Mise en garde contre un magasin éphémère de meubles au Puy

jeu 07/12/2017 - 15:35 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:49

Vous avez peut-être reçu une invitation à venir retirer un cadeau dans un magasin d’ameublement qui vient d’ouvrir, ce jeudi 6 décembre 2017, boulevard de Cluny, au Puy-en-Velay, au début de la rocade d’Aiguilhe, à côté de Quick.
Si vous vous présentez, des canapés à 9000 euros pourraient vous être présentés comme une aubaine. « Ils ne valent que 2000 euros en réalité », s’insurge Philippe Faure de Mobilier de France à Brives-Charensac. Ce vendredi 8 décembre 2017, peu avant 14 heures, il fera partie d’un collectif de détaillants d'ameublement qui compte mener une action de mise en garde de la population contre ce magasin éphémère.

Il s’agit souvent de consommateurs vulnérables, pour la plupart âgés
L’enseigne pointée du doigt, « Euskal Déco & Sofa », n’est présente au Puy que pendant trois jours, de jeudi à samedi. Elle avait déjà fait une brève incursion en Haute-Loire, il y a quelques années, à Brives-Charensac. Quant l’UFC Que Choisir a eu vent de son retour sur le bassin ponot, l’association de consommateurs a signalé l’affaire au service de la préfecture de la répression des fraudes, la D.D.C.S.P.P. (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations). « Nous ne pouvons pas jeter le discrédit sur un établissement, par obligation de neutralité, explique Philippe Bernard, le chef du pôle concurrence, consommation et répression des fraudes, mais nous pouvons alerter sur des méthodes de vente. »
----Pour trouver les coordonnées de personnes âgées, il suffit d’un coup d'oeil aux prénoms anciens dans l’annuaire. Mais il est également possible d’acheter des bases de données, y compris aux préfectures et aux services d’état civil des mairies. Attention donc à bien cocher la case de non divulgation de ses données personnelles lorsque vous immatriculez votre voiture par exemple.-----Il se trouve que l’établissement en question a déjà été contrôlé en 2016 dans le Lot. L’enquête est en cours. « Le temps judiciaire n’est pas celui du consommateur », reconnaît Philippe Bernard. Cela peut prendre un an avant de voir les condamnations prononcées et les victimes dédommagées. Des démarches qui font parfois peur car il s’agit souvent de consommateurs vulnérables, pour la plupart âgés (bien qu’il ne s’agisse pas d’abus de faiblesse car l’âge n’est pas une faiblesse). « Nous recevons très peu de plaintes dans ce genre d’affaires », regrette Philippe Bernard.

« Sans un proche pour découvrir le pot-aux-roses, les victimes ne se rendraient compte de rien »
En effet, outre la crainte d’aller au contentieux, plusieurs facteurs découragent les victimes. « Une dame me disait qu’elle ne voulait pas se retrouver sans canapé, car l’offre comprenait l’enlèvement de l’ancien canapé », explique l’agent de l’État.
D’autre part, les victimes sont souvent réticentes à porter plainte contre des vendeurs sous le charme desquels elles sont tombées. « Ils sont très forts, explique Philippe Bernard, ils vous rassurent sur des produits de qualité française, garantis à vie, ils vous disent que vous leur faites penser à leur mère… S’il n’y avait pas un fils, une fille, ou un autre proche pour découvrir le pot-aux-roses, les victimes ne se rendraient compte de rien. »
Quant aux prix pratiqués, ce n’est pas illégal de fixer des prix exorbitants. « Le problème c’est qu’on ne peut même pas les coincer par rapport au prix de référence car ils n’en ont pas vu qu’ils sont éphémères », explique Philippe Faure, de Mobilier de France.

Verba volant, scripta manent*
Tout le problème, pour la répression des fraudes va alors être de trouver la faille pour prouver l’illégalité. Lors des contrôles, les agents vérifient que les prix réels sont bien affichés, que la composition du produit est mise en évidence, que le bon de commande comprend tous les éléments constitutifs de la vente… « Les contrats sont souvent en bonne et due forme, raconte Philippe Bernard, après s’être fait prendre une ou deux fois, ils fignolent le moindre détail. Les entreprises les plus fraudeuses ont souvent des contrats en béton ». L’illégalité sera alors uniquement à trouver dans les propos tenus à l’oral (comme "Il n'y en aura pas pour tout le monde").

