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Yssingeaux : treize salariés poussés vers le week-end prolongé...

, Mise à jour le 26/11/2020 à 19:24

On aurait pu croire que l'entreprise était plutôt en bonne santé, avec notamment quatre embauches depuis 2011. Mais à y regarder de plus près, ces nouveaux emplois ne font guère illusion face à la chute du chiffre d'affaire, qui est passé de 11 millions d'euros en 2011 à 6,5 millions d'euros en 2013 !
Pour réagir, la direction avait déjà procédé à deux licenciements en ce début 2014, ce qui n'a pas empêché le dépôt de bilan et la mise en redressement judiciaire en juillet dernier. Face à tant de difficultés, l'entreprise est aujourd'hui contrainte de se séparer de près d'un tiers de ses effectifs en supprimant l'intégralité des postes du week-end.

Départ volontaires et reclassement en priorité
Le détail des postes supprimés ne sera communiqué qu'au terme du CE (Comité d'Entreprise) qui se tient mercerdi après-midi mais on sait d'ores et déjà que les huit postes de production du week-end disparaîtront. Des postes de maintenance et administratifs devraient compléter le sinistre tableau.
Rappelons que les postes supprimés ne correspondent pas forcément aux salariés qui les occupent : les départs volontaires seront prioritaires (huit jours de délais), puis on procédera aux réductions par poste selon les critères légaux (l'ancienneté par exemple), sans oublier les offres de reclassement.

----L'entreprise yssingelaise est spécialisée dans le recyclage de polyéthylène, la régénération et la fabrication de tubes. Implantée rue Beuve Méry sur la zone de Lavée à Yssingeaux, l'entreprise existe depuis 1989 et depuis 2010 sous le nom d'Oxxa. Les déchets plastiques repartent principalement dans la zone de plasturgie de Sainte-Sigolène. Tous les salariés de la chaîne de production font les trois huit.-----"Maintenir les postes du week-end reviendrait à travailler à perte"
Si les postes du week-end sont visés en priorité pour rééquilibrer les comptes, c'est parce que "la charge salariale qu'ils représentent est la même que pour le reste du personnel sur une semaine entière", précise Jean-François Doumerc, le nouveau président d'Oxxa, qui a pris ses fonctions depuis à peine deux mois.
"Le travail de nuit le dimanche coûte très cher", poursuit-il, "et je dois alléger mon plan de charge de production". Comme il ne dispose pas du volume suffisant, "maintenir ces postes reviendrait à travailler à perte et ça conduirait non pas à la suppression de treize emplois mais à la fermeture totale de la société".
Si la perspective de retrouver du volume pourrait conduire à réintégrer les postes du samedi, puis du dimanche, l'hypothèse n'est pas envisageable avant un an.

Un lourd investissement pour un outil qui n'est toujours pas opérationnel
L'autre sérieuse épine qui s'est plantée dans le pied de l'entreprise yssingelaise, c'est ces 1,7 millions d'euros investis sur une ligne de production. Réalisé au cours des six derniers mois, cet investissement tarde à porter ses fruits puisqu'il manque toujours une pièce et que cette ligne demeure inactive. Par conséquent, l'outil de production ne fonctionne qu'à 50 % pour l'instant !
Forcément, la productivité et la compétitivité de la société s'en trouvent fortement impactées, surtout lorsqu'il est difficile d'acheter de la matière après que des fournisseurs n'aient pas été payés. "Aujourd'hui, je ne peux pas acheter tous les tonnages que je souhaite", nous confie Jean-François Doumerc, "mais je garde espoir pour retrouver du volume et améliorer nos comptes".

"L'âge d'or du plastique est passé" pour la CGT
Pour le syndicat CGT et son représentant Pierre Marsein, "la direction veut aller trop vite" et il espère bien pouvoir infléchir la suppression des treize emplois. Le syndicat considère que l'entreprise fonctionnait correctement jusqu'à il y a un an et l'arrivée des difficultés.
"L'âge d'or du plastique est passé", selon le cégétiste, "Oxxa n'est pas isolé, tout le plateau yssingelais et le plastique en général sont en difficulté, à part de très grosses entreprises comme Barbier par exemple".

----Lorsque nous lui avons demandé si les pouvoirs publics avaient été sollicités, Jean-François Doumerc a rétorqué : "certainement pas, ce ne sont pas à eux de nous venir en aide, ce sont plutôt nos actionnaires qui seront sollicités".-----"Les salariés ne sont en aucun cas responsables, c'est avant tout une crise de management"
Un constat aussitôt tempéré par le nouveau président d'Oxxa : "le plastique demeure une matière importante dans l'économie, avec des marchés porteurs. La situation économique difficile que traverse la France conduit à tirer les prix vers le bas et les marges de manoeuvre sont de plus en plus limités, comme par exemple pour les sacs poubelles, que nous fabriquons, et qui sont achetés de moins en moins cher par la grande distribution".
Pour autant, pas question de se cacher derrière ce type d'argument : "le problème est structurel plutôt que conjoncturel car les autres entreprises du secteur et du plateau ont de beaux bilans. Il n'y a pas d'excuse et on espère trouver des solutions car les salariés ne sont en aucun cas responsables de cette mauvaise passe, c'est avant tout une crise de management", conclut-il en guise de tacle appuyé pour son prédécesseur.

Maxime Pitavy

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