École de Corsac : « Croyez-moi, on ne va rien lâcher ! »

Par Nicolas Defay jeu 06/01/2022 - 16:00 , Mise à jour le 06/01/2022 à 16:00

Parents, professeurs et syndicats se sont retrouvés une fois encore devant l’école de Corsac à Brives-Charensac pour la sauver d’une fin annoncée. Remontés contre la décision de la mairie, ils restent plus que tout mobilisés pour s’opposer au transfert de l’ensemble des classes à l’école de la République.

S’ils sont moins nombreux devant l’établissement public que les mobilisations précédentes, ils n’en restent pas moins motivés pour remporter ce bras de fer contre la mairie de Brives-Charensac. L’école de Corsac et ses trois classes, regroupant une quarantaine d’élèves, sont sous la menace d’une fermeture totale à la rentrée scolaire 2022. Depuis que cette annonce a été faite par la municipalité brivoise en octobre 2021, les tensions se sont aussitôt crispées, baignées dans une ambiance d’incompréhension de la part des parents et du personnel de l’éducation nationale impactés.

« Aujourd’hui, 100 % des enseignants de toutes les écoles de Brives sont absolument contre le projet de la fermeture de Corsac et son transfert à la République. Que ce soit le collège de Corsac, l’école de Corsac, celle de la Mouteyre et de la République, le sentiment est unanime ». Vincent Delauge

« L’école de Corsac représente un combat général pour la défense de l’école publique républicaine ! »

« D’un point de vue de la République, la suppression d’un établissement public quel qu’il soit est inadmissible !, martèle Vincent Delauge, secrétaire du syndicat FO des enseignants du 1er degré. Aujourd’hui, ce sont le maire et les élus locaux qui décident des ouvertures et fermetures des écoles, de l’organisation des enseignants. Normalement, cette responsabilité revient à l’Etat par l’intermédiaire de l’Inspectrice d’académie qui semble laisser libre court à toutes les décisions politiques locales. Aujourd’hui, force est de constater que nous ne sommes plus dans la République. Pour ça, l’école de Corsac représente un combat général pour la défense de l’école publique républicaine ! »

Des manifestants devant l'école de Corsac à Brives-Charensac
Des mobilisations sont à prévoir dans les semaines prochaines. Photo par Nicolas Defay

« Ce que je crains, c’est que mon fils soit mis à l’écart s’il n’arrive pas à suivre »

Aux côtés des militants, des parents partagent leurs inquiétudes sur le devenir de l’école et de la scolarité de leurs enfants. « Mon fils est dans cette école depuis deux ans et tout se passe à merveille ici, explique le papa d’un élève à présent en CE2. L’école de Corsac est parfaite pour nous car c’est une petite structure avec pas trop d’élèves par classe, ce qui en fait sa particularité, sa qualité et sa valeur. Mon fils a des soucis avec des suivis orthophoniques. Ici, il peut suivre une scolarité normale et adaptée, avec beaucoup moins de stress que dans un établissement bondé. » Il confie : « Ce que je crains, c’est que mon fils soit mis à l’écart s’il n’arrive pas à suivre. Et plus les volumes sont gros, plus ce risque est élevé ».

« Nous, leurs chiffres, on s’en fout ! Nous, on est les parents. On pense avant tout à nos enfants. On pense aux enseignants. Nous, on parle de l’humain et pas de chiffres ! » Une maman d’élève

« Dans une grosse structure, certains enfants seront forcément mis au ban »

Un autre papa d’un enfant de 9 ans en classe de CE2 confirme les mots du premier. « Ici, il y a une bonne équipe qui peut se concentrer totalement sur l’enfant, avec beaucoup plus de temps que dans une grande école, assure-t-il. Tout se passe super bien. Dans une grosse structure, certains enfants seront forcément mis au ban avec des conséquences pédagogiques, sociales et psychologiques désastreuses ».

Les drapeaux de mobilisations devant l'école de Corsac à Brives-Charensac
Des drapeaux installés devant l'école de Corsac. Photo par Nicolas Defay

« En interdisant à la directrice de prendre des inscriptions, la fin de l’école est inéluctable »

« La mairie nous certifie qu’il y aura bien qu’un maximum de 22 élèves par classe à la République, soulève une maman visiblement irritée par le projet municipal. Mais ce ne sont que des chiffres ! Pour eux la fermeture est irréversible. Il est certain qu’en interdisant à la directrice de prendre des inscriptions, la fin de l’école est inéluctable. »
Les dents serrées, elle prévient : « Je m’oppose totalement à ce genre de procédé et on continuera à se mobiliser ! Croyez-moi, on ne va rien lâcher ! Il faut que la mairie entende bien ce message : Nous, leurs chiffres, on s’en fout ! Nous, on est les parents. On pense avant tout à nos enfants. On pense aux enseignants. Nous, on parle de l’humain et pas de chiffres !»