Des visites incognito de la répression des fraudes
Il arrive aux services de la répression des fraudes de rendre visite, incognito, à ces enseignes de ventes hors établissement. « On se fait passer pour des consommateurs parfois, mais il faut être âgé, avoir reçu une invitation… Bref, ils nous repèrent assez vite, ils sont très méfiants », confie l’agent de l’État. Le magasin « Euskal Déco & Sofa » sera-t-il visité d’ici samedi ? Nous ne le saurons pas pour ne pas mettre la puce à l’oreille des vendeurs.

Quand la plainte arrive à la répression des fraudes, l’oiseau s’est envolé
Après un achat, toute personne dispose d'un délai de 14 jours de rétractation (depuis la loi de mars 2014). Un coupon est pour cela prévu à cet effet lors de l’achat. Simplement, dans le cas d’une arnaque, le coupon est un coup d'épée dans l'eau car le remboursement n’est jamais effectué. Quand la plainte arrive à la répression des fraudes, l’oiseau s’est envolé. Souvent l’enseigne ne possède qu’une boîte aux lettres pour toute présence physique.
Dans le cas de « Euskal Déco & Sofa », elle se trouve dans une artère fourmillante de Perpignan. « Mais la malchance de cette enseigne c’est que ses responsables ont répondu aux convocations par le passé, ils sont donc identifiés, confie Philippe Bernard, alors que la plupart se cachent ».

L’enquête suit son cours. En attendant, la mise en garde est passée. Elle passera encore plus bruyamment, ce vendredi, avec la distribution de tracts prévue, peu avant 14 heures, boulevard de Cluny, par les professionnels altiligériens.

* « les paroles s'envolent, les écrits restent » en latin

L'UFC Que choisir met en garde :

"Alerte aux arnaques dans le magasin éphémère de vente de meubles dans notre département

Récemment, en Haute-Loire, une société de vente de meubles (d’origine Perpignanaise) installée dans des locaux précaires a vu le jour Boulevard de Cluny, 43000 Le Puy en Velay. Cette enseigne n’est pas à sa première installation mais a déjà frappé sur le département.
 
L’enseigne de vente de meubles procède, sur un listing ciblé composé essentiellement de personnes âgées, à un démarchage téléphonique pour inviter les personnes à se rendre en magasin pour y retirer un cadeau de bienvenue.
 
Plusieurs consommateurs, sollicités par téléphone pour se rendre à ce magasin, ont apporté leurs témoignages. Ils ont accepté l’invitation par téléphone, puis ont reçu une « invitation clients privilégiés » par courrier pour retirer le fameux cadeau.

Ce cadeau, réservé à un couple, est composé d’un panier gourmand et un coffret duo céramique.  L’invitation précise que ces cadeaux sont à retirer en magasin et sans obligation d’achat.
 
Une fois les invités en magasin, les vendeurs ont recours à des pratiques commerciales agressives comme, par exemple, proposer des remises sur des prix gonflés.
 
A titre d’exemple, un adhérent a signé un bon de commande pour « deux canapés de 2 places en cuir vachette» pour la somme de 3800 €, après un rabais exceptionnel et des produits cadeaux (panier gourmand, aspirateur sans sac et un couteau céramique).

Avec des méthodes de vente agressives (mensonge sur la qualité des produits, sur le mode de paiement…) les vendeurs font obstacle à l’exercice du droit de rétractation de 14 jours (dont le consommateur bénéficie en cas d’invitation en magasin) en récupérant les invitations à l’entrée et livrant les articles le jour même.
 
Nous invitons tout consommateur s’estimant victime des pratiques de cet établissement à prendre contact avec notre association UFC QUE CHOISIR 43 :
 
UFC QUE CHOISIR
29, Bd Chantemesse
43000 Aiguilhe
Tél. 04 71 02 29 45
Ufc.quechoisir43@orange.fr
http://hauteloire.ufcquechoisir.fr
Ma: 8h30-12h / 14h-19h30
Me: 8h30-12h
Je: 8h30-12h / 14h-17h
Ve: 8h30-12h"

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