Reprise des messes ce dimanche

dim 29/11/2020 - 18:41 , Mise à jour le 30/11/2020 à 12:06

Alors que la polémique a fait rage toute la semaine sur la question de la jauge acceptable dans les églises à l’occasion de leur réouverture ce week-end, nous sommes allés à la  rencontre des fidèles et des officiants dans le bassin du Puy et dans la paroisse St Jean du Velay volcanique pour recueillir leurs sentiments.

Les frimas du premier jour de l'hiver météorologique se manifestent encore dans la cuvette ponote sous la forme d’un brouillard à la limite du givrant quand les premiers fidèles se pressent sur le parvis de l'église St Laurent. Il est 9h15.
A Sanssac l’église, une heure plus tard, c’est un beau et chaud soleil qui accueille les membres de la chorale qui sont heureux de se retrouver puisque les églises n’ont pas accueilli de messe depuis le Week-end de Toussaint.

L’horaire des messes a été décalé entre les principales paroisses du secteur du Puy, sans doute afin de permettre comme l’a suggéré Mgr Crépy cette semaine l’étalement des fidèles dans les différents lieux de culte.
La messe à St Laurent est à 9h15 puis à 11h (en plus d’une messe célébrée samedi à 18h30), celle de l’église des Carmes est prévue à 10h et celle de l’église du Val Vert à 10h45.
De quoi éviter de franchir la jauge fatidique des 30 personnes.

Mais en fait, personne ne souhaite ni la dépasser, ni la comptabiliser exactement. Les prêtres comme les fidèles sont trop conscients des risques engagés et font confiance à la responsabilité des fidèles.

Le Conseil d’Etat casse le décret sur la jauge de 30

En fin de matinée ce Dimanche, le C.E. a donné trois jours à l'Etat pour revoir son décret « Il est enjoint au premier ministre de modifier, dans un délai de trois jours (…) les dispositions ) en prenant les mesures strictement proportionnées d’encadrement des rassemblements et réunions dans les établissements de culte ».

Aux Carmes, on ne souhaite pas trier les gens mais faire respecter le protocole sanitaire.

« On est infantilisé » déclare le père Trevet « On ne voit pas trop comment on pourrait interdire l’entrée de nos églises aux personnes et sur le fondement de quel critère, d’ailleurs. Si les gens viennent, on les prendra. On a fait en sorte que le protocole sanitaire et surtout la distanciation physique soient respectés. Notre église est grande et, de fait, à l’entrée un panneau installé avant l’interdiction des messes proclame que la jauge maximale est de 240 places « à peine un quart de notre capacité d’accueil ».
« De toute façon» continue le père, « depuis le confinement, on a constaté une érosion forte de la fréquentation de nos messes. Je mettrais ça sur le compte de l’inquiétude des gens pour leur santé. Nos fidèles sont souvent des personnes âgées et potentiellement plus vulnérables. Elles sont conscientes des risques et restent à la maison pour regarder la messe à la Télévision ou pour l’écouter à la radio. Il y a donc peu de chance que notre église soit pleine ce matin »
A l'entrée, la question de la jauge est dans toutes les têtes. Les premiers sont en avance d’une bonne demi-heure. « Je ne veux pas louper cette première messe » disent tour à tour deux fidèles «alors je suis venue plus tôt pour être sûre de pouvoir y assister. Elles ont parmi leurs ami.e.s « beaucoup de personnes qui ne viendront pas encore, préférant regarder la messe  à la TV en pleine sécurité » confirmant l’analyse du père Trevet
« On est vraiment ravi de la réouverture des églises et à la fois, on est conscient qu’il existe des règles édictées pour la sécurité de tous. Il faut les respecter et garder suffisamment de distance dans l’église » dit cette autre. C’est aussi l’avis d'une dame d'un certain âge qui fouille un peu de monnaie au fond de son sac afin de donner l'obole à un nécessiteux qui tend la main devant l’entrée.
Pour ce dernier aussi, la fermeture des églises a été une sorte de calamité car s’il a un toit en ville, les fidèles sont quasi sa seule source de revenus.

A Saint-Laurent, on a multiplié le nombre de messes pour respecter au mieux la jauge.

