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En Haute-Loire, Lucie aimerait que la moto se conjugue aussi au féminin

, Mise à jour le 26/11/2020 à 18:34

Lucie Chabanne a 16 ans. Ponote, elle est actuellement au lycée Anne-Marie Martel en classe de seconde Bac pro Vente. Mais ce qui la branche dans la vie, c’est la moto : « Les sports extrêmes, c’est une passion de famille. Moi, c’est venu un jour, comme ça, quand mon oncle qui faisait de l’enduro m’a proposé d’essayer », nous explique-t-elle. Elle avait 5 ans. « J’ai commencé sur un petit modèle quand j’avais 9-10 ans, jusqu’à ce que mes parents m’offrent la moto que j’ai aujourd’hui. »

Cette moto lui permet de participer à toutes les compétitions auxquelles elle peut s’inscrire depuis maintenant deux ans. Son projet ? Participer au championnat de France féminin.

« Je m’en fiche de finir dernière »
Il n’y a pas vraiment de sélection en amont des championnats de France : « Nous ne sommes pas beaucoup, donc on peut toute tenter notre chance. » Mais tout ceci n’est pas facile et, surtout, ça a un coût ; la licence en elle-même est très cher : 306 euros. Cette licence, c’est une sorte de permis qui leur permet d’attester de la capacité du pilote à participer à une course, notamment en reconnaissant la signification des drapeaux de couleur le long des pistes, etc. « Il faut aussi acheter la moto, toute la mécanique qui va avec… Et il faut être dans un club. » Luce n’envisage pas de participer à toutes les épreuves des championnats de France, seulement celles qui sont géographiquement abordables. Financièrement, elle est consciente que c’est déjà lourd et s’est mise à la recherche de sponsors. Mais ce projet, elle y tient : ça serait la première fois qu’elle se mesurerait exclusivement à des filles. « Je m’en fiche de finir dernière, je veux juste rouler avec des filles. »

Un monde assez misogyne
Sur le Puy et ses alentours, elles ne sont que deux « à pratiquer vraiment », à s’entraîner deux à trois fois par semaine. Sur le département, un peu moins de dix. L’année dernière, Lucie et ses amies ont organisé une « journée fille », à Eycenac, et toutes les pilotes des environs ont répondu présentes. Une initiative pensée pour s’éloigner un petit peu de ce monde trop masculin dans lequel elles évoluent : elles ne sont pas assez nombreuses pour avoir des entraînements et compétitions uniquement entre féminines. Une mixité qui a ses limites. « C’est très difficile pour une fille. Les mecs ne sont pas toujours d’accord avec l’idée que les filles fassent de la moto. Quelques uns nous disent clairement que c’est un sport réservé aux garçons. » Sur un terrain, ils ne lui font pas de cadeau non plus : là où certains font attention à elles sur les courses, d’autres « s’en foutent royalement » et n’hésitent pas à forcer les sorties de piste. « C’est dur. »

Ces railleries ne lui donnent pas envie d’arrêter, au contraire. « J’ai envie de continuer pour prouver qu’un fille peut être meilleure qu’un garçon. Ça ne sera pas facile, c’est très physique et très dur de faire du cross, mais faut pas décourager. »

A.L.