Matthéo : « Tu vois mon grand, les gens t'aiment »

Par Nicolas Defay jeu 02/12/2021 - 06:30 , Mise à jour le 02/12/2021 à 06:30

En hommage à Matthéo, parti à l’âge de 14 ans il y a tout juste un an, un lâcher de ballons a été organisé par sa famille ce 1er décembre à Espaly. Face à une foule nombreuse, c'est un discours de douleur, d'amour et de grande force qui a été partagé.

C'est vrai. Quand on perd un enfant, il n’existe pas de mot dans le dictionnaire pour caractériser cet état à contresens de la vie elle-même. Et c'est vrai que, même plus là, on le cherche encore quelque part. On l’entend encore quelque part. On le rêve toujours quelque part. Une odeur, un endroit, une musique, un éclat de rire...à chaque journée, ce sont des coups de poing qui déchirent sans relâche l'âme et le cœur.

Mais c'est vrai aussi qu'au milieu de cette tourmente innommable peuvent se dresser des montagnes de courage. Pour rendre hommage à Matthéo, sa famille a tenu en ce 1er décembre 2021 une poignée de mots devant plus de 300 personnes réunies dans la cité d'Espaly. Cette poignée de mots, partagée par la voix de son papa, s'est révélée être une vraie leçon de force humaine. « Tu m'as fait connaitre l'amour infinie, mon fils. Et tu m'as fait connaitre une peine infinie », lance-t-il devant les gens rassemblés dans la cour de l'école.

Cette marque éphémère qui restera gravée au fer rouge

Matthéo, ce garçon aux grands yeux bleus, est décédé mardi 1er décembre 2020. Ce jour-là, en route pour rejoindre son collège, il perd le contrôle de son deux roues sur la chaussée humide et froide de l’avenue d'Espaly-Saint-Marcel. Il percute la lame du chasse-neige arrivant en face. Et sa vie s’arrête alors. Comme ça. En un claquement de doigt.

Quelques minutes plus tard, de la peinture orange marque l’emplacement de son corps et du lieu de l’accident. Les forces de l’ordre prennent des photos. Les médias aussi. Et une famille se brise sur cette réalité. Cette anodine peinture orange qui parcourt les pages et les pixels des journaux pour quelque temps. Ce dessin tracé à la hâte. Ce contour que la pluie et le passage des voitures effaceront jour après jour. Cette marque éphémère restera gravée au fer rouge dans l’esprit et le corps de sa famille.

« Je suis si fier d'avoir été ton père »

« Ce jour du 1er décembre 2020, notre vie a basculé sur un coup du sort, souffle son papa. Nous savions qu'il était prudent et qu'il respectait les règles. Il voulait d'ailleurs être commissaire de police plus tard. » Luttant contre les sanglots, il continue doucement : « Souvent, il se demandait si les gens l'aimaient. Il se demandait si les gens l'appréciaient. Au vu du monde réuni ce soir, je peux te le dire une fois encore : tu vois mon grand, les gens t'aiment. Je suis fier de toi. Je suis si fier d'avoir été ton père. Et nous savons que tu es là-haut, quelque part, à veiller sur nous maintenant, comme un ange ».

« On fait le deuil de nous car on ne sera jamais plus les mêmes »

« Je ne vous cache pas qu'il est parfois dur de se lever le matin, de mettre un pied devant l'autre et d'avancer, confie le papa de Matthéo. Mais la Terre continue de tourner même pour nous. Ce que je peux vous dire, c'est de profiter des choses les plus précieuses que vous avez car on ne revient jamais en arrière. Profitez des bons moments et faites des photos de ces instants pour les garder à jamais avec vous ».

Sa maman écrira : « Je ne crois pas que le temps nous apaisera de son départ mais on lui a fait une promesse. C’est de tenir et d'avancer. On ne peut pas faire le deuil de son enfant. On fait le deuil de sa vie d'avant. On fait le deuil de nous car on ne sera jamais plus les mêmes ».

Le lâcher de ballons a été effectué dans la cour de l'école d'Espaly/Marcel.
Le lâcher de ballon a été effectué dans la cour de l'école d'Espaly/Marcel. Photo par Nicolas Defay

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1 commentaire

el

jeu 02/12/2021 - 12:02

très bel hommage à Mathéo parti bien trop tôt.