eurobéats » ou « europassifs-attentistes » Voilà ce qui arrive lorsqu’au lieu d’entendre, comprendre les inquiétudes de ceux qui ont le courage de les exprimer, les élites politiques se coupent de la base, des réalités, de “ce que demande le peuple” et créent des « rideaux de fumée » sur les rythmes scolaires ou les régions et départements au lieu de répondre aux problèmes concrets de la vie quotidienne.[...] Il y a déjà eu des crises européennes. Celles-ci ont émaillé la construction de l’Union. Un résultat électoral peut permettre un électrochoc certain, mais, paradoxalement peut fournir à la construction européenne, l’occasion d’un nouvel élan".

A.L., A.P. et M.P.