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Brioude

Scanner à Brioude : mission impossible pour le député Jean-Pierre Vigier ?

, Mise à jour le 12/03/2014 à 19:43

Depuis un moment déjà, l'implantation d'un scanner à Brioude est fortement souhaitée par divers acteurs du territoire. Le comité de vigilance de l'hôpital en premier lieu, qui a d'ailleurs lancé une pétition en octobre dernier (lire). D'une demi-douzaine de signature au lancement, la pétition a recueilli plus de 70 soutiens ce jeudi 13 mars.
Les pouvoirs publics soutiennent également le projet, notamment Jean-Pierre Vigier, qui s'était déjà rendu au Ministère de la santé au printemps dernier, avant d'adresser un courrier à la Ministre des affaires sociales et de la santé le 24 septembre dernier (lire), et finalement intervenir fin janvier à l’Assemblée Nationale lors des Questions orales sans débat (lire).

Plus aucune autorisation disponible en Auvergne
Déjà à l'époque, la Ministre déléguée Dominique Bertinotti avait considéré que l’implantation d’un scanner à Brioude ne pouvait être envisagée étant donné le nombre d’appareils dans la région : "le Schéma Régional d’Organisation des Soins (ndlr : SROS) du 28 mars 2012 a prévu 20 implantations et 21 scanners, qui ont été autorisés. Il est donc impossible d’autoriser un scanner supplémentaire".
Même son de cloche du côté d'Hubert Wakowiak, directeur de l'offre hospitalière en Auvergne pour l'Agence Régionale de Santé, contacté par notre confrère Stéphane Longin de RCF : "le schéma d'organisation sanitaire prévoyait l'installation d'un certain nombre de scanners en Auvergne. Puisque le nombre d'autorisations disponibles a été accordé, à ce jour, il n'est pas possible d'installer un scanner supplémentaire à Brioude".

Soit un avenant, soit au prochain Schéma Régional d’Organisation des Soins
Le jeune parlementaire s'est donc lancé dans un combat qui ne semble pas évident. Carrément mission impossible ? "C'est mal engagé pour l'instant mais la position peut changer et je vais continuer mes démarches", confie-t-il à notre rédaction, "certes, le scanner de Brioude n'est pas inscrit au SROS mais ce dernier peut évoluer ou alors le scanner de Brioude peut être intégré dans le prochain SROS". Problème : celui-ci ne sera renouvelé qu'en 2016. Donc pas de scanner à Brioude avant 2016 ?
"Je ne peux rien garantir à ce sujet mais mon souhait, c'est de proposer un avenant au SROS actuel, ce sont les démarches que j'entreprends depuis un an et demi et que je vais continuer à faire, je ne rendrai pas les armes", répond-il, sans se positionner sur l'échéance et tout en reconnaissant que ça ne pourra pas se faire dans l'immédiat.

Un seul scanner en Haute-Loire
Les partisans du scanner à Brioude mettent en avant les efforts réalisés par l'hôpital pour renforcer ses équipes médicales (chirurgiens, anesthésistes, radiologues) et considèrent le scanner comme une installation indispensable au traitement d’urgences de toutes sortes, avec environ 10 000 passages par an au service des urgences de l'hôpital de Brioude, alors que le département n'en dispose que d'un seul (au Puy).
Sa présence est donc jugée d'autant plus indispensable dans un territoire comme la Haute-Loire, confronté au vieillissement de la population et à la désertification médicale. Enfin, son absence contrevient au plan national de lutte contre les accidents vasculaires cérébraux qui impose de mettre en place de telles installations au plus près des malades (le délais maximum est de 30 minutes).

Un bassin de population insuffisant pour "rentabiliser" le scanner
L’implantation du scanner à Brioude est du ressort de l'Agence Régionale de Santé (ARS). Le directeur de l'offre hospitalière en Auvergne pour l'ARS revient sur les critères pour attribuer, ou non, un scanner à un hôpital : "il y a déjà toute une démarche de complémentarité entre établissements, publics ou privés, avec le cas échéant une redistribution de l'activité entre eux. Un accord de coopération a d'ailleurs été signé le 20 décembre dernier entre l'hôpital d'Issoire et celui de Brioude. Cet accord a relevé la nécessité d'optimiser l'accès des patients du bassin Brivadois au scanner d'Issoire".
Alors pourquoi Issoire plutôt que Brioude ? "Pour qu'un scanner soit autorisé dans un hôpital, il faut déjà un bassin de population suffisament important pour "rentabiliser" le scanner avec un important nombre d'actes effectués", répond-il, "mais il faut aussi des radiologues pour le faire fonctionner et on sait qu'en zone rurale, il y a parfois des difficultés à recruter certaines spécialités médicales. On recherche une certaine efficience de ce point de vue et les complémentarités entre établissements. C'est essentiel pour pérenniser l'offre de soins".

Un risque de saturer les services de radiologie des hôpitaux périphériques ?
Un argument recevable pour Jean-Pierre Vigier ? "Il faut une vision régionale de la question : les Brivadois vont à Issoire, à Clermont ou au Puy mais n'y a-t-il pas un risque de saturer leurs services de radiologie, au risque de favoriser le privé ? Il faudrait déjà qu'on évalue clairement l'évasion, qu'on ait une étude sur le taux de fuite des Brivadois pour qu'on la quantifie et qu'on l'analyse. Certains vont probablement dans la Loire ou à Lyon aussi, et ne restent donc pas dans la région".
Pour autant, un scanner à Brioude pourrait-il être "rentabilisé" ? "Je le pense", répond aussitôt le député, "au moins ça s'équilibre et de toute façon, on a besoin d'un scanner à Brioude, c'est un outil de base aujourd'hui et je continuerai mon combat". L'élu devrait ainsi attendre la fin des municipales pour convenir d'un nouveau rendez-vous au Ministère, alors que l'ARS demeure un interlocuteur régulier, même si ce combat semble être une "mission impossible".

Maxime Pitavy