« La Kabylie a brûlé, mon village est meurtri, mon cœur est en flamme »

Par Nicolas Defay mer 25/08/2021 - 16:30 , Mise à jour le 25/08/2021 à 16:30

Le village Ait-Hague, à 120 km d’Alger, a succombé aux mâchoires d’un brasier sans précédent. Hacène Djerdi, commerçant bien connu de la cité ponote, a constitué une cagnotte en ligne pour aider les habitants de son village natal dans lequel il a vécu jusqu’à ses 15 ans.

69 décès selon les informations officielles. Près de 200 d’après des sources sur place. C’est le bilan provisoire des incendies qui ont broyé le nord de l’Algérie depuis le 9 août dernier. Hacène Djerdi, patron de l’enseigne Cosmopolite au Puy-en-Velay et principal acteur de l’Opération Solidarité Étudiants, pleure l’un de ses cousins, victime des flammes qui ont ravagé son village kabyle Ait-Hague. « Des images impressionnantes, des incendies que vous avez tous vu via les réseaux sociaux, des troncs calcinés, du bétail agonisant, asphyxié, effrayé », décrit Hacène Djerdi.

Il continue sombrement : « Je me suis rendu en Kabylie pour constater de mes propres yeux et acheminer des médicaments. Mon désarroi a été terrible surtout quand, à quelques mètres du carré familial, j’ai aperçu la tombe béante attendant l’inhumation de mon jeune cousin Djefel Malik, surnommé Abous, qui n’a pu échapper au feu en contrebas du village ».

Des nombreux éleveurs ont perdu leurs cheptels. Photo par DR

« J’ai foulé une planète inconnue »

Un horizon de mort, vide et livide, où la cendre recouvre comme un linceul gris cette terre autrefois drapée d’oliveraies. « Quelle désolation !, déplore Hacène Djerdi. Quelle désastre ! Pas un arbre n’a été épargné, pas un coin de terre. Mes repères habituels sont brouillés, le paysage n’est plus le même. J’ai foulé une planète inconnue. »

Le chant des oiseaux, le bourdonnement des abeilles, la fuite des lézards dans les herbes sèches...Tout n’est plus. La nature s’est arrêtée un instant, plongée dans un coma brûlant. « Quand je suis arrivé au village, j’ai vu de la cendre partout et quelques troncs d’arbres encore fumants, confie-t-il. Même les habitations les plus récentes n’ont pas résisté aux flammes ».

« Le chemin conduisant à notre maison est encombré de branches d’arbres calcinés. Je marche à travers les champs désertiques où, dans mon enfance, je chapardais des poires, des cerises et des figues. À présent, c’est une terre dévastée. À présent, c’est une terre à l’agonie ». Hacène Djerdi

Une terre calcinée, sans vie. Photo par DR

« Les corps des animaux d’élevages s’accumulent ici et là, carbonisés »

Le village d’Ait-Hague s’est vidé de sa population. L’électricité, le gaz, l’eau...rien n’est encore rétabli. « Certains errent sur place, toujours sous le choc, et d’autres ont trouvé refuge dans leur famille installée au cœur de zones épargnées, partage Hacène Djerdi. Dans les maisons, les corps des animaux d’élevages s’accumulent ici et là, carbonisés ».

Il explique que nombre d’habitants ont ainsi perdu leurs seules sources de revenus. Les arbres fruitiers, les oliveraies, les produits d’origine animale...le brasier a détruit un lieu, mais aussi le présent et l’avenir des agriculteurs, légion dans ce morceaux de Kabylie.

Concernant la cagnotte

Pour aider Hacène Djerdi et son association, vous pouvez :
> cliquer ce LIEN.
> déposer votre don à l’antenne locale de l’association au 15, rue du Pouzarot au Puy-en-Velay.
> rencontrer Hacène dans sa boutique au 48, rue Chaussade au Puy.
Contact : aithaguoisdefrance@gmail.com et 06 11 74 15 57

« Mon village ne veut pas mourir ! »

« Mon village Ait-Hague, situé dans la commune d’Irdjen à Larbaa Nath Ieathen, ne veut pas mourir ! », lance Hacène Djerdi. Pour aider les populations, il rappelle l’initiative proposée par l’Association des Aithaguois de France et d’ailleurs.

« Nous avons mis en ligne une cagnotte solidaire, annonce-t-il. La totalité de l’argent récolté est destinée aux villageois pour remettre en état l’école primaire très endommagée et rééquiper le dispensaire. L’argent servira aussi à reconstruire et reboiser Ait-Hague afin que les paysans puissent retrouver leurs outils de travail ».

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1 commentaire

la

mer 25/08/2021 - 16:49

De tout coeur avec ce commerçant ponot originaire d'Algérie.