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Brioude

Fusion Auvergne Rhône-Alpes : « Lyon va nous bouffer »

dim 03/04/2016 - 20:44 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:40

C'est un témoignage à contre-pied du "main stream" car la plupart se félicitent de cette fusion. Mais Pierre Pascallon se fait du souci. Au lendemain de la fusion Auvergne-Rhône-Alpes, l'ancien député-maire d'Issoire redoute que sa région ne soit phagocytée par « le mastodonte rhônalpin ». Il a exposé ses craintes et proposé des pistes pour éviter le déclin de l’Auvergne, mardi 29 mars, à la mairie de Brioude.
« En se rapprochant de Rhône-Alpes, on intègre une grande région puissante et efficace mais je vois beaucoup de motifs d’inquiétude et d’interrogations à cette fusion », a confié l'ancien professeur d'économie à l'Université d'Auvergne.
« On nous dit que nous nous accrochons à une locomotive qui va nous entrainer vers des sommets en termes de croissance. On nous dit que l’horizon est rose. On nous dit que d’ici 2020 Clermont-Ferrand sera devenue la Grenoble de l’Ouest. Promesses, promesses et promesses ! Il y a aussi des risques réels et les promoteurs de la réforme ont tendance à les minimiser, pour ne pas dire à les passer sous silence ».

----Petit historique
« On parlait de réforme territoriale régionale depuis des décennies », a rappelé Pierre Pascallon. « Dans les années 80, on regardait du côté du Massif Central, mais il aurait fallu redécouper les régions existantes. Dans les années 2000, beaucoup ont plaidé pour une région Auvergne-Limousin, mais les milieux économiques ont objecté qu’on ne pouvait pas créer une grande entité en fusionnant deux petites régions faibles. Voilà comment on en est arrivé à la fusion Auvergne Rhône-Alpes. C’était un choix quasi obligé mais pas complètement illégitime ».-----Une perte d'identité pour Clermont-Ferrand
Des risques en termes d’emploi, pour commencer, ne serait-ce que dans le secteur public. Pierre Pascallon prévoit ainsi la suppression de 1000 postes d’ici 4 à 5 ans. « Toutes les directions régionales de l’Etat commencent à être exécutées », a-t-il affirmé. « En outre, quand on a 2 pôles, il y a attraction de la part du plus fort et un risque de déclassement de Clermont-Ferrand en termes de postes de commandement des entreprises privées ».
Bref, selon Pierre Pascallon, Lyon, dont « le dynamisme et la puissance sont extraordinaires », pourrait bien écraser Clermont-Ferrand. Et le fait que cette dernière perde son statut de capitale régionale lui reste aussi en travers de la gorge. « Ça, ça ne passe pas », a-t-il avoué. « C’est une perte d’identité que j’ai du mal à accepter ».

Mettre en place une puissante métropole multipolaire
Pour que l’Auvergne tire son épingle du jeu et « ne subisse pas le nouveau monde qui se dessine », Pierre Pascallon préconise de renforcer les liens entre les villes du sud et de développer une réflexion territoriale élargie au Val d’Allier. « Nous avons l’ardente obligation d’accélérer la mise en place d’une puissantemétropole multipolaire », a-t-il insisté.
« C’est capital. Le choix idéal de l’aire urbaine la plus structurée, sur laquelle bâtir la métropole, c’est d’évidence le Val d’Allier de Vichy à Brioude. Il faut accélérer la gestion de cet espace pour le rendre plus cohérent et plus unitaire, car aujourd’hui c’est encore l’émiettement. Des efforts sont faits pour renforcer les intercommunalités du secteur, notamment avec le syndicat mixte Métropole Clermont Vichy Auvergne, mais on ne va pas assez loin et on ne va pas assez vite. On est dans une situation d’urgence. Si on reste encore 10 ans comme ça, Lyon, le mastodonte, va tout manger ».

Et en pratique ?
Mais comment faut-il s'y prendre, concrètement, pour aller plus loin et plus vite ? Pierre Pascallon a invité l’auditoire, interrogatif, à se reporter à son dernier ouvrage, Quel avenir pour Clermont-Ferrand et l'Auvergne à l'heure de la fusion Auvergne-Rhône-Alpes ? (éditions ACVAM).
« J’y fais des propositions précises pour renforcer les filières des TICE et de l’environnement, sur lesquelles on est très en retard », a-t-il conclu. « Le chemin est difficile, peut-être impossible, mais c’est l’impossible, j’en suis persuadé, qui est pour nous le chemin ».

Métropolisation
La démarche de métropolisation initiée en 2012 a abouti à la création du syndicat mixte Métropole Clermont Vichy Auvergne. Objectif : créer un pôle métropolitain autour de l’axe Val d’Allier Limagne, pour renforcer le dynamisme du territoire dans les domaines de la mobilité durable, de la santé, de l’innovation, de l’offre culturelle, sportive, touristique…
La Communauté de communes du Brivadois est aujourd’hui membre du Conseil métropolitain, où elle est représentée par Jean-Jacques Faucher, son président, et Danièle Gilbert, maire de Cohade.

I.A.

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