« Nous avons une motion de soutien de toutes les écoles de Brives-Charensac ! Du collège Anne Frank, de la Mouteyre, de la République et de Corsac. Nous possédons une pétition de plus de 300 signatures. Mais la mairie semble insensible à tout ça ». Une maman d’élève

« Un enfant, ce n’est pas le mettre dans un bus et basta ! »

Pour que les parents en question ne soient pas pénalisés, la mairie a prévu de mettre en place des navettes entre le quartier de Corsac et l’école de la République située à environ 2 kilomètres. Un dispositif qui ne semble pas convenir aux personnes intéressées. « Nous avons peur de simplement déposer nos enfants dans le bus et basta !, déplore une maman. Ici, on prenait le temps de parler avec les maîtresses et les Atsem (Agents territoriaux spécialistes des écoles maternelles, Ndlr) pour savoir si tout allait bien, si les enfants avaient bien compris tous les exercices, etc. » Elle assène : « Un enfant, ce n’est pas le mettre dans un bus et basta ! Avec le projet de la mairie, nous allons perdre tout ce côté social indispensable pour l’enfant, les parents et les enseignants ! »

« Actuellement, les raisons de la suppression de l’école de Corsac sont totalement obscures pour nous ». Jean-Marie Bayard

« Officiellement, nous ne savons pas pourquoi la mairie s’obstine ainsi »

Jean-Marie Bayard, retraité de l’enseignement et militant FO, partage une analyse sur le projet municipal : « Officiellement, nous ne savons pas pourquoi la mairie s’obstine ainsi. Peut-être qu’il y a des projets de gymnase, de location à un autre établissement scolaire, avec des locaux qui sont très accessibles et de plain-pied. D’ailleurs, c’est pour cela qu’une classe Ulis (Unité localisée pour l'inclusion scolaire, Ndlr) s’est implantée ici avec cette facilité d’accès. Actuellement, les raisons de la suppression de l’école de Corsac sont totalement obscures pour nous ».

L’inquiétude du syndicaliste est l’effet domino qu’une telle fermeture pourrait engendrer par la suite. « Logiquement, les élèves de l’école de Corsac continuaient leur scolarité au collège Anne Frank juste à côté, conclut-il. Si les élèves vont à la République, où iront-ils après ? Assurément, il est à craindre à l’avenir que le collège Anne Frank soit profondément impacté par la fermeture de l’école de Corsac ».

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5 commentaires

st

sam 08/01/2022 - 11:18

Effectivement, le conseil municipal de Brives a voté à l'unanimité la fermeture de l'école de Corsac... Plusieurs membres de ce conseil sont d'anciens enseignants, pas sur que si c'était dans leur établissement ils n'auraient pas levé le petit doigt.. Démocratie ..?!? Un maire qui conseille aux "mécontents" d'aller au bout de la rue (= ensemble privé de la Chartreuse).

Certes la population brivoise vieillit, mais la jeunesse est et restera l'avenir...L'éducation ne doit pas se faire au détriment de quelques économies pour une municipalité...

 

 

ho

ven 07/01/2022 - 13:41

Il s'agit de faire faire des économies à la municipalité, et donc au contribuable. Le fait d'être scolarisé dans un groupe scolaire n'a jamais démontré que les élèves sont plus défavorisés que dans une petite école ! D'autre part, ce n'est pas une Première ! ...

dr

jeu 06/01/2022 - 22:55

Incroyable de lire que le fait de déplacer des enfants sur 2 km empêcherait le lien enseignant /parent/ élève ! Sans parler des analyses ! Quand on ne sait pas, on ne suppose pas.  Ça ne fait que répandre des rumeurs inutiles.

Pour ma part, étant une maman d'un enfant dyslexique lourd,  sa chance a été de rejoindre une "grosse" école  où il a trouvé des enfants comme lui et surtout plus de camarades pour l'aider à suivre. Il n'était plus un "cas isolé ".

Arrêtez de dire que c'est une chance d'être dans une petite école car ça peut être aussi un gros handicap pour la suite des études. Et être scolarisé à la République n'empêche pas d'être scolarisé ensuite au collège Anne Franck !

Une municipalité ne prend pas une telle décision de gaieté de coeur !

de

jeu 06/01/2022 - 22:37

Regroupement des écoles maternelles:8 classes en 2002, 5 classes en 2022 à la Mouteyre.
Et dans 2 ans ?
Maternelle de Corsac vendue en 2003.
Une  navette, pour combien de temps ? Où récupérer les enfants, où les déposer, quels  horaires ? (1 seul trajet le matin et à 16h30, cantine obligatoire !),  les parents ne l’ont plus utilisée (la faute à qui si elle a été supprimée ?). Sans véhicule, seul choix emmener ses enfants  à l'école la plus proche (feu les Eaux Vives). Les  Bories, Picardie ont seulement traversé la Loire, Génebret  (école privée). Pour ne pas faire la tournée des écoles publiques (3 enfants : maternelle, élémentaire, collège) certains ont choisi le seul établissement (privé) regroupant l’ensemble sur un même lieu.

je

jeu 06/01/2022 - 17:16

Le conseil municipal de Brives a voté à l'unanimité la fermeture de l'école de Corsac. On peut ne pas être d'accord mais la démocratie est respectée ... même si on ressent un "passage en force".

Maintenant, il vaudrait mieux consacrer son énergie à réunir la mairie, les parents d'élèves et les enseignants autour d'une table pour construire ensemble un projet qui aurait l'accord d'une forte majorité des personnes concernées (on ne peut jamais avoir l'unanimité) .

Il y a quelques années, le regroupement des 3 écoles maternelles sur le site de La Mouteyre avec la création du Pôle Enfance avait commencé par de longues négociations avec tous les intervenants et ce long temps de "maturation" avait été bénéfique.