"C'est une grande nouvelle pour tout le territoire", s'est d'emblée félicité le maire du Puy Laurent Wauquiez au moment d'annoncer la nouvelle à la presse ce lundi matin. S'il n'est pas encore en campagne (il ne s'est toujours pas déclaré), nul doute que l'implantation de la maroquinerie du Puy à Chaspuzac sera un atout de poids lors des prochaines municipales (en mars), tant son action dans ce dossier et le nombre d'emplois à la clef sont en sa faveur.
Les discussions ont en effet été engagées il y a plus de cinq ans et même Loïc Thomas, le Président de la maroquinerie du Puy, le confesse à demi-mot : "au début, on n'y croyait pas trop". Pourtant, dès 2011, la manufacture avait choisi, à titre expérimental, de s'implanter à Taulhac puis avait étendu son activité sur de nouvelles installations à Vals-près-le-Puy. En moins de trois ans, 96 emplois ont ainsi été créés et à moyen terme, ils devraient être doublés. Le dépôt du permis de construire pour cette implantation à Chaspuzac devrait être réalisé fin mars pour que les travaux de terrassement puissent débuter cet été avec en ligne de mire un début d'activité fin 2015.
----Un métier ouvert à tous
Aucun profil particulier n'est recherché, "il faut juste être minutieux et désireux de découvrir un nouveau métier. On est ouverts à tout âge et tout profil car on considère la diversité comme une source de richesse", explique Catherine Jurdie. Pour l'instant, les 96 salariés de la maroquinerie du Puy ont entre 20 et 57 ans, avec une moyenne d'âge d'environ 35 ans. 90 % de ces salariés sont issus d'une autre secteur que celui de la maroquinerie.-----Une première vague de recrutement dès le mois de février
"Quand Laurent Wauquiez m'a contacté en 2011, je me suis dit : ce n'est pas gagné", se remémore dans un sourire Loïc Thomas, "mais on a vite trouvé des clients et on s'est lancés. Après avoir créé près de 100 emplois en moins de trois ans, on a décidé de passer à la vitesse supérieure avec une implantation sur le très long terme". Située sur la zone de Chaspuzac, en face de l'aérodrome, la maroquinerie sera conçue pour accueillir à terme 200 artisans maroquiniers (nom donné à ses salariés sélectionnés avec rigueur et formés dans la plus pure tradition de la maroquinerie française aux compétences d’excellence reconnues). Mais à quelle échéance ?
"On ne sait pas encore à quelle vitesse on va recuter", répond Loïc Thomas, "il faut tenir compte de la conjoncture économique, du temps de recrutement et de formation. Ce qui est sûr, c'est qu'on passe un cap et qu'on est sereins pour les années à venir". Déjà seize personnes ont été recrutées en ce mois de janvier. C'est essentiellement Pôle Emploi qui sera chargé du recrutement, dont une première vague concernera une vingtaine de postes dès le mois de février. Aucune qualification particulière n'est nécessaire. Catherine Jurdie, conseillère à l'emploi au Puy-en-Velay, revient sur le processus de recutement mis en place, ainsi que le type de contrat, la rémunération et les principes de sélection . Ecouter. {{audio1}}
"Rééquilibrer l'activité sur le territoire de l'agglo"
Pour Michel Joubert, Président de la communauté d'agglomération du Puy-en-Velay et maire de Chaspuzac, cette implantation est "un gage de sérieux" et elle va surtout permettre "de rééquilibrer l'activité sur le territoire pour assurer la centralité du Puy qui se doit de rayonner, à l'Est comme à l'Ouest", au même titre que la zone des Fangeas. Le maire du Puy va dans le même sens : "c'est une chance exceptionnelle pour tout notre territoire, avec un projet sur le long terme qui doit servir de locomotive". Rappelons que l'assiette foncière représente un peu plus de 50 000 m².
La voie d'accès partira de l'usine Sabarot et les travaux devraient débuter dans les semaines à venir. Le coût de cet investissment n'a pas été communiqué : "il est significatif", a seulement concédé Loïc Thomas, sachant que le projet à Taulhac, d'une toute autre envergure, avait coûté environ 800 000 €. Michel Joubert souligne qu'il s'agit d'un investissement considérable auquel l'agglo participera, sans le chiffer en attendant les appels d'offres. Il revient sur les autres projets de la zone de Chaspuzac et conclut sur le rééquilibrage de l'activité. Ecouter. {{audio2}}
Politique d'acquisition foncière de l'agglo
Cette installation est donc rendue possible grâce à la politique d'acquisition foncière et de création de zones d'activité de la communauté d'agglomération du Puy-en-Velay. En adoptant le schéma directeur des zones d'activités économiques prioritaires en septembre 2008, la collectivité a marqué le début d'un vaste programme d'acquisition foncière : d'abord 20 hectares sur la zone de l'Aérodrome puis 24 hectares en cours d'acquisition sur celle des Fangeas pour laquelle le permis d'aménager est en cours d'instruction.
"Dommage que ce ne soit pas le cas à Saint-Germain-Laprade", a taclé Laurent Wauquiez, en référence au projet Hyper U, puisque le foncier est gelé par le porteur du projet depuis six ans (lire).
----Cette activité devrait correspondre aux richesses patrimoniales et historiques du Puy, mais aussi à la tradition du travail du cuir dans la région. Il s'agira d'une unité de production (et non d'un commerce), et "ces objets de maroquinerie de qualité exceptionnelle" sont ensuite distribués par les commerces spécialisés dans l'industrie du luxe. Une partie importante de la production devrait être exportée dans le monde entier.-----Une structure écolo pour devenir "une vitrine de l'agglo"
Le bâtiment fera environ 5000 m². L’entreprise souhaite pour ses salariés que la construction soit exemplaire en matière de qualité de vie au travail ainsi qu’en termes de développement durable et de consommation d’énergie. C’est ainsi que les bâtiments seront construits selon le cahier des charges BBC (Bâtiment Basse Consommation) à structure passive et seront chauffés au bois, ressource locale abondante.
"On souhaite avoir un bon niveau environnemental et offrir un cadre de vie agréable aux employés afin qu'ils fabriquent des objets exceptionnels", a précisé le Président de la maroquinerie du Puy. La valorisation paysagère et la transparence hydraulique seront également de mise "pour en faire une des vitrines de l'agglo et un pôle d'excellence", souligne le maire du Puy.
Loïc Thomas revient sur la visée à long terme de son projet et reconnaît que dans le cadre d'un pôle d'excellence, la position de fournisseur privilégiée des Tanneries du Puy devrait être renforcée. Ecouter. {{audio3}}
Maxime Pitavy