Soutien aux terroristes en milieu scolaire : en Haute-Loire, sait-on raison garder ?

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:32

Le parquet du Puy pourrait s'étonner de ne pas avoir été saisi pour d'éventuels incidents dans des établissements scolaires en Haute-Loire. Le 14 janvier 2015, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, révélait qu'une centaine d'incidents en faveur des terroristes avaient été relevés dans les établissements scolaires en France lors de la minute de silence du jeudi 8 janvier, ainsi qu'une autre centaine dans les jours qui ont suivi, dont 40 ont été transmis aux services de police et justice.

Incident
Ce vendredi 30 janvier, le vice-procureur du Puy-en-Velay, Yves Dubuis, nous a confirmé qu'à ce jour, le parquet n'avait pas été saisi par le rectorat. Au commissariat du Puy non plus, aucune poursuite en cours.
Pourtant, Zoomdici a eu écho d'un incident lors de la minute de silence du jeudi 8 janvier au lycée Charles et Adrien Dupuy du Puy-en-Velay. Une rumeur qui circule également dans le milieu judiciaire au Puy. Il s'agirait d'une femme, membre du personnel non enseignant, qui aurait refusé de participer à la minute de silence. Pour cela, elle aurait été convoquée par la direction de l'établissement.

Démenti
« Première nouvelle », répond Sandrine Gravier, la proviseure adjointe du lycée. « C'est M. Trefelle, le proviseur, qui a organisé la minute de silence pour le personnel au self à midi et il n'y a pas eu d'incident. Peut-être que des personnes ne se sont pas présentées mais elles ne s'en sont pas revendiquées ». L'établissement craignait justement des incidents, mais les retours ont été très positifs, estime Sandrine Gravier : « Ni les jeunes, ni les enseignants n'ont émis d'opposition. Ce sont même les jeunes qui ont demandé en amont, pour être sûrs qu'on ferait bien une minute de silence. Nous n'avons pas eu, non plus, d'appels de parents mécontents. »

Minimiser
Cette rumeur serait-elle donc fausse ? Ou cherche-t-on à la minimiser ? Du côté de l'Education nationale, ni le rectorat de Clermont-Ferrand, ni le service presse du ministère à Paris ne communiquent sur ce genre d'informations, nous a-t-on répondu. « Les cas évoqués par la ministre sont sûrement des remontées arrivées sur le bureau de son directeur de cabinet, nous explique-t-on au service presse national, mais nous n'avons aucun détail à ce sujet. » Et quand bien même, ils en auraient, ils ne les divulgueraient pas, peut-être avec raison, peut-on penser. Pour nous rappeler les principes posés par la ministre, Najat Vallaud-Belkacem, le rectorat de Clermont-Ferrand nous renvoie au communiqué du ministère de l'Education nationale du 14 janvier*. Celui-ci indique que « toutes les difficultés rencontrées ont été traitées localement, de manière proportionnée à la gravité des faits, par les équipes éducatives et pédagogiques ».

Dernier recours
Des conventions lient les services de l'Education nationale au ministère de la justice pour signaler tout agissement illégal dans l'enceinte d'un établissement scolaire. Mais, en effet, il s'agit là d'un dernier recours. « Je peux comprendre que l'Education nationale soit réticente à aviser le parquet, confie Yves Dubuis, elle estime que ces problèmes relèvent plus de l'éducatif que du pénal. » En Haute-Loire, peut-être plus qu'ailleurs, a-t-on su raison garder ?

Annabel Walker

  • *Le communiqué du ministère de l'Education nationale du 14 janvier 2015

« La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a demandé, dès le 8 janvier 2015, aux rectorats de l’informer précisément des incidents qui se sont produits dans les écoles, collèges et lycées, à l’occasion de la minute de silence observée en hommage aux victimes de l’attentat survenu la veille. À ce jour, les services académiques ont porté à notre connaissance une centaine d’incidents directement liés à cette minute de silence. À la demande du ministère, les jours suivant les événements ont également fait l'objet d'une vigilance particulière et d'une demande de remontée d'informations qui complète ce soir ce panorama d'une centaine d'autres incidents signalés. Ces données sont déclaratives et ne concernent que les incidents qui n’ont pu être réglés par les enseignants dans le cadre de la classe. Ils ne constituent donc pas un recensement exhaustif de l’ensemble des difficultés qu’ont pu rencontrer les équipes éducatives. Conformément aux instructions de fermeté données par la ministre, toutes les difficultés rencontrées ont été traitées localement, de manière proportionnée à la gravité des faits, par les équipes éducatives et pédagogiques, entre dialogue éducatif et sanctions disciplinaires, allant du rappel à l'ordre en présence de l’élève et de ses parents à la convocation de conseil de discipline. Une quarantaine de situations ont été transmises aux services de police, de gendarmerie ou aux parquets. Comme la ministre l’a rappelé aujourd’hui aux recteurs et à l’ensemble des responsables académiques, l’éducation nationale ne laissera prospérer aucun comportement contraire aux valeurs de la République. Pour accompagner les personnels dans la gestion de ces événements et ne laisser aucun enseignant démuni ou isolé, la ministre a donné instructions aux recteurs de dépêcher, dès cette semaine, dans chaque établissement qui en exprime le besoin, des inspecteurs pédagogiques habilités à les assister dans leur mission. »


Natif du Puy-en-Velay, Rachid Sguini, alias Rakidd, s'est installé à Paris pour promouvoir son site Internet de "gribouillages" : http://les-gribouillages-de-rakidd.fr/

>  Lire notre précédent article "Attentats terroristes : comment expliquer l'inexplicable aux élèves de Haute-Loire ?" du 14/01/2015

> Lire le texte de loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme du 13 novembre 2014

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