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La tension monte autour de la restructuration des groupes scolaires de Brioude

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:40

L’idée portée par la majorité municipale de fermer l’un des trois groupes scolaires de Brioude n’a jamais fait l’unanimité. Le 2 octobre 2015, déjà, parents d'élèves, agents territoriaux, enseignants et syndicalistes avaient manifesté leur inquiétude et leur mécontentement. En vain, puisque le 4 décembre dernier, l’équipe de Jean-Jacques Faucher prenait la décision de fermer Jean-Pradier et de redéployer les élèves à Jules-Ferry/Victor-Hugo et à la Borie-Darles.
Quatre mois plus tard, les opposants au projet sont plus remontés - et plus nombreux - que jamais. Syndicalistes, enseignants, parents, enfants, élus de l’opposition et autres Brivadois se sont réunis place Lafayette, samedi 26 mars, pour exiger le maintien et la rénovation des trois groupes scolaires ainsi que l’annulation pure et simple de la décision municipale du 4 décembre.
"Un projet ridicule fait avec une réflexion au doigt mouillé"
"Il s’agit de faire respecter l’intérêt général des enfants", a insisté Nicolas Roman, parent d’élève et porte-parole des manifestants. "Les enfants qui sont actuellement à l’école et ceux qui viendront par la suite, parce qu’une école du XXIe siècle, neuve pour trente ans, doit prendre en compte tous ceux à venir. Nous disons non à la mise à mort du centre-ville, non à l’abandon de la moitié de la ville à l’enseignement privé, non à un projet ridicule, fait avec une réflexion au doigt mouillé".
Quant à Guy Thonnat, secrétaire de la fédération FO de l'enseignement, il a tenu à dire "un mot sur la méthode". "Depuis le début, on tente de faire croire que toutes les décisions sont prises dans la concertation et le consensus", a-t-il soutenu. "C’est faux ! L’ensemble des personnels enseignants et des personnels territoriaux, avec leurs organisations syndicales, ont refusé dès le début ce projet et ont refusé de participer à toute réunion de mise en place".
« La décision du maire est inchangée »
S’appuyant sur la stabilité des effectifs et sur la pétition signée par plus de 2 400 personnes, les manifestants se sont ensuite rendus à la mairie pour réclamer à grands cris d’être entendus par le premier magistrat. Une délégation de cinq personnes a ainsi été reçue par Jean-Jacques Faucher et son adjoint aux travaux et à l’urbanisme, Maurice Roche.
"Nous sommes au regret de vous dire que la décision du maire est inchangée", a indiqué Nicolas Roman à l’issue de l’entretien, auquel la presse n’a pas eu l’autorisation d’assister. "Il faut continuer à se mobiliser. Les écoles sont encore ouvertes."
Tandis que Nicolas Roman engageait "toutes les personnes qui se sentent concernées par l’école et les finances de la Ville" à assister au conseil municipal programmé jeudi 31 mars à 18h, Jean-Jacques Faucher s’entretenait avec quelques parents dans le hall de la mairie, sans leur cacher son sentiment. "C’est minable d’utiliser des enfants pour une manifestation", a-t-il affirmé avant d’inviter les journalistes à faire le point dans son bureau.
----Recours. Un citoyen dispose de plusieurs types de recours afin de contester une décision prise par une administration comme une Ville. Le recours administratif s’exerce auprès de l’administration qui a pris la décision, afin qu'elle reconsidère le dossier. Le recours contentieux s’exerce auprès du juge administratif dans des délais très stricts : un administré a deux mois pour procéder à un recours.-----"J’ai un peu de mal à comprendre cette agitation quatre mois après."
