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Le développement du tir sportif est-il seulement dû à l’intérêt pour la discipline ?
Depuis les dramatiques événements de 2015 en France et la mise en place de l’état d’urgence, le sujet est tellement tabou que toutes les personnes interrogées ont préféré garder l’anonymat. Selon des membres de la direction de clubs, l’intérêt croissant pour le tir sportif n’est pas seulement dû à un engouement pour la pratique sportive, mais aussi à une conséquence des attentats.
Un nouveau profil de tireur...
Si certains nouveaux inscrits montrent un réel intérêt pour la discipline, d’autres ont pour objectif de se procurer une arme légalement. Ce qui est confirmé par un armurier qui précise : « il y a une forte progression de la vente d’armes qui, de par leurs caractéristiques, sont plus destinées à la défense qu’au tir sportif ». Selon lui, « c’est un moyen, pour quelques-uns, de se rassurer, car on sent la montée d’un climat d’inquiétude, bien que nous leur expliquions qu’une arme à feu peut être dangereuse pour un utilisateur inexpérimenté ».
... Mais aussi de nouvelles vocations
Un de ces nouveaux tireurs s'est d'ailleurs pris de passion pour le tir sportif par ce biais : « je me suis inscrit après les attaques de janvier 2015 pour me procurer une arme, afin de pouvoir protéger mon foyer, mais j’ai découvert une activité passionnante, qui demande beaucoup d’application et de concentration. Depuis, j’essaye d’aller m’entrainer une fois par semaine ».
Un sport très sécurisé
Le tir sportif est accessible à tous et à toutes, dès 7-8 ans, car il ne nécessite pas de capacités physiques particulières, si ce n’est d’être en bonne condition, et il est même possible de participer à des compétitions au-delà de la soixantaine, car il demande surtout un bon contrôle mental et une capacité d’analyse. Les clés du succès tiennent dans la concentration, la planification, l'organisation, la réflexion et une bonne hygiène de vie. Les qualificatifs qui définissent le mieux les champions de la discipline sont : observateurs, résolus, positifs, dynamiques, patients, organisés, concentrés, motivés, enthousiastes et confiants.
Les débutants (qui n’ont accès qu’aux armes à air comprimé), sont toujours particulièrement encadrés par des moniteurs agréés. Ceux qui s’entrainent régulièrement développent la maitrise de soi, la concentration que demande la précision, la vigilance constante, sans compter la discipline vis-à-vis des règles de sécurité, l’attention et le respect des autres, car il n’y a pas de place pour l’inattention et l’imprudence.
C’est aussi un sport où les blessures au cours de l’entrainement ont un caractère exceptionnel. « Contrairement aux idées reçues, le tir sportif n'est pas classé dans la catégorie des "sport à risques", précise la FFT (Fédération Française de Tir). Les compagnies d'assurance, notamment, constatent que les accidents dans le cadre de sa pratique régulière sont rarissimes. Dans les stands, les tireurs sont encadrés par des moniteurs formés de manière rigoureuse au respect des règles de sécurité. ».
L’inquiétude des professionnels
Si les acquisitions se font dans un cadre légal, elles n’en provoquent pas moins une certaine inquiétude chez les professionnels qui craignent que l’augmentation du nombre d’armes n'entraine un durcissement de la législation, alors que Bruxelles cherche à s’aligner sur les pays européens les plus restrictifs.
S'armer pour pallier les lacunes des forces de l'ordre ?
« Il serait temps que les législateurs comprennent que les lois ne concernent que ceux qui les respectent. Comme un chauffard se moque des limitations de vitesse, celui qui se procure une arme illégalement se fiche complétement de la Loi », fait remarquer un membre du bureau d’une association d’amateurs d’armes qui signale que « toutes les armes utilisées dans les attentats sont issues d’approvisionnements clandestins, et ne peuvent venir du circuit commercial légal ».
Mais au-delà, on peut se demander si cette progression des licenciés ne serait pas révélatrice d’une crise de confiance dans les capacités de nos institutions à défendre les intérêts des particuliers, et d’une inquiétude face à l’avenir, d'autant que la région Auvergne n’est pas particulièrement confrontée aux problèmes de terrorisme ou de délinquance armée.
Eviter l’amalgame
« Les tireurs, les chasseurs et les collectionneurs qui détiennent des armes en toute légalité ne doivent pas être assimilés à des voyous ou des terroristes, ce qui se ressent pourtant dans les articles d’une certaine presse, qui cherche à faire croire qu’il est possible de se procurer une arme automatique dans les stands, ou qu’il est possible de remilitariser une arme neutralisée, c’est tout à fait faux. La neutralisation, validée par le Banc d’Epreuve de Saint-Etienne, est une transformation irréversible », tient à préciser ce membre de l’association d’amateurs d’armes.
----Classifications des armes
Catégorie « A » : armes strictement interdites, tir en rafales, réservées à un usage militaire.
Catégorie « B » : armes soumises à autorisation de détention délivrée par la préfecture, dont armes de poing ou armes longues, tir semi-automatique de plus de 3 cartouches, accessibles aux pratiquants du tir sportif suivant conditions.
Catégorie « C » : soumises à déclaration en préfecture, uniquement armes longues ou de chasse, réarmement manuel ou semi-automatique limité à 3 cartouches. Accessibles aux pratiquants du tir sportif, suivant conditions, et aux chasseurs disposant d’un permis de chasse valide.
Catégorie « D » : en vente libre ou soumises à enregistrement en préfecture.
-----Une législation adaptée pour limiter les dérives
L’acquisition d’une arme à feu est soumise à plusieurs conditions, variables suivant la catégorie de l’arme recherchée. Pour un chasseur, se procurer un fusil où une carabine de catégorie « C » (voir encadré) et les munitions correspondantes, demande la présentation d’un permis de chasse validé (le renouvellement de la validation est annuelle). Pour un tireur sportif, l’acquisition d’une arme de catégorie « B » nécessite, outre la production des documents administratifs habituels (carte d’identité, justificatif de domicile…), l’absence de casier judiciaire, l’inscription dans un stand de tir validé par la FFT, la présentation d’un certificat médical précisant l’absence de contre-indication (ou licence validée par le médecin traitant), la pratique de plus de six mois dans un club de tir agréé, la validation sur le carnet de tir de trois séances contrôlées, l’accord préalable de la FFT, l’accord de l’ARS (Agence Régionale de Santé), une enquête de proximité réalisée par les forces de l’ordre et l’aval de la préfecture. Ceci afin d'obtenir une autorisation de détention renouvelable tous les cinq ans selon les mêmes critères. La possession d’une armoire forte destinée au stockage permanent du matériel est aussi une condition obligatoire, et l’acquisition des munitions est limitée à 1000 par arme et par an.
Dans le cas de l’abandon de la pratique, la personne a l’obligation de se séparer des armes de catégorie « B », soit en les remettant à un armurier, soit en les cédant, sous le contrôle d’un OPJ (Officier de Police Judiciaire) ou d’un armurier, à un titulaire de l’autorisation adéquate.
N.S.
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