La nature (de l'Homme) reprend ses droits

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:05

Nous avons tous vu ces photos d'animaux sauvages se balader dans les rues des villes pendant le confinement, là où il y a quelques mois, ces visions relevaient juste de l'impossible. Si à Paris, les citadins ont découvert à nouveau le chant des oiseaux, les italiens le retour des dauphins (un chevreuil dans les rues du Puy-en-Velay), et les Chinois la couleur du ciel, certains promeneurs altiligériens sont tombés sur d'autres cadeaux bien moins reluisants. En pleine nature, sur les chemins, les routes, les bois, en bordure de rivière ou les parking, des dizaines de gants en plastiques blancs, des masques chirurgicaux, des fioles de solution hydroalcoolique ont été jetés là, négligemment, après avoir été utilisés. Si la pause du Monde a fait du bien à la planète, il semblerait bien que certains éléments de notre espèce, dite évoluée, aient décidé de recreuser un peu plus notre tombe à tous.

----Quelques chiffres concernant la santé de la Terre :
-Depuis le début de l'année, par rapport à la même période en 2019, les émissions mondiales de carbone ont baissé de 8,6%
-Début avril, une baisse journalière de 17% de CO2 a été enregistrée
-Le bilan annuel devrait se situer entre -4% et -7%, selon les modalités de sortie de crise et le maintien ou non de certaines restrictions.
-C'est le transport routier qui a le plus fortement contribué à la baisse des émissions de CO2 avec une part de 43% dans la réduction globale.-----Des attitudes incompréhensibles
Que ce soit dans les sous-bois de la commune de Mons, sur le parking de Kiabi à Brives-Charensac, dans les recoins de la promenade de la Borne du côté d'Aiguilhe ou encore sur les chemins sinueux de Polignac, des personnes ont pris en photo la preuve que tout n'est pas gagné sur le sujet de la protection de l'environnement. "Je n'arrive pas à comprendre, se désole Frédéric Rousset, l'un des photographes en question. Je suis partagé entre le désarroi, la colère et la tristesse. J'ai trouvé une dizaine de masques chirurgicaux posés sous l'un des ponts du chemin de la Borne. Certains flottaient même dans l'eau et qui sait combien ont été emportés par la rivière. J'ai ramassé ceux qui étaient à ma portée et j'ai tout mis dans une poubelle installée à moins de cinquante mètres de là. Ca me dégoûte littéralement. Vraiment, je n'arrive pas à comprendre ce genre d'attitude".

Egoiste et sans scrupule
Même sentiment de désolation de la part de Cynthia Gourbillon, propriétaire des clichés sur le parking de Kiabi à Brives-Charensac . "Pour moi c'est un manque de respect envers tout le monde et d'éducation, déplore-t-elle. Je trouve ça très égoïste de leur part. Les particules laissées sur les masques et les gants sont encore potentiellement contagieuses et c'est un risque de propagation inutilement causé par des gens sans scrupule. L'humain ne respecte rien et malheureusement même avec une amende ou autre chose cela n'y fera rien. Ces gens ne comprennent pas qu'ils détruisent tout, la vie et la nature. On leur dit qu'il y a des risques et ils s'en fichent royalement. Et un jour, nous allons tous payer pour ce que nous faisons subir à notre seule maison, la Terre".

"Pour ne plus avoir cette vision il faudrait sans doute sensibiliser les plus jeunes"
Sandra Barthelemy, patronne de O 5 Sens à Brives-Charensac, a partagé une photo montrant un tas de gants en plastique balancés au bord d'un bois dans la commune de Mons. "Pour moi ces attitudes sont intolérables, insiste-t-elle. Gants comme masques sont des déchets non recyclables et qui polluent la nature pour des années, sachant que pendant des semaines le manque de masque a été au cœur du problème de la gestion de Covid-19, du fait de leur rareté. C’est insupportable de les voir jeter ainsi négligemment. Les personnes agissent peut-être par peur de garder dans leur véhicule des déchets contaminés, mais aussi par facilité. Pour ne plus avoir cette vision il faudrait sans doute sensibiliser les plus jeunes, faire également des campagnes pour la population, mettre des points spécifiques pour "Masques et Gants" et si aucun résultat prévoir une verbalisation".

