Ligne SNCF Le Puy / Firminy : la fin (temporaire) du calvaire

, Mise à jour le 27/11/2020 à 05:53

C'est dans le cadre du Plan Rail Auvergne que ces importants travaux ont eu lieu et 48 millions d'euros ont été investis depuis février sur cette ligne, qui devait réouvrir le 1er septembre dernier... mais il aura finalement fallu cinq semaines supplémentaires pour achever les travaux.
Ils auront été l'occasion de renouveler 36 kilomètres de voie, de conforter les parois de cinq tunnels, de remplacer un tablier de pont et de refaire l’étanchéité de 19 ouvrages d’art. Aussi, plus de 30 sites ont fait l’objet de travaux de sécurisation des parois ou tranchées rocheuses, avec la mise en place de grillages plaqués et ancrés et d’écrans pare- blocs.

Les deux allers-retours directs quotidiens maintenus
Ce lundi matin, les élus se sont réunis pour couper le ruban et inaugurer la réouverture de la ligne, qui avait déjà repris son cours normal le lundi 6 octobre, avec onze circulations au départ de Saint-Etienne et dix départs du Puy-en-Velay. Le Conseil régional avait décidé de mettre en place des cars de substitution le temps des travaux (lire), en l'occurrence deux allers-retours directs quotidiens en 70 minutes. Ces derniers sont maintenus jusqu'au 13 décembre, "car le taux de remplissage est très important", a précisé le Président de Région, René Souchon. Le coût total de cette opération est évalué à 79 000 euros.
Anne Lambusson, directrice régionale (pour Rhône-Alpes et Auvergne) de RFF (Réseau Ferré de France) remercie les usagers de leur compréhension pour les cinq semaines de retard dans les travaux et justifie : "c'est une ligne unique, non électrifiée et de montagne, ce qui la rend particulièrement difficile d'accès". Plus de 1 000 personnes ont travaillé sur ce chantier, dont environ 250 en continu et "aujourd'hui, la ligne est plus silencieuse et plus confortable pour l'usager", ajoute-t-elle.

"La priorité des priorités" pour la Région
Ces travaux visaient donc à moderniser la ligne et à permettre de passer progressivement d'un entretien curatif de l'infrastructure vers une politique de maintenance préventive. Dans le cadre du Plan Rail Auvergne, 213 millions d'euros ont été consacrés aux investissements sur le réseau ferré auvergnat, avec une participation de 60 millions d'euros de l'Etat, idem pour la Région et 93 millions d'euros de la part de RFF. Cumulé au Contrat de Plan Etat Région (CPER) 2007-2013, la facture s'élève à plus de 400 millions d'euros.
"Cet investissement est très symbolique quant à la forte volonté politique du Conseil régional", a expliqué son Président René Souchon, "et cette ligne est pour nous la priorité, au coeur de la future région Rhône-Alpes Auvergne, avec près de 850 abonnés par jour et une fréquentation qui ne cesse d'augmenter, de 3 à 4 % par an en moyenne".
René Souchon explique au micro de Zoomdici l'important investissement de sa collectivité sur cette ligne et précise que pour le prochain CPER (2014-2020), 40 millions d'euros seront demandés à l'Etat pour cette ligne, "la priorité des priorités pour nous". Il observe au passage que la ligne des Cévennes est sa seconde priorité. Ecouter. {{audio1}}

----Sans fermeture de la ligne, c'est 30 % plus cher
Les travaux ont été réalisés en fermeture de ligne pour en optimiser le coût et l'efficacité. Si la circulation avait été maintenue (avec des travaux de nuit), le coût des travaux aurait grimpé de 30 % environ selon René Souchon.-----Des travaux nécessaires... et qui doivent être poursuivis
Pour les usagers, le calvaire aura donc duré environ huit mois. Nombre d'entre eux se sont d'ailleurs tournés vers le covoiturage, peut-être de façon permanente pour certains. "Ils en ont vu les contraintes mais ils vont commencer à en voir les améliorations", philosophe Michel Fuzeau, le préfet de la région Auvergne, "sans travaux, la ligne se serait dégradée et cet investissement était indispensable, surtout qu'il s'inscrit dans le renouveau du rail en zone périurbaine, avec une ligne dont la fréquentation ne cesse d'augmenter". Des travaux nécessaires donc... et qui doivent être poursuivis, notamment entre Le Puy et Monistrol-sur-Loire, même si aucune date n'est arrêtée. "Il faut d'abord trouver les financements", poursuit-il, notamment dans le prochain CPER.
Michel Fuzeau détaille la négociation à venir pour ce prochain CPER, qui devrait permettre d'importants travaux ferroviaires et routiers, mais les arbitrages restent à faire. Difficile donc de savoir si la ligne SNCF Le Puy / Firminy sera vraiment au rang des priorités, même s'il semble indiquer qu'elle le sera au moins parmi les travaux ferroviaires. Ecouter. {{audio2}}

Au terme des travaux, le trajet est plus long de 90 secondes
Anne Lambusson pour RFF confirme que les travaux doivent être poursuivis pour que la ligne soit pérenne, notamment entre Le Puy et Vorey-sur-Arzon et entre Bas-en-Basset et Monistrol.
En revanche, il semble plus compliqué d'expliquer comment, au terme de ces travaux, le temps de parcours entre Le Puy et Firminy a été augmenté de 90 secondes, pour revenir au temps de trajet initial à partir du 10 décembre prochain. Ecouter. {{audio3}}

Plus de concertation à l'avenir ?
Le maire du Puy-en-Velay, Laurent Wauquiez (UMP), a également souligné la dynamique très positive de la fréquentation de cette ligne avant de préciser : "l'allongement du temps des travaux a été très mal vécu par les usagers, particulièrement en période de rentrée scolaire... Il faudra plus de concertation à l'avenir".
René Souchon (PS) lui a rapidement répondu : "plusieurs comités de ligne ont été réalisés dans cette optique de concertation. En moyenne, on a une trentaine de participants, ce qui n'est guère représentatif par rapport aux 850 abonnés, il faut donc plus de participation pour de meilleurs résultats".

----"On a l'impression que c'est Châteaucreux qui fait sa loi"
C'est ce qu'a déploré le maire de Beauzac Jean Proriol, soutenu par l'ensemble des élus présents, qui a ajouté : "en Haute-Loire, on fait de l'omnibus, ça augmente les temps de trajet et à cinq heures du matin, ça énerve un peu...".-----"Ces chantiers doivent bénéficier en premier lieu aux entreprises locales"
Une autre ombre au tableau qu'a révélée le député-maire du Puy concerne l'attribution de ces marchés publics : "ces chantiers doivent bénéficier en premier lieu aux entreprises locales car sinon, on génère des déceptions fortes chez nos entreprises de travaux publics".
Anne Lambusson a tempéré : "il faut souvent des entreprises spécialisées car ce sont des marchés très techniques, mais ce sont exclusivement des entreprises françaises qui ont remporté ces marchés".
Un argument auquel Laurent Wauquiez a rétorqué : "ces entreprises ont recours à des sous-traitants, qui ne sont pas toujours français, alors qu'on peut mettre des clauses d'insertion pour éviter ce phénomène. Sur la ligne Le Puy / Firminy, tous ceux qui ont assisté aux travaux ont constaté qu'il y avait un important recours à une main d'oeuvre étrangère".
C'est le préfet de région Michel Fuzeau qui a conclu : "on fait la chasse aux sous-traitants illégaux, on sait qu'il y a des tricheries et on demeure vigilants, mais l'idée de mettre des clauses d'insertion est envisageable".

Maxime Pitavy

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