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Pour sauver le PNR, une missive adressée au Ministère

mar 30/08/2016 - 18:02 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:42

Le dossier du PNR (Parc Naturel Régional) des Sources et Gorges du Haut-Allier  a agité la toile ces derniers mois. D'abord, ce sont les trois chambre consulaires qui ont exprimé leur opposition au projet, puis le Président de Région Laurent Wauquiez est entré dans la danse à son tour en signifiant ses craintes et en annonçant l'arrêt du projet.
Les acteurs de terrain, à l'initiative de Bruno Depalle, ont aussitôt dégainé une pétition pour soutenir le PNR du Haut-Allier (environ 4 500 signatures), pétition soutenue notamment par les associations écologistes REN 43 et SOS Loire Vivante. Comme le rappellent ces deux associations, ce rétropédalage va à l'encontre des votes et délibérations des 65 communes, deux régions, deux départements et dix communautés de communes qui se sont déclrées favorables à la création du Parc Naturel Régional Sources et Gorges du Haut Allier.
Enfin Guy Vissac, l'un des fondateurs du SMAT du Haut Allier et initiateur du projet de parc, a pris la plume pour canaliser sa colère. Il a envoyé en recommandé une lettre à Laurent Wauquiez ainsi qu'à divers élus concernés par ce PNR, où il déplorait : "c'est infamant pour moi, c'est injuste pour tous".

----Le Réseau Ecologie Nature
C'est une fédération d’associations ayant des objectifs d’intérêt général dans les domaines de l’écologie et de la protection de l’environnement. On dénombre 25 associations, trois entreprises et une cinquantaine d'adhérents.-----"Parler de réserve d'indiens, c'est plus que démagogique car il n'ya aucune contrainte supplémentaire"
"La charte est un outil de concertation", rappelle Jean-Jacques Orfeuvre, Président du REN 43, "les élus, les riverains, les acteurs économiques, tous avaient été concertés, et tous étaient favorables jusqu'à l'intervention de Laurent Wauquiez". L'objectif de ce PNR est de créer une identitité géographique, comme l'Aubrac par exemple, afin de valoriser les productions agricoles (obtention de labels) qui s'y trouvent mais aussi afin de valoriser le patrimoine.
En France, on recense 51 PNR, qui englobent plus de huit millions d'habitants sur environ 15 % du territoire hexagonal. "Les parcs ne constituent pas de contraintes particulières, c'est juste un outil d'accompagnement et de développement pour le territoire", assure le Président du REN 43, "ça n'altère en aucun cas le règlement de la chasse ou la possibilité de les traverser en moto". 

Jean-Jacques Orfeuvre, que répondre à ceux qui refusent la création du PNR en martelant le même argument "on ne vaut pas être une réserve d'indiens" ?

----Un bras de fer opportun pour Valls comme pour Wauquiez
On peut penser que le gouvernement trouvera un intérêt certain à faire barrage à la décision de Laurent Wauquiez (décision personnelle, validée ensuite par l'assemblée régionale), surtout que Manuel Valls et l'ancien maire du Puy se sont déjà accrochés à l'assemblée l'an dernier. De par sa nouvelle fonction (Président LR), il devait cristalliser l'animosité socialiste et il a également tout intérêt à engager un bras de fer avec la majorité à quelques mois de l'élection Présidentielle...-----La dernière cartouche : solliciter Ségolène Royal
Le réseau ecologie Nature a donc décidé d'abattre sa dernière carte en sollicitant la Ministre de l'Ecologie, de l'Energie et de la Mer Ségolène Royal, dans une lettre envoyée fin juillet. "Juste avant que la commission nationale de la protection de la nature ne statue, Laurent Wauquiez s'est positionné contre le PNR", explique le Président du REN43, "mais la commission a tout de même émis un avis très favorable à la création du PNR, à l'unanimité".
Pour aller au bout de la démarche, il faut maintenant un avis favorable de l'ex-candidate à la présidentielle et le Premier Ministre Manuel Valls pourra ensuite labelliser le parc, même si le Conseil régional refuse de le subventionner. "En général, c'est un financement allant de 30 à 50 %, donc ce n'est pas négligeable", explique-t-il, espérant que l'Etat ou l'Europe puissent combler si nécessaire... et le Conseil régional peut toujours faire machine arrière, même si on imagine mal Laurent Wauquiez dans ce rôle.

Cette initiative du REN 43, en sollicitant la Ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, c'est un peu la dernière cartouche des associations écologistes pour tenter de sauver le PNR ? Que se passe-t-il s'il n'est pas labellisé ? Et que se passe-t-il s'il est labellisé ? 

"Un important risque clientéliste"
Le député de Haute-Loire, en rejetant le PNR, a proposé en substitution un contrat de territoire afin de financer directement les collectivités qui l'acceptent. On parle d'une enveloppe de 50 000 € par collectivité (sur les 46 communes concernées, seules cinq auraient accepté) et pour les membres du bureau de REN 43, "l'écologie ne le concerne pas, quand on voit qu'il va consacrer un milliard à l'A45 ou encore 50 millions d'euros pour la création de canons à neige, tout est dit sur ses choix politiques...". Surtout, ces contrats de territoire interrogent : subventionner directement les communes qui l'acceptent, est-ce démocratiquement acceptable et n'y a-t-il pas un important risque de clientélisme ?
"C'est évident que le financement direct du Conseil Régional en direction des communes et intercommunalités comporte un important risque clientéliste, qui va clairement à l'encontre de la charte et de l'éthique que se sont fixés les acteurs de ce territoire", nous répond Jean-Jacques Orfeuvre qui conclut, en attendant une réponse du Ministère : "on ne cherche pas de polémique, nous sommes dans une démarche constructive, avec une perspective positive pour le territoire... et c'est aussi un moyen de dire à tous les acteurs du territoire, qui portent ce projet depuis des années, que tout n'est pas fini".

Maxime Pitavy

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