Marche pour le climat au Puy : la Marche d'après

Par T.Ch lun 10/05/2021 - 06:46 , Mise à jour le 10/05/2021 à 14:19

Dans la cité ponote comme dans plusieurs centaines de villes, on a défilé pour une marche d'après, marche pour dénoncer l’inertie du Gouvernement face à l’urgence climatique après l'adoption de la loi “climat et résilience”. Une loi qu'un peu plus de 250 personnes ont jugé insuffisante en marchant ce dimanche 9 mai 2021 au Puy-en-Velay. L'action s'est conclue par un pique-nique au jardin Henri Vinay.

Trois jours contre la déviation du Pertuis

Cette marche a été l’occasion pour le collectif La Lutte des Sucs d’annoncer trois jours d’animations sur le tracé de la future déviation du Pertuis / St-Hostien du 22 au 24 mai. Une manifestation partira du parking de Cluny au Puy samedi 22 mai, à 10h, pour demander l’arrêt du chantier.
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Chantons, déclamons, dessinons et peignons, dansons ce qui doit être sauvé” est un vers de Chloé Landriot, participante de cette marche d'après et membre des Résiliacteurs 43, qui a souhaité lire un poème de sa création. Son poème est rythmé par un vers qui revient comme un refrain “Nous ne nous lasserons pas”.

Comme elle, d’autres individualités ont tenu à s’exprimer en leur nom propre car pour elles, s’il est légitime que les organisations syndicales et les associations écologistes telles que FNE 43 (France Nature Environnement Haute-Loire), SOS Loire Vivante et les Résiliacteurs 43 qui ont organisé la marche, l’urgence climatique est le problème de tous mais aussi de chacun et le vote de cette loi issue de la convention citoyenne ne respecte pas les promesses faites.

“Une mobilisation correcte pour un dimanche”

C’est en tous cas l’avis de Francis Limandas, le nouveau président de FNE 43, élu en novembre à la place de Renaud Daumas, candidat aux régionales pour EELV. "Aujourd'hui on n'a pas fait de décompte mais il y a plus de gens que pour la précédente marche pour le climat c’est sûr. Vous me dites entre 250 et 300, ce doit être ça. En tous cas c’est assez satisfaisant si vous voulez mon sentiment”, analyse l’organisateur. Il poursuit : La dernière fois, nous avions choisi de ne pas suivre les dates du mouvement national pour préférer le samedi mais les gens nous ont fait comprendre que leur samedi matin était réservé au marché du plot, alors on a proposé de s’aligner sur les marches du dimanche afin d’éviter aux gens de se déplacer pour participer aux marches régionales. Ce serait ridicule de se déplacer avec des dizaines de voitures pour manifester et bien peu en phase avec nos préceptes. La dernière fois, on avait essayé de se déplacer en train mais faire un aller-retour vers Clermont Ferrand dans la journée relève de l’exploit un dimanche. C’est significatif”.

On voit beaucoup de très jeunes dans les marches pour le climat dans toute la France Photo par Th Chabanon

"Si elle s'appelle « la marche d'après », c'est parce que la loi climat est insuffisante"

Selon les organisateurs, cette marche vient alerter sur le constat d’une promesse du  président de la République non tenue. “Le Président de la République avait promis de reprendre les 150 propositions « sans filtre » dans la loi ou par décret. Mais cette promesse n'a pas été respectée. Encore une fois les décideurs manquent de courage, à moins qu'ils ne fassent preuve de cynismeUne fois le constat fait de l’irréversibilité du réchauffement climatique, il ne faut pas ne rien faire. Les politiques craignent, en prenant des mesures ambitieuses pour le climat, le retour d’un mouvement incontrôlable comme celui qui a déclenché celui des gilets jaunes avec le rejet de la taxe carbone, mais le pilotage qui est mis en place est une erreur car il ne prend pas la mesure des enjeux pour l’humanité tout entière", énonce le texte lu publiquement par le président de l’association environnementale.

Les prises de parole devant la préfecture pavoisée ce 9 mai 2021 Photo par Th Chabanon

À l'écologie punitive, ils préfèrent l'écologie positive

“Les aspirations à un monde d’après nées du premier confinement n’ont pas été suivies d’effets de la part de la majorité des gens”, déplore Francis Limandas, ”pourtant l’urgence climatique et l’urgence d’agir ne font plus de doute. Les conséquences du dérèglement climatique ne sont pas de la science fiction. La fonte de la banquise et les catastrophes climatiques sont une réalité, de même que la fonte du permafrost en Sibérie. La lutte pour notre survie et celle du reste de la nature telle que nous la connaissons doit être pensée comme un levier permettant d'aller vers davantage d'égalité et de justice sociales, au niveau local, au niveau national et au niveau mondialC’est le message que nous voulons porter dans cette marche. Nous demandons aux responsables et aux décideurs présents ou futurs d’agir.”
Ce que Chloé Landriot a traduit par ces vers :

Chloé Landriot a lu un poème de sa composition Photo par Th Chabanon

“Nous mettrons sous les yeux des hommes tant de beauté de notre monde que plus un seul n'aura le cœur de l'abîmer.

Quel amant peut jamais balafrer son aimée ?

Et nous proclamerons l'âge de la merveille

Qui est celui des cœurs ouverts sur la beauté d'ici.

Nous ne nous lasserons pas.

L'enjeu est mondial mais les actions peuvent être déclinées à tous les niveaux Photo par Th Chabanon

Tout ce qui n'a pas de valeur peut être détruit.

Et ce qui n'est pas célébré n'a pas de valeur.

C'est donc un devoir de célébrer ce qui doit être sauvé.

Je crois au pouvoir de la célébration.

Les bonnes destructions se font dans le silence.

Le silence de ceux qui détruisent.

Le silence de ceux qui laissent faire.

Alors chantons, déclamons, dessinons et peignons, dansons ce qui doit être sauvé.

Chantons les abeilles sauvages et nourricières, déclamons, un par un, les arbres généreux, dessinons les prés vivants et peignons les animaux, dansons les vieux chemins sous les pas des chevaux et des femmes, les vieux chemins des hommes et leurs murets complices.

Nous ne nous lasserons pas.

Nous dirons, un par un, les fruits noirs de la ronce, nous guetterons la martre et le hérisson brun, nous prendrons dans nos mains les blés de l'ancien monde, et nous les sèmerons.

Nous ne nous lasserons pas.

Nous dirons la rudesse du pays de nos mères, la puissance des herbes qui soignent, le secret des ruisseaux.

Nous avons notre langue.

Nous avons notre langue d'amour qui parcourt les vallées, qui vante les plateaux, qui courbe doucement le sommet rond des sucs.

Nous ne nous lasserons pas.

Nous dirons tout ce qui est beau.

Nous ne cacherons rien.

Nous mettrons sous les yeux des hommes tant de beauté de notre monde que plus un seul n'aura le cœur de l'abîmer.

Quel amant peut jamais balafrer son aimée ?

Et nous proclamerons l'âge de la merveille

Qui est celui des cœurs ouverts sur la beauté d'ici.

Nous ne nous lasserons pas.

Chloé Landriot

Cette coccinelle a participé à la marche depuis l'épaule de cette militante EELV
Cette coccinelle a participé à la marche depuis l'épaule de cette militante EELV Photo par A. Walker Zoomdici.fr

> Voir aussi : la galerie photo du photographe monistrolien Lucien Soyère sur www.rue43120.fr

 

 

 

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