----Jeter les lingettes, gants et masques usagés sur la voie publique fait actuellement encourir au fautif une amende de 68 euros, qui peut être majorée de 180 euros (décret du 27 mars 2015).-----Accès aux déchetteries trop compliqué ?
En parallèle, outre le chant des oiseaux et le cri des animaux, certains promeneurs tombent nez à nez avec des surprises d'un autre acabit. Comme cette résidente de Polignac qui a souhaité rester anonyme et dont le cliché illustre parfaitement la bêtise de certains. La photographie décrit un tas de bâche blanche en plastique, des cartouches de silicone, des sachets de plâtre ou de crépis, le tout emberlificoté dans une teinture rouge non identifiée. Il est vrai que les mesures sanitaires ont compliqué les rendez-vous à la déchetterie. Quand, auparavant, aucune contrainte n'était imposée pour déposer ses immondices à la déchetterie la plus proche, il faut à présent montrer patte blanche. Décider d'un jour et d'une heure précise de rendez-vous, décliner au préalable les choses à jeter, ne pas compter sur quelqu'un de la déchetterie pour aider à décharger à cause de la distanciation physique obligatoire…toutes ces mesures ont peut-être incité certains à contourner le problème administratif en déposant leurs déchets aux soins de la nature et des animaux environnants. Un geste aussi injustifiable qu'irrespectueux pour tous.

Nicolas Defay


-Le communiqué de Brune Poirson, Secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire :

"Consignes sanitaires face au coronavirus : où jeter les masques, lingettes et gants ?
Depuis plusieurs semaines, la crise sanitaire du COVID-19 entraîne la recrudescence d’une pollution liée à des déchets d’un nouveau type : les lingettes, gants et masques usagés jetés sur la voie publique ou en pleine nature. Ces déchets potentiellement contaminés peuvent contribuer à la propagation du virus tout en affectant durablement notre environnement.
« A l'occasion de la journée internationale de la biodiversité, je tiens à alerter sur une importante pollution notamment marine à venir due aux masques, gants et lingettes jetés aujourd’hui dans la nature. Avec le vent et les cours d’eau qui charrient nos déchets, d’une certaine manière, la mer commence sur nos trottoirs. C'est pour cela que nous avons mis des moyens pour informer chacun des bons comportements à adopter en pleine crise sanitaire. Il existe des consignes précises pour se débarrasser de ces déchets, d’autant qu’à la pollution qu’ils génèrent s’ajoute un risque sanitaire accru pour les agents chargés de la collecte des déchets et du nettoyage des rues. » déclare Brune Poirson.
L'abandon des objets en plastique, comme les masques dits chirurgicaux en polypropylène, conduit à des impacts visibles (paysagers, touristiques et donc économiques) et invisibles. En effet, la très lente dégradation de ces déchets passe par de multiples phases de fragmentation pouvant entraîner la libération dans l'environnement de microparticules qui s'avèrent très mobiles et peuvent être transportées par l'air, par l'eau et sur de longues distances.
Pour prévenir ce risque sanitaire et environnemental, le ministère de la Transition écologique et solidaire a communiqué depuis plusieurs semaines les consignes à suivre impérativement pour jeter les masques, lingettes et gants, à savoir :
Ces déchets doivent être jetés dans un sac poubelle dédié, résistant et disposant d'un système de fermeture fonctionnelle. En aucun cas dans les toilettes. Lorsqu'il est rempli, ce sac doit être soigneusement refermé, puis conservé 24h. Après 24h, ce sac doit être jeté dans le sac poubelle à ordures ménagères. Ces déchets ne doivent en aucun cas être mis dans la poubelle des déchets recyclables ou poubelle "jaune" (emballages, papiers, cartons, plastiques).
Par ailleurs, des produits à usage unique comme les lingettes peuvent tout à fait être remplacées par des lingettes réutilisables.
Les consignes pour les masques en tissu, dits "masques grand public", qui ne sont plus utilisables (troués, déchirés...) sont les mêmes que pour les autres masques : les gestes à accomplir sont donc identiques. Quant aux lingettes, elles ne doivent pas être jetées dans les toilettes, afin d’éviter toute obstruction des réseaux publics d'assainissement.



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