Saccages des Champs-Elysées : un altiligérien raconte

mer 20/03/2019 - 18:05 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:56

Rencontré lors de la manifestation avec les syndicats ce mardi au Puy, parmi le millier de manifestants, Thomas, porte-parole des Gilets jaunes de Haute-Loire, témoigne de sa journée à Paris... une expérience qui l'a définitivement convaincu de ne pas y retourner.

"En arrivant sur les Champs-Elysées, c'était déjà un champ de bataille"
Le matin, la délégation d'une quinzaine de Gilets jaunes de Haute-Loire a convergé avec la manifestation pour le climat, "ça s'est super bien passé et pas un policier pour balancer des gaz sur les gens". C'est l'après-midi que les choses se sont corsées. "Déjà, il n'y avait absolument aucun contrôle, qu'on arrive en métro ou en voiture. On aurait pu passer avec des armes à feu par exemple", détaille-t-il, "on a d'ailleurs vu des casseurs avec une tronçonneuse sur les Champs-Elysées".
Selon lui, le Gouvernement aurait fait le choix de laisser passer "beaucoup de casseurs, entre 5 000 et 7 000, sur un convoi de 12 000 à 13 000 personnes, c'est énorme, c'est plus de la moitié ! En arrivant sur les Champs-Elysées, c'était déjà un champ de bataille. On ne pouvait pas rester sur un côté, on se faisait charger par les unités de la BAC (ndlr : brigade anti criminalité). J'ai l'impression d'avoir respiré du gaz toute la journée".

"N'est-ce pas une manipulation visant à discréditer notre mouvement ?"
Le porte-parole des Gilets jaunes de Haute-Loire pense que c'était délibéré : "la France ferme les yeux mais l'État nous manipule, il y avait des chantiers tout le long de l'Elysée, avec des barricades déjà en place, des échaffaudages déjà démontés, des cabanes d'ouvriers en plein milieu des rues, des voitures encore en train de circuler au milieu de la foule. J'ai vu des Porsches, des BMW et des Mercedes brûler mais qu'est-ce qu'elles faisaient là puisque les rues étaient fermées par quelques CRS ?".
"N'est-ce pas une manipulation visant à discréditer notre mouvement ?", questionne-t-il,  "c'est une façon de brouiller notre message, pour qu'on ne parle plus que des violences et ils se disent sans doute que s'ils laissent passer tous les casseurs, les Gilets jaunes ne manifesteront plus. Nous, les Gilets jaunes de Haute-Loire, on ne cautionne pas tout ça. On est pacifistes".

Pris entre deux feux entre casseurs et forces de l'ordre ?
On sait que depuis plusieurs semaines, les Gilets jaunes essaient d'assurer la sécurité sur les manifestations en proposant leur propre service d'ordre. Comment est-ce que ça s'est passé à Paris ? Des Gilets jaunes ont-ils essayé de s'interposer entre les casseurs ? Au risque de se retrouver coincés entre deux feux avec les forces de l'ordre ? Avez-vous eu peur pour votre sécurité ?

 
"Des professionnels de la casse, des extrêmistes d'autres pays venus pour casser chez nous"
"Ils étaient haineux, menaçants et ils ne parlaient pas notre langue, ça interpelle", rapporte Thomas, "c'était des professionnels de la casse, des extrêmistes d'autres pays venus pour casser chez nous, parce que c'est ici que ça va bouger, on se rend bien compte qu'on est le centre du monde".
Quand on l'interpelle sur l'expression "des professionnels de la casse" qu'il vient d'employer, il répond avec ironie : "là-dessus, il ne se trompe pas Castaner", avant d'habiller le ministre de l'Intérieur pour l'hiver (ou le printemps social) : "aujourd'hui, on fait sauter le préfet de Paris mais ce n'est pas lui qui aurait dû sauter, ce n'est pas lui qui donne les ordres. Monsieur Castaner ferait mieux de ranger un peu sa petite fierté et de regarder la réalité en face, de parler un peu des blessés plutôt que du Fouquet's qui brûle".

"Il faut qu'ils nous sortent de nos cages et de nos cases"
Quant aux suites du mouvement, malgré la répétition des actes (déjà 18) et le sentiment de ne pas être entendu, il n'entend pas lever le pied, même si le gouvernement sort un nouvel arsenal pour contenir les manifestants : "marquez-nous et mettez nous des amendes de 135 €, ça ne nous empêchera pas d'aller aux manifestations".
Pour un déroulement plus pacifiste, ne serait-il pas préférable de déclarer les manifestations ? "Non, on continuera à ne pas déclarer car on n'a pas envie de se ranger dans ces cases. Il faut qu'ils nous sortent de nos cages et de nos cases. On est des êtres humains", conclut-il.

Maxime Pitavy

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