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St-Etienne-du-Vigan : c'était bien un loup

, Mise à jour le 27/11/2020 à 05:53

Eradiqué il y a 70 ans de France, le loup est revenu naturellement dans les années 1990 par le Sud des Alpes. Depuis, le "canis lupus" fait un retour remarqué en France en provenance de ses bastions italiens. Présent depuis cinq ans dans le Sud du Massif Central, en Lozère et en Ardèche, il fait aujourd'hui des incursions ponctuelles en Auvergne, au nombre desquelles on peut maintenant ajouter l'attaque de brebis noires du Velay, entre Saint-Etienne du Vigan et Pradelles dans la nuit du 12 au 13 octobre 2014.

Même sans poil ou excréments
Ce jeudi 23 octobre 2014, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) certifie que les morsures relevées sur les 15 brebis attaquées à Saint-Etienne du Vigan sont bien l'oeuvre du loup par leur taille et leur localisation. Même sans avoir trouvé de poil ou d'excréments de l'animal, la conclusion est formelle. Il s'agirait d'un seul loup, sans meute, qui vit habituellement au Sud de Langogne. A titre d'exemple, le territoire d'une meute (moins de dix individus) peut s'étendre de 150 à 400km2.

----Une part infime de la mortalité du bétail
REN 43 rappelle que seul 0,6 % du cheptel d'ovins français meurt d'attaques de loup, contre un millier, chaque jour, pour cause de maladies, parasites, chutes, disparitions ou de morsures de chiens errants.-----Des tirs d’effarouchement dans quatre communes
Ce jeudi 23 octobre 2014, la préfecture a émis un arrêté autorisant les tirs d’effarouchement. Ainsi, comme annoncé ce mardi, lors de la réunion en préfecture regroupant les représentants du monde agricole et les services de l’Etat, une opération particulière d'effarouchement sera menée en vue de prévenir les tentatives de prédation du loup. Les tirs d’effarouchement non létaux s’exécuteront à proximité immédiate des troupeaux présents sur le territoire des communes de Pradelles, Saint-Étienne-du-Vigan, Rauret et Saint-Paul-de-Tartas suivant les modalités définies dans l’arrêté préfectoral consultable ici.

Un comité départemental loup
Conformément aux directives du plan loup 2013 – 2017, les services de l’Etat sont en train de constituer un comité départemental loup. Il s'agit d'une instance de concertation et d’information, formée des services de l’Etat, des représentants du monde agricole et des
associations de protection de la nature.

Aider l'éleveur victime
La préfecture précise que "dans l’immédiat, les services de l’Etat accompagnent l’éleveur dont le troupeau a été victime de l’attaque du loup dans ses démarches d’indemnisation". Sur ses 15 brebis attaquées, Aurélien Teyssier, du Gaec du Panorama à Saint-Etienne du Vigan, déplore trois bêtes mortes, dont deux dévorées jusqu'au squelette, deux autres ont dû être piquées (les bêtes ont été retrouvées, les viscères sorties du vente, encore vivantes) et dix autres ont été si grièvement blessées qu'elles ont peu de chance de survivre. Quant à celles qui ont assisté à la scène mais s'en sont sorties indemnes, elles sont traumatisées.
Mais la préfecture s'adresse également à tous les éleveurs, soulignant qu'elle "reste à la disposition des éleveurs et de leurs représentants pour les aider à améliorer la protection de leurs troupeaux".

