Isabelle Valentin soutient la pénalisation de l’écriture inclusive

Par A.Wa lun 29/03/2021 - 11:41 , Mise à jour le 29/03/2021 à 11:41

La députée du Puy - Yssingeaux Isabelle Valentin (Les Républicains) fait partie des 41 signataires d’une proposition de loi visant à interdire et à pénaliser d’une amende (de 3 750 euros, portée à 5 000 euros pour un.e enseignant.e dans l’exercice de ses fonctions) l’usage de l’écriture inclusive dans les administrations publiques et les organismes en charge d’un service public ou bénéficiant de subventions publiques, y compris les associations et entreprises.

Les auteurs de la proposition sont la députée de la Drôme Emmanuelle Anthoine (LR), le député des Bouches-du-Rhône Guy Teissier (LR) et le député du Vaucluse Julien Aubert (LR). Reprenant des arguments de l’Académie française, ils affirment que cette écriture nuit à l’apprentissage de la langue, notamment pour les enfants souffrant de dyslexie et/ou de dysphasie. 

Voici leur proposition d’article de loi :
« Art. 7‑1. ‒ L’usage de l’écriture inclusive est interdit, dans l’exercice de leurs fonctions, aux représentants, fonctionnaires, contractuels de droit public et de droit privé des personnes morales de droit public et des personnes morales de droit privé en charge d’une mission de service public ou bénéficiant de subventions publiques. 
La méconnaissance des dispositions du précédent alinéa est punie de 3 750 euros d’amende. Cette peine est portée à 5 000 euros d’amende lorsque cette méconnaissance est le fait d’une personne en charge de l’exécution du service public de l’enseignement primaire, secondaire ou supérieur.
Pour l’application du présent article, on entend par écriture inclusive les pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine.
»

> Voir les motifs de la proposition de loi

Pour la linguiste Eliane Viennot, l’écriture inclusive n’est pas nouvelle. Elle remonte au moins aux discours du Général de Gaulle, qui commençaient par « Françaises, Français ». Dans un article paru dans The Conversation, la professeuse émérite de littérature française de la Renaissance de l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne explique : « Le langage inclusif n’est nullement réductible à une typographie spécifique, comme celle des points médians, et il peut même s’en passer tout à fait. Rien ne m’oblige à écrire « les Français·es » : je peux écrire les deux mots en toutes lettres, en reproduisant ce que je fais à l’oral. Simplement, c’est plus rapide à écrire, et ça prend moins de place. Les abréviations sont faites pour cela, depuis que l’écriture existe. Jusqu’à présent, elles servaient à raccourcir des mots (Dr, M., Mme…). Là, il s’agit d’écrire deux mots en un seul. À besoin neuf, réponse neuve – même si cela fait une vingtaine d’années qu’on bricole pour savoir comment faire au mieux, et quel signe est le plus adapté pour noter cette abréviation-là.
Le point milieu, ou médian, n’est que le meilleur des candidats expérimentés, après les parenthèses, les traits d’union, les E majuscules et les points bas, en raison de sa discrétion, de son insécabilité, de son emploi nouveau et spécifique à cet usage (et donc dénué de connotations positives ou négatives). Quant à son utilisation, elle laisse encore à désirer. Les années qui viennent verront certainement sa simplification (le second point dans les mots au pluriel est à oublier, c’est un simple héritage des parenthèses). Et aussi sa restriction aux termes très proches morphologiquement (« artisan·es » et « ouvrier·es », mais pas « acteur·rice »). C’est le seul débat qui, dans un contexte apaisé, c’est-à-dire informé, aurait dû avoir lieu.
 »

 

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Vos commentaires

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3 commentaires

CO

mar 30/03/2021 - 15:46

Les propositions de loi soutenues par MMe Valentin trahissent de plus en plus ses véritables penchants politiques. Anti-migrants, anti-lgbt, anti-écologie etc..
Pour séduire un électorat vieillissant et plutôt tourné vers l'extrème droite, elle s'acharne sur des souffre douleurs déjà trouvés et entretient la peur des autres.
Réveillez-vous Isabelle. Le monde change, il est beau mais menacé par la haine attisée par vos propositions de loi. Soyez ouverte et tolérante et renseignez vous si vous ne connaissez pas votre sujet.

st

mar 30/03/2021 - 11:44

5000 euros d'amende pour les profs... Quel job formidable...

du

lun 29/03/2021 - 13:33

Madame la Députée a de très surprenants sujets de préoccupation. Qui veut-elle punir avec cette proposition de loi ? La langue est le reflet des usages et ne se soumet jamais à la volonté idéologique de la modifier. Si nous écrivons aujourd'hui en incluant tous les genres et en évitant d'en privilégier aucun, c'est précisément parce que notre rapport à la différenciation de genre a changé. Que la langue française soit complexe, c'est un fait et c'est ce qui fait sa beauté. Toutes les tentatives idéologiques de la simplifier ont échoué, tant mieux. Elle continuera à évoluer, n'en déplaise à Mme Valentin.e.