Les Papeteries d’Espaly en grève

Par Nicolas Defay mer 09/03/2022 - 12:00 , Mise à jour le 09/03/2022 à 12:00

Ce mercredi 9 mars, des drapeaux de FO et de la CGT ont décoré le panneau d’accueil des Papeteries d’Espaly. Étouffés comme beaucoup par une inflation qui ne cesse de grimper, les salariés demandent à la direction de répercuter cette augmentation sur leurs salaires. Mais la porte des négociations semble pour l’instant quelque peu rouillée.

95 %. C’est le taux de grévistes pour l’équipe du matin des Papeteries d’Espaly, selon les syndicats. Au total, les effectifs avoisinent les 145 salariés (dont près de 30 % d’intérimaires) répartis dans plusieurs postes comme la production, la maintenance, le service commercial ou encore l’expédition.

« Nous ne pouvons pas encore dire le nombre précis des personnes qui vont suivre le mouvement car la journée de travail est divisée dans un modèle de 3/8, admet Bruno Debard, délégué syndical de la CGT. Mais, au vu des tensions et du mécontentement des salariés, la grève sera assurément très suivie aussi par les autres équipes ! »

Zoomdici a contacté la direction. Elle s’est refusée à tout commentaire sur la situation actuelle et les phases de négociations à venir.

L'équipe du matin presque au complet pour suivre le mouvement de la grève.
L'équipe du matin presque au complet pour suivre le mouvement de la grève. Photo par Nicolas Defay

« Tant qu’elle n’avance pas ses pions, nous n’avancerons pas les nôtres ! »

Cette entreprise, l’une des plus emblématiques du département, n’est pas coutumière des grèves et des manifestations. « C’est vrai, lance Christian, également intégré au syndicat majoritaire. Mais là, il fallait vraiment réagir ! » Ce qui coince est la non concordance de l’inflation qui monte, avec les salaires qui eux stagnent. D’où une vraie baisse de pouvoir d’achat. « Hier, nous étions à la troisième réunion, partage-t-il encore. La direction est revenue sur nos propositions sans aucune avancée. Et tant qu’elle n’avance pas ses pions, nous n’avancerons pas les nôtres ! »

« Ceux du matin attaquent à 4 heures du matin et se lèvent donc vers les trois heures. Sans parler des salaires, les conditions de travail c’est bruit et chaleur. Il y a beaucoup de turnover, beaucoup de polyvalence, toutes ses adaptations qui ne sont jamais récompensées ni même considérées par la direction ». Bruno Debard, CGT.

« Le minimum serait que la direction répercute cette augmentation d’inflation automatiquement sur les salaires ! »

« Nous demandons des augmentations générales à hauteur d’un panier de 60 euros et de 1,5 % sur les salaires, précise Christian. Nous réclamons également 150 euros sur la prime vacance et diverses augmentations individuelles ».

Son camarade révèle, quant à lui, les arguments de la direction : « Elle se cale sur l’inflation de 2021, s’indigne Bruno Debard. Mais celle de 2022 a pris 3,5 % en trois mois et les experts annoncent du 5 % dans les mois à venir, notamment au premier semestre 2022. Le minimum serait que la direction répercute cette augmentation d’inflation automatiquement sur les salaires ! ».

L'équipe de midi aussi partisane de la grève que leurs collègues du matin.
L'équipe de midi aussi partisane de la grève que leur collègue du matin. Photo par DR

D’après les syndicats, la Papeterie d’Espaly tourne 85 millions de m² de matières par an ce qui représente 40 000 tonnes de carton dans l’emballage.

1 600 euros net après 40 ans d’ancienneté

« La direction est partie avec un niveau tellement bas dans le jeux des négociations, sans prendre en compte la conjecture actuelle, que ce n’était pas entendable pour nous, déplore Christian. Elle nous propose des augmentations en dessous de 1% alors que le taux d’inflation est presque 4 fois plus élevé. On ne pouvait pas en rester là. Ce n’était pas possible ! »

D’après les syndicats, un employé de base gagne environ 1 600 euros net...après 40 ans d’ancienneté. « De plus en plus de femmes arrivent dans les équipes et nous craignons qu’elles soient d’autant plus les victimes du gel des salaires, voir de baisse, par rapport à ceux des hommes qui sont déjà très bas », souligne-t-il encore. Son collègue de conclure : « Je pense sincèrement que les salariés ne vont cette fois pas se laisser faire ! Il faut que la direction en soit réellement consciente ! »

« Les Papeteries d’Espaly font partie d’International Paper, un groupe mondial qui compte plus de 50 000 salariés dans le monde. Donc je peux vous assurer que cette boite a les reins très solides ! » Christian, CGT.

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