C'est un sujet qui fait grogner. Depuis le 1er janvier, la TVA - cet impôt indirect et « indolore » - est passé de 19,6 à 20%. Dans le monde du cinéma c'est pourtant une bonne nouvelle qui est tombée avec la réduction de 7 à 5,5 % sur le prix du ticket d'entrée pour une séance (ndlr, un retour à la taxation de 2012). De quoi entrevoir pour le grand public des places de ciné moins chers ? Pas si vite.
Un retour à la TVA à 5,5% un an après
Au cinéma municipal « La Capitelle » à Monistrol-sur-Loire, on se satisfait du retour de la TVA à 5,5% sur la vente des billets, un an tout juste après son passage à 7%, Magali Bona, directrice de l'action culturelle, s'en explique, « il ne faut pas oublier que nous sommes déjà taxés via la « TSA ». Il s'agit d'une autre taxe spéciale sur les prix des places de spectacle. Celle-ci permet de financer le Centre National de la Cinématographie (CNC) ».
Pour tenter d'y voir plus clair, une baisse d'un côté compense une hausse de l'autre, « le 1er janvier 2014, le taux de TVA pour les entrées des salles de cinéma va passer de 7%, à 5,5 % tandis que le taux de TVA des factures des distributeurs de films va passer de 7% à 10 % du fait de l’augmentation du taux de TVA du droit d’auteur de 7% à 10% », précise une circulaire de la Fédération Nationale des Cinémas Français (FNCF).
La réduction du taux de TVA sur les entrées fait office de – petite – bouffée d'oxygène à laquelle le consommateur ne pourra pas profiter immédiatement, « nous pratiquons déjà des prix attractifs en dessous du marché. Notre plein tarif est fixé à 6,70 euros, c'est inférieur à certaines places réduites dans les multiplexes ».
L'exception culturelle française et le recul des entrées
Cette baisse de la TVA sur le prix des tickets ne va pas être répercutée et ressentie de la même manière dans les plus gros cinémas : les multiplexes type « Ciné Dyke » au Puy. « Sur l'année 2013 par rapport à 2012, nous avons connu une baisse de la fréquentation des salles de l'ordre de 4% », explique le co-gérant Guy Reynaud. Cette disposition est donc forcément la bienvenue dans l'optique de relancer une activité qui a chuté aussi à l'échelle nationale. « Cette décision de repasser la TVA à 5,5% trouve plusieurs origines. La baisse n'est pas que la conséquence de la fréquentation qui diminue, il faut aussi penser à l'exception culturelle française ».
Les jeunes grands gagnants de la réduction
Avec cette baisse à 5,5%, contre la hausse à 10% (initialement programmée par l'ancien gouvernement) la FNCF a voulu marquer le coup. Les bénéficiaires : les jeunes adolescents. La FNCF, dans une circulaire, prône l'application d'un tarif unique de 4 euros pour les moins de 14 ans pour cette nouvelle année. Une opération à laquelle les cinémas ne sont pas obligés d'adhérer. A Monistrol, des contacts ont été tissés avec « la Grenette » à Yssingeaux afin de prendre une décision en « bonne intelligence », Magali Bona justifie, « pour le moment nous attendons de voir comment tout cela va se dérouler dans les plus grosses structures avant de prendre conjointement une décision ». Pas de réduction supplémentaire pour les plus jeunes à Monistrol et Yssingeaux... pour l'instant en tout cas (ndlr, les adolescents bénéficient déjà d'un tarif réduit à « La Capitelle », à savoir 5,70 euros).
Au Puy et à Brioude, la circulaire en vigueur
Ce ne sera pas le cas au « Ciné Dyke », qui applique ce nouveau tarif depuis le 1er janvier, « il fallait renvoyer l'ascenseur vis à vis de cette baisse de TVA. Cette opération a été décidée au niveau national, je pense que ça aurait été dommage et mal vu de ne pas suivre le mouvement », souligne Guy Reynaud.
Situation identique au cinéma « Le Paris » à Brioude, qui a opté pour l'application de la réduction pour les moins de 14 ans, dans le but de ne pas « froisser les clients ».
Statu quo pour les autres cinéphiles
« Et les autres personnes dans tout ça ? », s'interrogent certains aficionados de cinéma. Leur porte monnaie ne devrait pas ressentir la baisse de la TVA lorsqu'ils iront se faire une toile, « les jeunes représentent déjà 10% de nos spectateurs et il n'y aura pas d'autres réductions, on ne peut pas se le permettre », explique catégoriquement le co-gérant du « Ciné Dyke », « chaque cinéma est libre d'appliquer ses tarifs et nous sommes – à plein tarif – largement moins cher que les autres gros multiplexes où les places peuvent dépasser la dizaine d'euros » (ndlr, contre 7,90 euros maximum au cinéma du Puy).
Une situation qui trouve quelques similitudes avec celle de la réduction de la TVA dans la restauration ; qui tendait déjà à prouver que ce genre de décision a un « effet prix pour le consommateur » modéré, comme le révélait une récente étude INSEE.
A.P.