Des vendanges précoces cette année en Auvergne

Du haut de la butte de Montgacon, à Maringues, dans le Puy-de-Dôme, les vignes de Geoffrey domine la plaine de la Limagne et offrent un point de vue exceptionnel sur la chaîne des Puys. Sur les quelques hectares qui recouvrent la butte, on trouve des grappes de raisin rouge (Gamay et Pinot noir) et blanc (Chardonnay). Les préparatifs vont bon train pour anticiper les vendanges qui vont arriver rapidement cette année, le 16 septembre à Montgacon.

Une année pleine de promesses, puis...

Après les fortes chaleurs de cet été, qu'attendre du millésime 2023 ? "Si vous m'aviez posé la question début juin, je vous aurais dit que ça allait être les vendanges du siècle ! Il faisait beau, il n'y avait pas de maladies, on s'attendait véritablement à une année exceptionnelle. Puis, de mi-juin à mi-juillet, il a eu une grosse poussée de maladies (mildiou et oïdium) qui nous a fait perdre une grosse partie de la vendange. Là, avec le soleil de plomb, les parcelles les plus exposées brûlent, on perd encore des hectolitres. Au final, si on arrive à vendanger assez vite, ce sera une année qu'on peut qualifier de normale", précise le viticulteur.

Deux maladies, plus la chaleur

Les deux problèmes se sont additionnés pour les viticulteurs, certains ont dû faire des choix cornéliens. "Pour se prémunir de l'oïdium, les recommandations techniques consistent à couper les feuilles. Ceux qui ont effeuillé, ce n'est pas notre cas, sont de fait plus exposés aux rayons du soleil. Le raisin brûle ou monte trop en taux de sucre, il faut vite ramasser avant que ce ne soit trop tard. Si on avait des 28 degrés au lieu des 35, ce serait top. En plus, ce retour des fortes chaleurs n'était pas forcément prévu. Il y a dix jours, les experts prévoyaient plus de la pluie, donc niveau organisation et lancement des vendanges, cela ne facilite pas la chose".

"Les cépages, le sol, la météo, il faut toujours s'adapter"

La chaleur accélère la maturité du raisin et augmente la sucrosité. Même l'eau ne peut protéger les grappes de la brûlure. Si la qualité du vin est au rendez-vous, notamment grâce à ce sucre, il y a forcément des pertes de production avec le raisin brûlé, encore faut-il passer tôt à l'action. Est-ce nouveau d'avancer la date des vendanges ? "Il y a tellement de facteurs qui rentrent en compte, il y a deux ans, on a vendangé en septembre, des fois en octobre. Il faut s'adapter chaque année à la nature, cet été ne révolutionne pas les choses. Dans les années 2000, on a souvent vendangé tardivement, mais dans les années 90, c'était plus tôt. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte, les cépages, le sol, la météo, il faut toujours s'adapter", éclaire Geoffrey. 

L'Auvergne protégée ?

Dans cette année qui promettait de grandes choses, comment s'en sort l'Auvergne ? Pas plus mal que les autres régions finalement. " Au niveau maladies, on ne s'en sort pas trop mal par rapport à des régions comme le Bordelais qui ont eu beaucoup d'eau. L'humidité favorise le développement du mildiou. Nous, on a été moins impacté, pour le coup de chaud, je pense que c'est un peu partout pareil. C'est plus le terroir qui joue, si tu as du silex ou de l'argile, il vaut mieux de l'argile dans le sud qu'un sol caillouteux chez nous, cela retient plus la chaleur. Ensuite, il y a des cépages plus touchés que d'autres. Le Gamay a plus subi la chaleur que le Pinot noir par exemple."

Un bilan véritablement au cas par cas, en tout cas en termes de goût, le cru 2023 promet d'être correct, reste à voir le bilan pour les quantités.