Grande Guerre : 3 200 hommes quittent Le Puy... Dix jours plus tard, ils sont 1 700

, Mise à jour le 27/11/2020 à 05:53

Fêter l’anniversaire d’un traité de paix pour ne pas oublier la guerre. Ce mardi 11 novembre, les Français se rappellent que près d’un siècle auparavant, les Alliés et l’Allemagne signaient l’armistice qui mettait fin à quatre années de massacre. Mais quand les familles de Haute-Loire évoquent le souvenir de la Première guerre mondiale, elles n’ont pas en tête ce wagon de Rethondes, en forêt de Compiègne (Picardie), où les deux camps se sont mis d’accord sur un cessez-le-feu. Elles repensent, en premier lieu, à cette bataille de Baccarat, en Lorraine, où des centaines d’hommes du département ont perdu la vie le 25 août 1914.

94 corps empilés sur le pont
Des centaines, oui. Combien exactement ? Selon les différents articles sur le sujet, les chiffres diffèrent. L’historique de la bataille, rédigé le 14 avril 1964 par le commandant Boucher, permet d’y voir plus clair. Le 14 août 1914, les 3 200 hommes du 86ème régiment d’infanterie quittent la caserne Romeuf du Puy-en-Velay. Certains sont des montagnards de Haute-Loire, d’autres viennent du Cantal et du reste de l’Auvergne. Une dizaine de jours plus tard, ils ne seront plus que 1 700 à tenir debout. Du 14 au 24 août, le régiment enregistre 850 pertes ; acculés par les forces allemandes, les soldats de la compagnie du Velay sont contraints de se replier jusqu’à Baccarat (Meurthe-et-Moselle). Mais la ville et son grand pont, dans cette région frontalière, constituent un enjeu stratégique qui mérite d’être défendu.

Près de 850 morts en 18 heures
Le 86ème RI fait face le 25 août et s’engage sur le fameux pont qui enjambe la Meurthe. Devant les mitrailleuses d’un ennemi dix fois supérieur en nombre, le régiment du Puy-en-Velay fait pâle figure. Le bilan est terrible : le pont de 12 mètres de large est jonché de corps, autant de blessés que de tués. 94 cadavres y sont récupérés. Le cœur de Baccarat est en partie détruit et incendié. Les habitants qui avaient échappé à l'annexion de 1871 passent sous la botte allemande. « J’ai fait le calcul : en 18 heures d’affrontement, le 86ème RI a compté entre 800 et 850 nouvelles pertes », estime Georges Michel, cet habitant de Saint-Germain-Laprade qui porte la casquette de délégué pour le souvenir français en Haute-Loire. Après cette journée meurtrière du 25 août, les corps s’empilent : la compagnie qui a quitté la caserne ponote a perdu 50% de ses hommes en dix jours.

Un carnage oublié
Mais Baccarat n’est pas un cas unique. Alors que cette campagne de Lorraine est omniprésente dans les esprits ponots lorsque le souvenir de la Grande Guerre est évoqué, un épisode encore plus sanglant est tombé dans l’oubli. « Je me bas pour faire reconnaître une autre bataille terriblement meurtrière. » Le délégué pour le souvenir français en Haute-Loire évoque le 12 décembre 1914, date durant laquelle le 286ème régiment d’infanterie, réserve du 86ème RI composée à 70% de soldats de la Haute-Loire, a été décimé en un claquement de doigts. En une après-midi, dans le petit village de Seicheprey, en Meurthe-et-Moselle, le régiment a perdu… 990 hommes.

La bataille de Seicheprey plus meurtrière que Baccarat
« C’est un massacre qui a eu beaucoup plus d’impact sur la Haute-Loire ! Au Puy, on commémore Baccarat... très bien, mais on a tendance à oublier que la bataille de Seicheprey a été beaucoup plus meurtrière en nombre d’Altiligériens. » Cet « oubli », Georges Michel ne sait pas vraiment l’expliquer. Le petit village meurthois (119 habitants recensés en 2011) n’aurait peut-être pas les moyens d’en honorer dignement la mémoire, à l’inverse de la commune de Baccarat (4 584 habitants en 2011) qui le fait, en toute logique, chaque année. Nul doute que le Sangerminois profitera de cette journée d’hommage pour mettre en lumière cette zone d’ombre.

Au Puy, trois cérémonies
Un hommage en trois temps. Ce mardi, au Puy-en-Velay, Georges Michel accompagnera officiels et représentants des anciens combattants de Haute-Loire pour la cérémonie du 96ème anniversaire de l’armistice. À 10h50, il déposera une gerbe au carré militaire du cimetière du Puy, avant de rejoindre la cérémonie organisée devant l’hôtel de ville à 11h50. À 12h15, une remise de médailles est prévue en préfecture. Une journée qui conclut une année de commémorations pour le centenaire de le Grande Guerre. Georges Michel en est forcément ému : « On ne peut pas rester insensible devant la catastrophe qu’a été l’année 1914. 300 000 morts sur les cinq premiers mois de guerre, vous imaginez ? »

A.L.

  • Un mois spécial 14-18 au Monastier

L'Espace Culturel Européen du Monastier-sur-Gazeille organise un mois de novembre spécial centenaire de la guerre 14-18.
Parmi les événements, le spectacle « Gloire à?... » (photo ci-dessus), ce vendredi 14 novembre 2014, à 20h30 à l'auditorium C. Falcon, par le Théâtre des 33 et le Lazzi Serpolet Théâtre.
D'une génération à l'autre, les comédiens nous emmènent du monument et ses commémorations actuelles aux temps de l'occupation ainsi qu'au fonds des tranchées. Dans un tourbillon de mots et de musiques, donnant corps aux questions et aux doutes, à la sincérité des engagements et à l'héroïsme discret, le spectacle s'attachera à faire vivre la parole de ceux qui ont combattu.
> Voir le programme du mois spécial 14-18 au Monastier

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