Les journalistes sont-ils "tous des vendus"?

Par CSe , Mise à jour le 27/10/2023 à 09:32

À l'occasion de son schéma d'action départemental de la Lecture Publique, le Département de Haute-Loire organise pour la première fois, en partenariat avec la médiathèque départementale, une résidence journalistique. Objectif : éduquer aux médias et à l'information.

Du 6 octobre au 8 décembre prochain, quatre journalistes expérimentés sillonneront le département à l'occasion de cette résidence. Auprès d'établissements scolaires, d'EHPAD, de centres sociaux, de médiathèques, etc. ils auront le rôle d'éduquer petits et grands aux médias. 

Des ateliers, des conférences, des productions/restitutions seront ainsi organisés durant les deux prochains mois pour "tenter d'aiguiser son sens critique, tout en s'exerçant, car c'est en faisant que l'on comprend", souligne Guillaume Bouvy, l'un des quatre journalistes intervenants. Avec au total près de 60 animations qui sont prévues.

Des animations pour tous

Chacun d'eux est d'ailleurs issu d'une branche médiatique différente, "de manière à représenter l'ensemble des supports médiatiques" précise Brigitte Renaud, vice-présidente du Département, en charge de l’attractivité territoriale, du tourisme, des sports et activités de pleine nature, de la culture et du patrimoine, des projets touristiques.

De plus, cette résidence est organisée pour la première fois par le Département, ce qui lui permet un maillage du territoire plus large, puisque trois territoires, avec dix communes, se sont portés volontaires pour participer : l'Agglomération du Puy-en-Velay et les Communautés de communes du Haut Allier et des Sucs. 

Répondre à des préjugés

Cette résidence est l'occasion pour le Département et la médiathèque, de démonter les idées reçues sur le journalisme. Voici quelques éléments de réponse.

"Ce sont tous des vendus", "soumis à leurs actionnaires" 

Le bouleversement de la presse qui fait surtout suite à la numérisation de l'information, a nécessité davantage d'investissements pour les médias, nombreux sont ceux qui ont accepté d'être financés par des investisseurs. Cela ne signifie pas pour autant qu'ils contrôlent le contenu publié, généralement protégé par des "chartes d'indépendance".

"Ils sont dépendants de l'État qui les finance"

Par ailleurs, l'État intervient de deux manières dans le financement des médias, d'abord en étant propriétaire de certains médias de service public (Arte, France Télévisions, Radio France, RFI, France 24) ou encore par le biais d'aides à la presse.

Ce sont un ensemble de subventions directes ou indirectes nées après la Révolution Française, pour encourager l'exercice de la liberté de la presse. Celles-ci dépendent de critères objectifs, et non des gouvernements en place.

"Ils sont tous riches"

En réalité, Selon l'observatoire des métiers de la presse les revenus moyens bruts pour 2018 étaient de 3 600€ pour un CDI, 2 019€ pour un pigiste, 1 955€ pour un CDD.. Cependant, ce n'est qu'une moyenne. Celui-ci dépend, comme dans tout autre corps de métiers, du poste, des responsabilités, du type de média et de son support, du type de contrat, etc. 

"On regarde toujours les plus visibles, qui sont les journalistes de télévision, qui peuvent effectivement avoir des salaires plus importants", soulignait Guillaume Bouvy.

"Ils donnent trop leur avis"

Il est important de différencier deux types de publications : les éditos et les articles de presse. Les éditorialistes ont justement pour rôle d'écrire un papier d'opinion sur des thématiques généralement polémiques et souvent politiques.

À l'inverse, le journaliste se doit d'être neutre et donner l'occasion à tous de s'exprimer, y compris si son opinion personnelle ne corrèle pas avec la personne interrogée. 
La charte de Munich de 1971 ou "Déclaration des devoirs et des droits des journalistes" est une référence européenne concernant la déontologie du journalisme, en distinguant dix devoirs et cinq droits.
Parmi ceux-ci, on peut citer les plus importants

  • Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité.
  • Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique.
  • Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent.
  • Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents.
  • S’obliger à respecter la vie privée des personnes.
  • Garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement.
  • S’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation.
  • Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire

Les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d'enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction ou sa conscience.
 

"Ils ne montrent que le négatif"

Meurtres, accidents ou assassinats en tout genre, les histoires racontées dans la rubrique des faits divers attirent étrangement mais naturellement le lectorat, tout comme les sujets politiques et polémiques entrainent le plus de réactions. C'est pourquoi les médias, en recherche de visibilité, tendent à publier ce genre d'articles.

En revanche, de multiples "petits médias" fleurissent ces dernières années, prônant un journalisme positif et "de solutions". Une manière de réconcilier le public avec les informations, lorsque celui-ci se détourne d'une actualité trop morbide ou stressante.

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