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Fabriqué en Haute-Loire, ce boîtier "bloque 99% des appels indésirables"
En Haute-Loire, on n'a peut-être pas de pétrole, mais on a des idées. David Montchovet, 26 ans, en est un nouvel exemple. Alors qu'il était encore étudiant en deuxième année en Génie électrique et informatique industrielle à Saint-Etienne, il a confectionné ce boîtier pour bloquer les appels indésirables.
"Je vais vous bricoler quelque chose", répond-il à ses parents agacés
"À l'époque, j'avais fréquemment mes parents au téléphone et ils se plaignaient constamment que le téléphone ne s'arrêtait jamais de sonner", nous confie-t-il. Tantôt pour des panneaux solaires, tantôt pour des travaux d'isolation, etc.
"Je vais vous bricoler quelque chose, je pense pouvoir y arriver", leur répond-il et finalement "ça marchait déjà pas mal et avec le bouche à oreille, on en commencé à m'en demander d'autres et c'est comme ça que ce sont vendus les premiers Clibases".
Bloctel : un système dont l'efficacité est "à peu près nulle, et je suis plutôt gentil"
Il existe pourtant d'autres systèmes, notamment Bloctel, entré en vigueur en juin 2016, mais force est de constater qu'il ne fonctionne pas du tout à la hauteur des espérances. Un système dont l'efficacité est "à peu près nulle", selon David Montchovet, "et je suis plutôt gentil". Il s'agit en effet d'un dispositif gouvernemental visant à interdire aux centres d'appel français d'importuner les personnes en ayant fait la demande. Reste tous les centres d'appel situés à l'étranger, et ils sont légion (notamment au Maghreb). Face à cet échec, les associations de consommateurs et le gouvernement viennent de réagir.
----Les plaintes sont en constante augmentation, une hausse de 20 % entre août 2018 et août 2019, soit 1 770 plaintes de consommateurs recensées sur le seul secteur de la rénovation énergétique par la DGCCRF (Répression des fraudes).-----Une pétition de près de 300 000 signatures et une proposition de loi en deuxième lecture ce jeudi
Il faut dire que l'actualité est particulièrement chargée en la matière. Des associations de consommateurs ont lancé une pétition le 20 janvier dernier contre le démarchage téléphonique, appelant les pouvoirs publics à interdire cette pratique qu'elles jugent "intrusive et non désirée par le consommateur". Les associations demandent d'interdire "purement et simplement cette pratique". En moins de dix jours, près de 300 000 personnes l'ont déjà signée.
Cette initiative intervient au moment où l’Assemblée nationale se prépare à discuter le 30 janvier prochain, en deuxième lecture, d’une proposition de loi sur ce sujet. Il serait question de l'interdire en matière de rénovation énergétique, a annoncé ce lundi 27 janvier 2020 la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, Agnès Pannier-Runacher.
"L'appui sur la touche étoile, c'est tout bête, mais aucun centre d'appels ne le fait"... ni les robots
Le jeune Altiligérien affirme proposer un modèle capable de bloquer 99 % des appels indésirables, "s'il est configuré en mode liste blanche avec vérification des inconnus", précise-t-il, "car il faut appuyer sur la touche étoile et seules les personnes ayant vraiment besoin de vous joindre vont le faire". Exclus les robots donc, qui sont souvent des automates rattachés à des centres d'appel et qui ont sinon pour fonction de tester votre présence, en établissant des statistiques sur les heures où vous êtes présent chez vous pour réussir à vous joindre.
Exclus aussi directement les centres d'appels car "ils ont un casque sur les oreilles et un écran d'ordinateur et ne peuvent pas appuyer sur la touche étoile et quand bien même l'un d'eux aurait un vrai téléphone face à lui, ce qui n'est jamais le cas, ils ont des consignes en interne qui leur interdisent ce genre de manipulation car ça peut les reconduire sur un numéro surtaxé".
----Il existe un boîtier à 55€ et un autre à 80€. Il suffit de le brancher entre votre téléphone et la prise murale et choisir son mode de filtrage. Notons que cet équipement n'est pas compatible avec les téléphones portables, où l'on a moins de démarchages, même s'il y a petit à petit un glissement vers le cellulaire.-----Plus de 80 % de la production en Haute-Loire et un marché qui s'étend à toute l'Europe francophone
Le jeune homme de Saint-Just-Malmont a lancé son activité en 2013 et la production ne cesse d'augmenter, jusqu'à atteindre environ 300 boîtiers par mois, "sachant qu'on n'a jamais fait aucune publicité nulle part", précise-t-il, "ce n'est que le bouche à oreille". Une activité qui fonctionne bien, et de plus en plus, face à un phénomène qu'il qualifie aujourd'hui de "fléau".
Il s'occupe de la partie gestion, seul, et opère en sous-traitance pour "plus de 80 % de la production en Haute-Loire" : à Saint-Ferréol-d'Auroure, au Mazet-Saint-Voy et à Saint-Just-Malmont. Il exporte ensuite ses boîtiers partout en Europe francophone ainsi que dans les DOM-TOM. Il est seul en France (à sa connaissance) à produire ce type d'équipement et le marché se partage avec deux autres concurrents, un en Angleterre et un aux Etats-Unis.
Les mesures envisagées par le gouvernement
Le démarchage téléphonique pourrait être encadré et soumis à des plages horaires pendant lesquelles il est autorisé (du lundi au samedi uniquement sur les heures de bureau). En cas d’abus caractérisés, les personnes physiques et morales pourraient se voir infliger des sanctions financières 25 fois plus élevées (jusqu’à 75 000 € d’amende pour une personne physique, 375 000 € pour une entreprise). Agnès Pannier-Runacher a aussi annoncé que la DGCCRF allait généraliser le recours au « Name and Shame », en identifiant publiquement les entreprises ne respectant par la réglementation sur le sujet.
Le risque de "faire crever le peu de centres d'appel qu'il y a encore en France", au détriment des "centres d'appels qui n'ont aucun scrupule et domiciliés à l'étranger"
Interrogé sur ces mesures, David Montchovet répond : "c'est plutôt bien pour le consommateur, même si pour nous, ça va peut être se traduire par une baisse des ventes. Après on le sait tous : c'est très difficile de réguler ce secteur là, déjà pour des raisons économiques mais surtout parce que lorsque les appels arrivent de l'autre bout du monde, on ne peut pas envoyer notre police ou notre gendarmerie fermer un centre d'appel qui se situe à 4 000 kilomètres".
Autrement dit, pour lui, "comme toutes les précédentes tentatives, j'ai peur que ça n'aboutisse pas sur grand chose, si ce n'est comme Bloctel, de faire crever le peu de centres d'appel qu'il y a encore en France car ces derniers financent le fonctionnement de ce dispositif, ce qui leur fait des charges supplémentaires alors que les centres d'appels qui n'ont aucun scrupule et domiciliés à l'étranger prennent les plus grosses parts de marché. À mon sens, c'est vraiment une grosse bêtise", conclut-il.
Maxime Pitavy
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