Les réactions de fidèles sont à l’unisson, « enfin on nous rend nos messes. On a besoin de venir à la messe ; On a été très blessé par cette sorte de stigmatisation des catholiques dans les médias. Il y a un sentiment d’injustice dans cette interdiction des messes, un sentiment d’incompréhension. Donc, oui, je suis très heureuse de pouvoir être là ce matin, et que l’on soit trente ou trente-sept n’est pas si grave» explique cette fidèle.
A l’intérieur, la jauge des trente personnes ne sera de toute façon visuellement pas atteinte pour cette première célébration qui commence par ce rappel du prêtre officiant.  « Ce dimanche est très important pour les chrétiens car nous sommes aujourd’hui le premier dimanche de l’avent (Noël) ».

Au Val-Vert, la jauge est atteinte tout juste et les gens ont respecté bien plus que la distanciation minimale.

Le prêtre de cet office a évoqué la maladie, les risques épidémiques et les mesures d’interdictions dans une longue homélie dans laquelle il traduit en métaphores liturgiques la réalité politique du moment.
« Enfin, nous allons retrouver tout à l’heure, à l’occasion de l’eucharistie, le pain de la vie dont nous avons été privé depuis la Toussaint et dans quatre semaines, nous verrons enfin la lumière ».
Un téléphone sonne qui vient troubler le silence biblique qui règne dans cette immense église moderne dans laquelle comme nous le fait remarquer Gilles « trente personnes ce n’est pas beaucoup pour un si grand espace ».

Ambiance communautaire et festive à Sanssac-l’église

Pour éviter de n’avoir qu'un focus citadin, nous avons voulu recueillir à l’improviste les impressions des croyants qui vont assister à la première messe dans leur petite église récemment rénovée.
Au centre de la travée principale, les fidèles sont quelques-uns qui préparent la messe autour de la cheffe de Chorale M. P. Barres.
L’ambiance est ici, et de notre avis, plus proche de ce que l’on peut voir dans les églises américaines. Les fidèles sont des acteurs de l’office qui est célébré par un prêtre résident.
Il faut dire que la paroisse St Jean du Velay Volcanique couvre un territoire immense qui comprend les anciennes paroisses de St Vidal, de Bains, de Chaspuzac de Saint-Jean de Nay et même d’Alleyras. Les messes y sont alternativement célébrées par ce prêtre unique. Le reste du temps, en particulier pour les enterrements, ce sont des laïcs qui assurent la continuité liturgique. En semaine, on se retrouve pour échanger des pratiques et garder des contacts dans une maison paroissiale située à Fontanes près de l’aérodrome de Loudes.

Noël Chapon qui chante au sein de la chorale ce matin nous fait un accueil très chaleureux et nous présente à la communauté « Vous savez, pour répondre à votre question sur notre sentiment du jour et sur cette question de la jauge, D’abord dire qu’on est très heureux de pouvoir se retrouver ce matin autour du père Debard. Puis dire qu’ici, en campagne, on est assez discipliné. On n’est pas des révolutionnaires et on est docile. Cela veut dire qu’on respecte les règles édictées et, en outre, la crise sanitaire n’est pas à prendre à la lègère. On a été vraiment touché dans le secteur et on est tous conscients des dangers à se réunir trop nombreux. Et puis, il serait assez étonnant qu’on soit plus de trente ce matin ».
Il est presque 10 heures 30. Après une belle introduction chantée par la chorale, le prêtre débute sa messe par ces mots « Quelle joie de se retrouver en ce dimanche qui marque l’espoir de la fin de ce confinement et dans cette église juste rénovée ».

Les temples de la consommation ont fait le plein dès 9h.

S’il n’y a pas foule dans les églises ce dimanche matin, les parkings des supermarchés, eux sont remplis au point que chez Action où un système automatique surveille le nombre des personnes qui entrent et l’équilibre avec ceux qui sortent, une famille doit attendre quelques instants que la porte ne s’ouvre. La jauge est à plus de 100 personnes.
Une employée nous avoue qu’ils seront ouverts tous les dimanches jusqu’à Noël comme l’a autorisé la préfecture mais « on ne s’attendait quand même pas à avoir autant de monde dès ce dimanche et surtout si tôt le matin »

T.C.

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