----Que mange le loup ?
A titre d'exemple, les loups du Parc National du Mercantour se nourrissent à 75% de cerfs, chamois, mouflons, à 10% de lapins, marmottes, lièvres, insectes et fruits, mais aussi à 15% d’ongulés domestiques (ovins, caprins, bovins, porcins) en raison d'une faible disponibilité de proies sauvages.-----L'appel des écolos à soutenir les éleveurs
La polémique sur le loup a opposé écologistes et agriculteurs ces derniers jours. Mais le Réseau Ecologie Nature de Haute-Loire (REN 43), qui fédère 21 associations pour 5 000 adhérents, ne souhaite pas envenimer le débat. Il estime que pour certains éleveurs, le loup est surtout « la goutte d’eau qui fait déborder le vase dans une profession sous la pression de la concurrence internationale ». Et d'appeler à soutenir les éleveurs en consommant les agneaux et moutons de production locale.
Il souligne par ailleurs le rôle positif du loup sur l'environnement en indiquant que « les attaques sur moutons sont souvent le fait de loups errants, les meutes installées s’attaquant de préférence à la faune sauvage ». Une faune sauvage très riche en Haute-Loire : cerfs, chevreuils, sangliers, lièvres et autres rongeurs présents en nombre. Pour REN43, le loup « contribue efficacement à réguler naturellement ces espèces, qui peuvent poser des problèmes aux activités agricoles et forestières ». Il affirme même qu'en France, « des forestiers voient d’ailleurs d’un bon œil le retour du loup ».

Annabel Walker

  • Où vit le loup ?

Dans son bulletin semestriel du réseau loup sur la période du 1er janvier au 30 juin 2014, l'ONCFS répertorie les précédentes preuves de la présence du loup dans le Massif central. Ainsi, à la frontière entre Lozère et Ardèche, la présence du loup a été détectée entre le massif du Tanargue (07) et celui de la Gardille (48) depuis le milieu de l’année 2012, notamment au travers de constats de dommage sur des ovins côté ardéchois (canton de St Etienne de Lugdarès) puis lozérien (canton de Langogne, communes de Luc et de Fontanes).
L'ONCFS indique que les premiers indices de présence (traces, observations visuelles) bien documentés ont été collectés à partir du début de l’hiver 2012-2013 et la première photographie attestant qu’il s’agit bien d’un loup a été obtenue grâce à un piège-photographique placé par le service départemental de l’ONCFS de l’Ardèche en avril 2013 (suivi par d’autres clichés côté Lozère).

Deux mâles solitaires
L'ONCFS remarque que "la récurrence hivernale traduit la territorialisation d’un animal sur ce secteur, qui devient la deuxième zone de présence permanente (ZPP) en Massif Central dénommé « Tanargue-Gardille »", l'autre PZZ étant située sur les grands Causses-Mont Lozère où deux mâles ont été identifiés. Jusqu'à juin dernier, une seule analyse génétique identifiait l’espèce Canis lupus sur la commune d’Astet (07), en février 2013, mais sans possibilité d’obtenir le profil ADN de l’individu puisque l'échantillon d’urine était probablement altéré.

  • Dans un communiqué, le président de l'association Alliance avec les loups, Manoël Atman, appelle à un débat serein :

"Face au retour du loup, apprenons à être responsable. Soutenir des manifestants qui font l’apologie de la destruction d’une espèce protégée telle que le loup, manifestants qui offrent (via leur syndicat) une prime de 1000 euro au premier loup tué (espèce classée d’intérêt communautaire prioritaire par l’Europe), est indigne d’élus de la république. Monsieur Wauquiez qui prétend avoir peur pour nos enfants (Aucune attaque dans le monde n’est actuellement recensée sur des enfants), et qui affirme : « … Qu’on n’était pas là pour faire une réserve d’indigène pour les bobos de Paris », oublie que les altiligériens ne sont pas des indigènes, mais bien des français ; quant aux Bobos de Paris, ils ne sont pas les seuls français à être pour la présence du loup en France, 75 % d’entre nous y sont favorable (voir les 2 derniers sondages). Monsieur Wauquiez et Monsieur Vigier, député de la Haute-Loire : « Le loup doit disparaître », ne font que jeter de l’huile sur le feu et de la façon la plus irresponsable. La problématique du loup sur notre territoire est complexe, elle mérite un meilleur traitement. N’oublions pas que le loup ne se multiplie pas à l’infini, et qu’une meute a  besoin d’un vaste territoire, dans sa composition la meute ne dépasse pas les six à huit représentants adultes."

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