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La CGT dénonce un "détricotage de l'édifice sécurité sociale"

, Mise à jour le 26/11/2020 à 19:21

Ce débrayage était décliné partout en France ce mardi et faisait suite au mouvement national du 18 mars dernier (lire l'article sur la manif' au Puy), où près de 15 000 employés de la protection sociale avaient manifesté devant Matignon, avec un taux de grévistes supérieur à 30 %.
Mais le cri de la rue n'arrive pas toujours à se faire entendre du gouvernement, "quand le Medef bénéficie d'une oreille attentive", ironise le syndicat CGT de Haute-Loire, qui rappelle que le pacet de responsabilité prévoit "une baisse de 50 milliards des dépenses publiques, soit des milliers d'emplois voués à disparaître".

----Les organismes sociaux qui étaient en débrayage ce mardi matin au Puy :
CPAM (Caisse Primaire d'Assurance Maladie), CAF (Caisse d'Allocation Familiale), URSSAF (Union de Recouvrement des cotisations de la Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales), et le centre Pajemploi (un service des Urssaf).-----Baisse d'effectifs... "et la dégringolade continue"
Pour ne pas léser les usagers et trop perturber l'activité, les grévistes ont décidé de ne faire qu'une heure de débrayage ce mardi, de 11h à midi. Mais ils devaient exprimer leur colère face aux différentes annonces, notamment liées au pacte de responsabilité, comme le résume Sylvain Chabot, secrétaire CGT des organismes sociaux en Haute-Loire.
"Au Puy, ça se traduit par des budgets en baisse, des non-remplacements des départs en retraite", égrène-t-il, "prenez par exemple la CPAM, où nous étions plus de 200 salariés il y a quelques années et où nous ne sommes plus que 185 aujourd'hui, et la dégringolade continue".

Plus de charges, moins de moyens : la traditionnelle équation
Des baisses d'effectifs pourraient bien évidemment se justifier si la charge de travail diminuait... mais ce n'est pas le cas : "le travail évolue, les charges augmentent, on a de nouvelles tâches, c'est plutôt intéressant mais sans moyens, ce n'est pas possible", tranche le cégétiste avant de déplorer : "on nous dit toujours qu'il n'y a pas d'argent pour la sécurité sociale mais c'est faux, ce sont des choix et cette politique en faveur du Medef ne peut plus durer".
Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir en 2012, on pouvait penser que les organismes sociaux allaient bénéficier de davantage de financements mais finalement, la trajectoire initiée par le gouvernement précédent semble poursuivie. "Elle est même encore plus marquée", selon Sylvain Chabot, "les dossiers vont beaucoup plus vite, on va d'une annonce à l'autre, que ce soit pour la disparition des cotisations familiales employeurs ou de la baisse des cotisations salariales, sans qu'on sache à chaque fois au profit de quoi".

Les usagers premières victimes
Reste enfin la question des salaires, qui n'augmentent pas : "depuis des années, la valeur du point n'a pas été augmentée et c'est l'une de nos revendications, au même titre que l'embauche en CDI conventionnels de tous les emplois précaires". Il estime en effet que les intérimaires et CDD sont légion dans ces organismes. Difficile de les évaluer pour autant, même si l'ordre d'idée serait d'environ 10 % des effectifs.
Tous ces paramètres affectent-ils les usagers au Puy ? Les dossiers prennent-ils du retard ? "C'est encore plus dramatique dans les grandes villes mais même au Puy, ça commence à se ressentir. Par exemple à la CAF, les accueils sont régulièrement fermés pour se consacrer à la production, c'est à dire pour rattrapper le retard, qui ne cesse de s'accentuer. Les usagers sont déjà les premières victimes de toutes ces mesures, avec des baisses de remboursement notamment, et ils le seront encore plus à l'avenir".

----La partie consacrée à la gestion du système représente moins de 4 % des sommes collectées. "Le salaire socialisé sert à couvrir l'ensemble des risques sociaux, maladie, vieillesse, décès, invalidité, accident de travail et à financer les allocations familiales", rappelle la CGT.-----La réduction de la cotisation sociale est "une supercherie"
Quelle politique familiale sera entreprise dans les années à venir ? C'est la préoccupation des syndicats et le secrétaire CGT des organismes sociaux en Haute-Loire développe : "basculer d'une cotisation à un impôt, ça signifie que c'est l'Etat qui décide l'argent qu'il veut mettre, ou non, pour la politique familiale. On sera donc dépendant de la conjoncture : s'il y a une guerre quelque part, si on doit acheter un porte-avions, ça se fera au détriment de la politique familiale".
Pour lui, les usagers risquent donc de voir la qualité des prestations ne cesser de diminuer. Si la réduction de la cotisation sociale devrait permettre aux salariés de voir leur salaire net augmenter de 60 ou 70 euros, pour la CGT c'est "une supercherie" car "moins d'argent dans les caisses provoquera une nouvelle baisse des prises en charge et le salarié devra prendre une ou des assurances complémentaires pour se soigner. Les 60 euros gagnés ne suffiront pas".

Maxime Pitavy