Prison ferme pour le chauffard d'Aurec-sur-Loire

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:57

Les faits remontent à la dernière semaine avant Noël. Il est presque 19h30 et il fait nuit noir dans ce quartier résidentiel d'Aurec, dont la vitesse est limitée à 30 km/h.
La chaussée est humide et un jeune homme de 26 ans, qui compte déjà onze mentions au casier judiciaire, déboule à toute vitesse. Il n'y avait pourtant "pas spécialement d'urgence" reconnait-il à la barre.

La victime projetée à une vingtaine de mètres 
Au volant de sa 306, sans assurance ni carte grise, il admet qu'il est au-delà des 100 km/h lorsque le retraité s'engage sur la chaussée. Le choc est extrêmement violent et la victime se retrouve projetée à une vingtaine de mètres.
Le parebrise du conducteur est explosé et comprend plusieurs traces de sang. Le jeune homme s'arrête un instant : "je suis descendu, j'ai fait le tour, j'ai cherché la victime mais je ne l'ai pas vue", témoigne-t-il péniblement devant le tribunal, "je n'ai pas réfléchi, j'ai paniqué, et je suis vite reparti".

180 jours d'ITT (incapacité totale de travail)
Les riverains, qui ont entendu le choc, descendent et trouvent vite la victime. Dans un état critique (le pronostic vital est engagé), le retraité va se voir prescrire 180 jours d'ITT (incapacité totale de travail).
Il faut dire que les blessures sont profondes et multiples : fracture ouverte des deux membres inférieurs, fracture des cervicales et de trois vertèbres, de plusieurs cotes, des contusions pulmonaires, la nécessité d'une chirurgie faciale...

10 000 € d'indemnités provisionnelles
C'est presque un miracle de le voir se présenter à l'audience ce lundi 8 juillet, sur un fauteuil roulant que son fils pousse patiemment. Il fait beaucoup de rééducation mais n'est pas certain de pouvoir remarcher un jour. Un handicap dans sa vie de tous les jours, pour s'habiller, faire sa toilette ou simplement se mouvoir.
Au point de nécessiter la présence d'un tiers en permanence, ce qui justifie, notamment, la demande d'indemnités provisionnelles de 10 000 € formulée par son avocate. Une demande accordée par le tribunal (l'affaire est renvoyée sur intérêt civil pour déterminer exactement les indemnités). 

Ils vont maquiller le véhicule et en modifier les plaques d'immatriculation, pour ensuite le déclarer volé
En détention provisoire depuis le 10 janvier (pour une autre affaire, de stupéfiants en l'occurrence et les magistrats le soupçonnent d'avoir été sous l'emprise de cocaïne au moment des faits), le prévenu va plus loin dans la bêtise. Après les faits, il retrouve des amis et ensemble, ils vont maquiller le véhicule et en modifier les plaques d'immatriculation. Puis le lendemain, il va déclarer le vol de son véhicule.
Interpellé par le tribunal, il dit "ne pas avoir pris les bonnes décisions", ce qui va faire sortir de ses gonds la présidente Anne-Cécile Guignard : "rouler à tombeau ouvert dans un véhicule sans assurance, sur route humide et de nuit, pour ensuite fuir et faire une fausse déclaration... ce n'est pas une mauvaise décision mais toute une série, aux conséquences dramatiques".

"Un comportement enfantin : pas vu pas pris"
Pas facile de défendre un tel dossier. Le jeune homme multiplie les excuses et assure : "j'ai honte de moi, ça pourrait arriver à des gens de ma famille". Ses conseils ont tout de suite assurer que leur client allait indemniser la victime et qu'il ne se déroberait pas à cette responsabilité.
C'est un "acte complètement débile" va admetter son avocate, "un comportement enfantin : pas vu pas pris". Mais pour elle, "chaque fois qu'il travaille, on ne tarit pas d'éloges sur lui" et elle espère qu'il va "rentrer dans le rang".

Une peine de 30 mois de prison
Pour le Procureur de la République Nicolas Rigot-Muller, "les faits sont reconnus et objectivement graves". Rappelant le triste bilan de la mortalité routière l'an dernier (29 morts), il s'interroge sur la présence de phares et selon les témoignages concordants, il n'y a pas eu de freinage. Dénonçant l'attitude d'un jeune homme qui a "essayé d'échapper à sa responsabilité pénale et civile", il va demander une peine de 30 mois de prison, assortie à moitié d'un sursis avec mise à l'épreuve (SME).
Le tribunal ira un peu plus loin, réduisant le SME à huit mois seulement. Une peine accompagnée d'une obligation de soins (pour les stupéfiants), de travailler et d'indemniser la victime et le Trésor Public. son permis a également été annulé pour 18 mois.

Maxime Pitavy

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