Voyage en TER direct pour le Moyen Âge

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:46

Hors du temps, les Franciliens Sarah Richards et Erwan Picquet sont dans le TER pour Le Puy, via Lyon. Au milieu d’une foule de voyageurs qui étalent tout haut leurs conversations et leurs vies visiblement extraordinaires, au téléphone portable, la soprano et le baryton se fondent dans un univers parallèle, celui de la musique médiévale.
En communion avec leurs partitions toujours à portée de main, les deux musiciens sont dans une attitude qu’on jugerait extatique si l’on n’avait pu vérifier qu’ils sont bien là, au hasard d’un regard complice ou d’un sourire échangé avec eux.

----Concerts
Dans le cadre du stage de chants médiévaux, présentés par la compagnie Orion.
Ce jeudi 6 juillet 20 h 30 en l’église de Saint-Privat d’Allier, ce vendredi 7 juillet à la Grange de Montlhiade (Chomelix). Un concert de fin de stage est prévu à la Maison Forte de Volhac, le mercredi 12 juillet (18 heures). Prix libre.-----«Et puis Johnny Johnny...»
Le vrai bonheur qui s’affiche sur leur visage, ce sont les œuvres qu’ils chantent intérieurement qui le leur procurent. Un coup de diapason à l’oreille et les voilà partis en balade, remontant plusieurs siècles en arrière, pour partager un bout de Moyen Âge avec les auteurs anonymes de l’époque.
« Nous allons animer un stage à Coubon », confie Erwan, entre deux pièces interprétées in petto et ce malgré Jeanne Mas qui se fait un sang d’encre pour un certain Johnny Johnny, sur la radio de l’autobus qui supplée le train entre Firminy et Le Puy.
Ils vont rejoindre le doctorant en musicologie Tiago Simas-Freire, flûtiste et cornetiste, et Olivier Féraud, musicien luthier, notamment facteur et joueur de vièle, tous accueillis chez Marie-Virginie Cambriels, au Puy.
Cette dernière dirige la compagnie Orion, organisatrice notamment du stage motivant la présence de ces spécialistes de musique médiévale. Elle est musicienne, auteur entre autre d’un guide sur le chemin de Saint-Jacques dans sa partie espagnole.

Chants parfois satiriques
« Nous avons une vingtaine de stagiaires, quatorze pour le chant et cinq pour la lutherie, se réjouit-elle, ils vont suivre ces mélodies qui passent d’une pièce à l’autre, changeant même parfois de registre entre profane et sacré.»
Concernant la lutherie, « chaque élève va se fabriquer sa propre vièle, cet instrument est hérité du rebab arabe.»
Combien coûte un tel stage ? « 280 euros pour le chant et 525 euros pour la lutherie, précise Marie-Virginie Cambriels, c’est la 6e édition, nous avons autant de personnes fidélisées et spécialistes, que de nouveaux venus
Ce stage se déroulera du 8 au 12 juillet prochains, avec plusieurs concerts à la clé, proposant un répertoire tiré des Cantigas de Santa Maria (13e s), manuscrit écrit en galaïco (ancêtre du portugais et du gallicien). Les chants – parfois satiriques – sont interprétés dans cette langue offrant des sonorités romanes familières sans que l’on puisse en identifier l’origine, sauf à être linguiste.
En attendant les stagiaires, les retrouvailles entre ces cinq artistes donnent lieu à quelques petits moments de félicité autour de leur passion commune qu’est la musique médiévale. Très facile alors de se laisser embarquer.

J.J.

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