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La flamme s'est-elle propagée en Haute-Loire ?

mar 01/04/2014 - 19:22 , Mise à jour le 01/04/2014 à 19:22

Partout en France on parle de la percée du Front National lors de ces élections municipales. En Haute-Loire, le phénomène semble moindre, avec seulement cinq sièges obtenus sur les 1193 proposés dans les communes de plus de 1 000 habitants, soit 0,42 %.
Une donnée à relativiser toutefois puisque seulement trois listes (Saint-Maurice-de-Lignon et Pradelles ; à Aurec il s'agissait d'une liste de rassembleement sutenue par le FN) ont été présentées dans le département. Mais là où elles étaient présentes, la moyenne des résultats obtenus est tout de même de 17 % environ...

Pas facile de s'afficher FN dans de petites communes
Contacté par téléphone, Pierre Cheynet, le secrétaire départemental du FN se félicite des résultats du parti frontiste : "obtenir cinq sièges, c'est un record et le simple fait de présenter trois listes était déjà historique". Avant ce scrutin, le FN ne disposait d'aucun siège en Haute-Loire. Le record remontait à 1995 où trois sièges avaient été obtenus. Quant aux listes, jamais il n'en avait été présenté plus de deux. Le parti en avait annoncé cinq à sept cet automne (lire) mais il s'agissait probablement d'une intox...
"On partait de très loin", témoigne-t-il, "notamment à Saint-Maurice-de-Lignon, car il n'est jamais facile de mobiliser une vingtaine de candidats dans des communes de moins de 3 000 habitants, compte-tenu de la diabolisation et de la caricature auxquelles nous sommes directement confrontés. Et puis dans ces petites communes, tout le monde se connaît et c'est plus compliqué de s'afficher sous une étiquette politique". Et probablement encore plus difficile sous la bannière bleu marine.

----Si certains ont pu insinuer qu'un accord tacite avait été passé entre le Front National et Laurent Wauquiez pour faciliter la victoire de ce dernier, Pierre Cheynet dément formellement et ajoute : "on a toujours été critique par rapport à son action, comme maire et comme député, et on ne soutient pas du tout sa politique".-----Avec une liste FN au Puy, "Laurent Wauquiez n'aurait pas fait ce score triomphal"
Finalement, de cinq à sept listes annoncées cet automne, le FN n'en a présenté que trois ce printemps. Elle devait pourtant en présenter une au Puy-en-Velay mais il semblerait qu'il ait été difficile de trouver des candidats prêts à s'afficher FN... "C'est bien dommage mais ça n'a pas pu se concrétiser", répond-il, "notre présence au Puy aurait donné une toute autre physionomie à la campagne ponote et il est certain que Laurent Wauquiez n'aurait pas fait ce score triomphal, on regrette de ne pas être allé jusqu'au bout".
Mais qu'est-ce qui vous en a empêché alors ? "On a privilégié la qualité à la quantité, en proposant des listes cohérentes et efficaces". Il réfute avoir manqué de candidats et admet seulement ne pas les avoir "trouvés dans les temps". Le Puy est une commune où le FN fait de moins bons résultats qu'en Haute-Loire, "mais on est en train de rattrapper notre retard, comme on l'a prouvé lors de la présidentielle (ndlr : en 2012, 1175 voix pour Marine Le Pen, soit 9.61 %), et on va continuer en y montant de nouvelles équipes car il y a une forte marge de progression au Puy".

Personne à Monistrol non plus
Pas de liste FN dans la principale ville du département, ni dans la deuxième, Monistrol, qui avait pourtant réuni 23,07 % des suffrages pour Marine Le Pen en 2012 et qui semble concernée par la problématique de l'insécurité, un cheval de bataille du FN. Là encore, il a été difficile de trouver des candidats prêts à s'afficher FN ? µ
"Nous n'avions pas d'équipe prête à partir, il faut des gens connus, représentatifs et implantés sur le territoire en question, ce n'était pas le cas à Monistrol", se défend-il, "on a manqué d'organisation et de responsables implantés depuis suffisament longtemps pour se présenter au Puy ou à Monistrol mais on est en train de mailler le territoire et progressivement s'implanter partout en Haute-Loire".

Dédiabolisation du FN : encore beaucoup de chemin à parcourir ?
Depuis que Marine Le Pen est arrivée à la tête du parti, une des priorités semble d'adoucir l'image du FN et une grande campagne de dédiabolisation est menée. Le chemin semble encore long à parcourir lorsqu'on voit les difficultés à s'afficher sous la bannière bleu marine, ce qui n'est pas le cas par exemple pour le Front de Gauche...
"Il n'est pas jugé crédible et dangereux par ses adversaires politiques", tacle Pierre Cheynet, "au contraire du FN qui s'affiche de plus en plus comme une force d'opposition et dont bon nombre d'idéologies sont reprises par l'ensemble de la classe politique, aussi bien à gauche qu'à droite. Ce ne sont pas du tout nos idées qui nous vallent d'être mis au banc de la société, c'est simplement que le FN est aujourd'hui en capacité de prendre la place de ceux qui sont aux commandes. Par peur, ils agissent avec une certaine virulence et cherchent à nous décrédibiliser".

Des résultats "plus qu'encourageants pour les élections départementales de mars 2015"
Pour conclure, même avec cinq sièges, le secrétaire départemental du FN considère qu'il s'agit d'une "victoire politique" et ajoute : "c'est un excellent résultat pour le FN, à Aurec (ndlr : où il était candidat), on fait mieux que Marine Le Pen en 2012, alors que les élections municipales nous réussissent un peu moins que les scrutins nationaux d'habitude. Je crois qu'on a fait la preuve que l'ancrage était en train de se constituer et que le Front National s'implante progressivement en Haute-Loire. Pour nous, ces résultats sont plus qu'encourageants pour les élections départementales de mars 2015".

Maxime Pitavy

  • Lors de l'élection présidentielle de 2012, le FN arrivait en tête dans 52 communes de Haute-Loire, soit près d'un cinquième du département. Elle obtenait en prime plus de 30 % des voix dans 13 communes du département. Zoomdici avait alors réalisé un dossier pour tenter d'expliquer ce phénomène que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

  • Les propositions du Front National qui dérangent
    On retrouvait dans le programme du FN lors de la Présidenteille certaines propositions qui peuvent susciter la polémique. En voici un condensé :
    - la destruction des cités pour les remplacer par "un habitat de taille et d'esthétique traditionnelles",
    - le rétablissement de la peine de mort
    - la suppression du regroupement familial
    - la réduction en cinq ans de l'immigration légale de 200 000 entrées par an sur le territoire français à 10 000 entrées par an
    - la fermeture des frontières
    - la fin de l'euro
    - la suppression de l'aide médicale d'Etat avec l'arrêt des soins aux sans-papiers
    - l'opposition au mariage homosexuel et à l'adoption pour des couples homosexuels.

    On peut tout de même douter que 20 % de la population altiligérienne était en accord avec l'intégralité de ces propositions. Un élément qui corrobore la justification d'une poussée frontiste avant tout liée à un vote sanction et de colère.