L’Aide à domicile de Haute-Loire se renforce
La mort du lycée Auguste Aymard est programmée
Ce lundi 13 mai, le personnel du lycée professionnel Auguste Aymard à Esplay-Saint-Marcel s'est mis en grève en vue de la fermeture de l'établissement prévue pour 2027. Ce 2 mai, les membres du Rectorat, de la Région et de l'Inspection académique ont annoncé le transfert des formations vers le lycée Charles et Adrien Dupuy.
" Il ne s'agit pas d'un transfert puisque toutes nos filières sont supprimées et le site ferme en 2027", alarme l'équipe du lycée professionnel Auguste Aymard.
Le jeudi 2 mai, onze personnes représentant le Rectorat, la Région et l'Inspection académique se sont rendues dans les locaux du lycée professionnel d'Espaly-Saint-Marcel pour faire part au personnel du transfert de leurs filières programmé pour 2027. Les formations bois (Certificat d'aptitude professionnelle et baccalauréat professionnel technicien constructeur bois) ainsi que ICCER (Installateur en chauffage, climatisation et énergies renouvelables) actuellement proposées par le lycée Auguste Aymard, seront remplacées par un bac professionnel Modelisation 3D et un autre sur le patrimoine bâti et la charpente au sein du lycée Charles et Adrien Dupuy.
La fermeture de l'établissement professionnel n'a pas été annoncée explicitement, mais le corps enseignant se dit "ne pas être dupe", et interprète facilement l'insistance prononcée lors du jeudi 2 mai pour un suivi psychologique lui étant recommandé.
"Ils trouvent qu'on n'est pas rentable"
"Le seul argument est celui du déclin démographique", indique le personnel du lycée. "Ils trouvent qu'on n'est pas rentable. Aujourd'hui, être rentable, c'est avoir 35 personnes par classe", déplore Aurore Zilberman, une enseignante exerçant sa profession au lycée Auguste Aymard depuis 25 ans.
Au lycée professionnel d'Espaly-Saint-Marcel, les cours sont réalisés en petits groupes (15 en ateliers bac pro ; 12 en atelier CAP) pour respecter les conditions de sécurité et assurer le meilleur apprentissage possible.
En revanche, "les effectifs sont en hausse depuis trois ans, et l'établissement est complet par rapport aux places qu'on nous laisse", assurent les grévistes. Le lycée professionnel Auguste Aymard comptabilise environ 120 élèves. "Pourtant, seulement 60 d'entre eux, excluant les jeunes issus des plateformes d'insertion et les apprentis, sont comptabilisés par la région", informe l'ensemble de l'équipe du lycée. Pour celle-là, "l'argument démographique n'est pas satisfaisant".
"Le CAP en initial, c'est fini"
La transformation de ces formations fait naître une problématique double. Les CAP Menuisier Fabricant en initial et le CAP Métallier en apprentissage, uniquement proposés en Haute-Loire par le lycée Auguste Aymard vont disparaître sans être remplacés.
"Les débouchés pour les nouvelles formations proposées ont des débouchés beaucoup plus limités", constate le personnel du lycée. "Cela pose aussi un problème pour l'accompagnement des élèves", indiquent les professeurs. L'intégration de certains jeunes fragilisés à une classe en CAP pour se préparer au Bac pro sera alors aussi une option qui disparaît.
"Certains ont besoin de ces deux ans de CAP pour retrouver un rythme, un cadre, et de prendre confiance en eux", indique Aurore Zilberman. "Le CAP en initial, c'est fini. C'est pourtant essentiel.".
Le transfert, dont le déroulement n'a pas été expliqué aux équipes pédagogiques, est aussi une limite aux méthodes d'apprentissages. Des parcours scolaires, mais aussi des apprentissages sont proposés au lycée professionnel d'Espaly-Saint-Marcel. Pour les nouvelles formations qui devraient voir le jour au lycée Charles et Adrien Dupuy, "Ils veulent faire aller les élèves sur des chantiers, mais combien y a-t-il de chantiers ? Et ce n'est surtout pas autorisé en début de formation", s'inquiète l'équipe mobilisée du lycée.
"On ne peut pas laisser fermer un lycée comme ça. Ils ont tout ce qu'il faut pour travailler ici. Chaque année, ils réalisent un chef-d'œuvre, la classe se prend au jeu, et ils sont motivés pour partir ailleurs après", témoigne Laurent Chapuis, le professeur de menuiserie.
Un transfert réalisé sur 3 ans
Les formations déjà en cours et celles qui débuteront l'année prochaine au lycée Auguste Aymard se dérouleront "normalement, au sein de l'établissement", explique le personnel du lycée. Un des deux bacs pro qui sera accueilli par le lycée Charles et Adrien Dupuy sera d'abord ouvert à Espaly-Saint-Marcel avant d'être transféré.
David Gay, le proviseur de l'établissement devant recevoir les formations en 2027, ne souhaite pas donner de précisions sur ce transfert. "Le calendrier est encore éloigné, il y a bien d'autres choses à faire, comme l'intérieur du lycée", indique-t-il. La restructuration interne des locaux du lycée Charles et Adrien Dupuy prévue en 2025 "pourrait permettre d'accueillir les formations déléguées", émet-il.
Si le lycée Auguste Aymard se mobilise pour les élèves, des questions préoccupantes se posent aussi par rapport à l'ensemble de l'équipe du lycée. "Les professeurs seraient transférés à Charles et Adrien Dupuy, mais les agents ?" , s'inquiète Laurent Chapuis.
"Un abandon du service public"
Selon Aurore Zilberman, "il y a un abandon du service public, tout d'un coup, on nous lâche". Pour elle, "c'est un phénomène général", mais une incompréhension persiste : "Il y a de la réussite dans cette école, et il y a même eu une modernisation des locaux."
Environ 40 000 euros ont été déboursés par la région sur les dernières années pour de nouvelles machines, rien que dans l'atelier de menuiserie. "C'est des ateliers énormes qui vont fermer, alors que c'est merveilleux de travailler ici", lance le professeur de menuiserie.
Les enseignants, soutenus par les syndicats (FSU, UNSA, CGT, FO) s'opposent à la fermeture et "demandent le maintien de toutes les formations sur le site d'Espaly-Saint-Marcel et les moyens nécessaires pour assurer un fonctionnement digne".
Marie Gardès
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1 commentaire
Vraiment dommage qu'un lycée à taille humaine,aux formations qualifiantes,permettant d'accompagner des jeunes vers l'emploi risque de disparaître.Aucune réflexion à long terme,de l'argent public mal géré, c'est dommage que les décideurs aient une vision aussi restrictive.Pourquoi ne pas plutôt développer sur ce site de nouvelles formations qui répondraient au besoin de main d'oeuvre locale? Toujours détruire, supprimer, pour le regretter dans quelques années , pour reconstruire et dépenser un peu plus d'argent public c'est triste...
"Ouvrez des écoles vous fermerez des prisons" du Victor Hugo à méditer!