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Le collège Cévenol, théâtre du meurtre d'Agnès, placé en liquidation judiciaire

, Mise à jour le 26/11/2020 à 17:49

> Mise à jour : Le Cévenol, collège-lycée du Chambon-sur-Lignon a été placé ce jeudi en liquidation judiciaire par le tribunal de grande instance du Puy. Le projet de "l'Institut Chambon International" a été recalé. L'activité est toutefois maintenue jusqu'au 11 juillet. C'est une bonne nouvelle pour les élèves qui pourront passer leurs épreuves du baccalauréat.

Le 11 juin dernier, nous vous expliquions que depuis 1990, les effectifs du collège-lycée Cévenol du Chambon-sur-Lignon avaient été divisés par trois. Pire, la rentrée qui a suivi le meurtre d’Agnès avait enregistré une nouvelle chute d’environ 30 %. Aujourd’hui, l’établissement privé accuse un déficit de 375 000 euros et n’arrive plus à attirer suffisamment d’élèves pour rester ouvert.

Ce dimanche 9 février, comme le cite notamment Le Parisien, le président de l’AUCC (Association unifiée du collège Cévenol), André Gast, a annoncé dans un communiqué « qu’au regard de la situation du Collège Cévenol à ce jour, il n’était pas possible d’envisager la poursuite de son activité dans sa forme actuelle, au-delà du terme de l’année scolaire en cours ».

87 élèves en 2013-2014
Déjà proche de la cessation de paiement en 2010, il espérait remonter la pente après être parvenu à limiter l’importante baisse des effectifs qu'il avait connue. Le Cévenol comptait 180 élèves à la rentrée 2010 et tablait sur l'accueil de 300 à 400 élèves d'ici 2015. Mais en novembre 2011, Agnès Marin, une collégienne de 13 ans, a été assassinée par un autre élève de l’établissement et toutes ces belles perspectives ont fondu comme neige au soleil. Pour l'année 2013-2014, le collège-lycée Cévenol comptait... 87 inscrits, alors que le seuil minimal de viabilité était estimé à 90. L’établissement accueillait 450 élèves en 1990 et 350 en 1995.

"Ils nous aident par la parole mais pas financièrement"
Pour s’en sortir, l’établissement s’appuyait sur son histoire et avait, en juin, appelé à la générosité d’éventuels mécènes et de trois communautés en particulier : la communauté des anciens élèves, la communauté protestante et la communauté juive. En outre, le Cévenol attendait le versement des subventions obligatoires de la Région Auvergne pour l’année scolaire et celles de l’Académie, sans oublier de demander le soutien des collectivités locales. « Souvent, ils nous aident par la parole mais pas financièrement », avait alors dénoncé André Gast. Aujourd’hui esseulé, le Cévenol n’a d’autre choix que de mettre la clef sous la porte.

"Ce sont des gens qui n'ont pas fait leur travail"
« Le procès en juin 2013 a rendu inaudible toute communication sur ce qu’était vraiment le collège Cévenol, sur la qualité de ses équipes et sur celles de son projet d’établissement », a regretté l’association dans son communiqué. Ce lundi 10 février, Frédéric Marin, le père d’Agnès, était l’invité d’Europe 1. Il s’est, bien entendu, montré révolté par les mots de l’AUCC : « Le collège Cévenol a une part de responsabilité dans la mort de ma fille. Ils ont laissé entrer son meurtrier. […] Ce n’est pas pour des raisons économiques qu’il devrait fermer, mais pour toutes les casseroles qu’il a accumulées. Tout ce qui a amené Agnès à être tuée, ce n’est pas la faute à pas de chance, ce sont des gens qui n’ont pas fait leur travail. » La famille Marin a d'ailleurs assigné l’Etat en justice le 6 février dernier

Jadis, un campus de paix et de tolérance
Le collège Cévenol avait été fondé en 1938 par deux pasteurs désireux de proposer aux jeunes du plateau du Haut-Lignon/Vivarais de poursuivre sur place leurs études secondaires. La Seconde Guerre mondiale et ses atrocités voient l'arrivée de nombreux enfants juifs sur le plateau qui seront scolarisés à "L'Ecole nouvelle Cévenole", dont les effectifs passeront de 40 élèves en 1939 à 350 en 1943. Au lendemain de la guerre, l'établissement prend une dimension internationale sur un campus de seize hectares, sans murs ni grilles, et où les idéaux de paix et de tolérance deviennent monnaie courante. Elèves et professeurs de tous horizons géographiques, ethniques et religieux s'y côtoyaient depuis.

Nos tentatives pour joindre Philippe Bauwens, directeur de l’établissement au moment du meurtre d’Agnès, pour le faire réagir sur cette décision ont malheureusement été infructueuses.

A.L.