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Pradelles

Pradelles : toujours pas de candidat, mais une campagne électorale injurieuse

, Mise à jour le 26/02/2014 à 18:14

A Pradelles, aucun candidat ne s’est officiellement proposé pour remplacer Marc Liabeuf, le maire sortant, qui a décidé de tirer sa révérence après trois mandats consécutifs. Pourtant, le climat des élections municipales du 23 mars prochain s’est bien installé dans la petite commune du Sud du département. Les débats font rage, ou les injures, c’est selon.

Ce mardi 25 février, un « candidat » était entendu au tribunal correctionnel du Puy-en-Velay pour des faits d’injure publique adressée à l’actuel bourgmestre du village. Drôle de campagne.

"Renégats, magouilleurs, escrocs"
C’est le 16 décembre 2013 que cet homme de 57 ans publie, via une page Facebook intitulée « Sauvons Pradelles », des propos à l’égard de Marc Liabeuf, actuel maire de la commune. L’homme dénonce « une république bananière » avec à sa tête des « tontons macoutes », des « renégats », des « magouilleurs » et des « escrocs » qu’il faut « mettre dehors ». La page a depuis été supprimée. Dans un autre article intitulé « Pamphlet aux élus de Pradelles », l’homme poursuit ses attaques en accusant le maire « d’enrichissement personnel » : « Il y a le premier, l’aîné, le calife, corrompu jusqu’à la moelle. »

« Ce ne sont pas des injures »
Au tribunal de grande instance du Puy-en-Velay ce mardi, la salle est presque pleine. D’un côté de celle-ci, les bancs sont occupés par Marc Liabeuf et les personnes et élus qui le soutiennent. De l’autre, une poignée de Pradelains accompagnent l’homme qui est entendu à la barre. Ce dernier, venu avec un épais dossier pour appuyer ce qu’il affirme être des vérités, n’a pas l’intention de se laisser faire lorsque le président de l’audience, André-Frédéric Delay, lui explique la raison de sa convocation aujourd’hui. « Le problème, Monsieur, ce n’est pas le litige que vous entretenez avec la municipalité. Considérez-vous que vous êtes en droit d’utiliser des injures ? » - « Ce ne sont pas des injures. Sinon on n’a qu’à interdire Stéphane Guillon, Eric Zemmour et tous les journalistes. » L’homme estime avoir « frappé fort » mais ne reconnait pas la violence de son phrasé.

« Trop, c’est trop »
Il accuse le maire de Pradelles de faire preuve de favoritisme, de faire profiter « des membres de sa famille alors qu’il y a des chômeurs à Pradelles ». Le quinquagénaire, sui se dit candidat, considère être dans la défense, et non dans l’insulte. Le substitut du Procureur, Angélique Depetris, est sidérée : « Il ne devrait pas y avoir plus sage qu’un débat démocratique. Ces termes n’ont pas leur place dans une campagne électorale. » L’un des deux avocats de la partie civile, Me Schott, intervient et s’adresse au prévenu : « Est-ce que vous pensez que les insultes ont leur place dans un débat démocratique ? » Il rappelle la définition de l’injure et l’oppose à celle de la diffamation : « On ne peut jamais faire la preuve du fait injurieux, parce que l’injure est faite avec la seule intention de nuire. » L’homme, qui cherche à prouver que ce qu’il avance n’est pas faux, ne semble pas réaliser qu’il ne peut pas juridiquement justifier l’emploi d’insultes. « Il n’a pas conscience des dégâts qu’il peut commettre. Trop, c’est trop », conclut l’avocat.

Le second avocat de la partie civile, Me Chambon, demande un euro symbolique de réparation et 2000 euros pour couvrir les frais d’avocat. Le ministère publique, de son côté, « ne comprend pas comment on peut en arriver si bas pour une mairie de village » et requiert 1000 euros d’amende. « J’ai attaqué une campagne électorale, j’ai suivi mes idées », conclut le prévenu qui sera fixer sur son sort le 11 mars.

A.L.