"La délibération du 4 décembre était contestable au tribunal administratif et personne ne l'a contestée", a-t-il alors précisé. Ni les enseignants, ni les syndicats, ni les élus de l’opposition n'ont en effet déposé de recours. Et désormais, le délais de deux mois pour le faire est dépassé. "La décision a été prise et on n’y reviendra pas", a poursuivi Jean-Jacques Faucher. "Les choses roulent, les demandes de subvention ont été faites, la prochaine rentrée est préparée de façon précise et on avance selon le calendrier prévu. J’ai un peu de mal à comprendre cette agitation quatre mois après."
Elle s'explique, pourtant, cette "agitation" tardive. C'est la présentation du projet du programmiste, le 10 mars, qui a mis le feu aux poudres. Car ce schéma, bien qu’encore à l’état d’ébauche, ne correspond pas tout à fait à ce qui avait été annoncé, de l'avis des opposants. Pour eux, il s'agit même d'un "projet au rabais".
"La mairie avait promis de compenser la fermeture d’un site en créant deux belles écoles répondant aux pédagogies actuelles et assurant un accueil de qualité. Force est de constater qu’elle a menti", ont-ils écrit dans un communiqué. "Les travaux vont être minimes et vont même supprimer les points positifs dont disposaient les écoles."
"On peut prévoir une forte dégradation des conditions d'accueil"
Selon les manifestants, "les agrandissements prévus à la Borie-Darles n’envisagent pas de salles supplémentaires pour les prises en charge ou autre travail de groupes et se feront sur la cour de récréation qui s’en trouvera réduite". Comme sera réduite la salle de motricité de Victor-Hugo.
Quant aux travaux prévus à Jules-Ferry, qui doit à terme accueillir la moitié des élèves de Jean-Pradier, ils ont fait l'objet d'une question écrite de Françoise Verron lors du conseil municipal du 16 mars. "Aucune extension n’est prévue et les 170 élèves de la rentrée 2017 seront répartis dans les mêmes locaux que les 103 que compte l’école actuellement", a déploré l’élue de l’opposition Front de gauche, prévoyant "une forte dégradation des conditions d’accueil".
----Travaux à Jules-Ferry. A la rentrée 2016 débuteront les travaux à Jules-Ferry. Le redéploiement des classes de cette école a été présenté vendredi 4 mars, lors d'un conseil d'école extraordinaire. Deux classes seront transférées à Jean-Pradier élémentaire et trois, dont la CLIS, dans les salles associatives au-dessus de Victor-Hugo.-----Dans son intervention, Françoise Verron a aussi mis l'accent sur la suppression du gymnase, destiné à être transformé en salle d’accueil périscolaire. "Ce gymnase permet aux élèves de faire du sport dans de bonnes conditions et il est également utilisé par les élèves de Jean-Pradier et de la Borie-Darles", a-t-elle précisé. "Dans le futur, l’obligation de se rendre au gymnase municipal ou à la Halle des sports compliquera beaucoup les choses et sera couteux en temps et en argent, avec la nécessité de prendre des cars."
"Les travaux répondent bien à l'annonce qui a été faite"
Des affirmations auxquelles André Séguy, adjoint à l’éducation, a répondu en indiquant que les locaux de Jules-Ferry étaient actuellement sous-exploités. "Jules-Ferry propose sept salles de classe et seules quatre sont actuellement utilisées", a-t-il précisé. "Toutes ces salles seront utilisées et permettront de recevoir les élèves de Jean-Pradier sans perturber les conditions d'accueil."
Quant à la transformation du gymnase en salle d'accueil périscolaire, elle permettra aux enfants, selon l'adjoint au maire, de disposer "d'un lieu adapté, sachant que nombre d'entre eux y passent jusqu'à deux heures trente par jour, tous les jours, toute l'année."
"Les travaux réalisés à Jules-Ferry répondent bien à l'annonce qui a été faite d'écoles rénovées pour répondre aux besoins d'un enseignement moderne, d'un accueil de qualité pour un travail de tous les acteurs de l'école, dans un bâtiment remis aux normes", a conclu André Séguy. Sans convaincre l'opposition, qui n'a pas eu l'opportunité de réagir, les questions écrites n'étant pas suivies de débat, selon le règlement intérieur du conseil municipal.

I.A.

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