Déluge de grêle : « De mémoire d’homme, je n’ai jamais vu ça »

Par Nicolas Defay lun 04/07/2022 - 17:00 , Mise à jour le 04/07/2022 à 17:00

Les maires de Saint-Julien-Chapteuil et de Lantriac, les services de la préfecture et la direction des sapeurs pompiers ont tenu une conférence de presse pour faire le bilan de la tempête qui a ravagé, ce dimanche 3 juillet, un espace de 5 000 hectares dans le Meygal.

C’est une surface équivalente à 500 terrains de football qui a été martelée par des grêlons dont la taille varie de la simple bille de polystyrène à la boule de pétanque, selon le colonel des sapeurs pompiers Frédéric Robert. La zone du sinistre s’étend de la commune de Lantriac à celle de Saint-Julien-Chapteuil.

1 500 véhicules impactés

« Sur ces deux secteurs, le premier bilan indique 1 500 véhicules accidentés, explique Aurélien Duvergey, Directeur de Cabinet du Préfet. 600 habitations ont également été plus ou moins touchées. Les dégâts vont du simple velux fendu à des toitures totalement détruites. 20 entreprises ont signalé des dégâts tout comme 10 ERP [établissements recevant du public, Ndlr] à l’instar du collège Jules-Romain à Saint-Julien-Chapteuil ou le gymnase municipal capitolien ».

Les impacts bien visibles sur cette toiture. Photo par Florence Roche

« Il y en aura pour plusieurs centaines de milliers d’euros ! »

D’après le maire de Saint-Julien-Chapteuil et enfant du pays, André Ferret : « De mémoire d’homme, je n’ai jamais vu ça !, assure-t-il le visage défait. Ça a duré 10 minutes et tout a été ravagé. Le toit du gymnase de la commune pourtant très récent est parsemé de trou. Les panneaux photovoltaïques de la piscine sont hors-services. »

Il ajoute en serrant les dents : « s’il est impossible d’établir un bilan financier précis sur cette catastrophe, nous pouvons déjà dire qu’il y en aura pour plusieurs centaines de milliers d’euros ! »

« Le collège public Jules Romain à Saint-Julien-Chapteuil restera finalement fermé. Il ne rouvrira qu’à la rentrée scolaire au mois de septembre 2022 ». André Ferret

Nombre d'objets en PVC ou assimilés n'ont pas résisté à la salve de grêlons.
Nombre d'objets en PVC ou assimilés n'ont pas résisté à la salve de grêlons. Photo par Florence Roche

L’Ehpad de Lantriac sinistré

Du côté de Lantriac, le maire Pierre Bresselle partage aussi une longue liste de sinistres. « La verrière de l’Ephad est tombée, souffle-t-il. Aucun résident n’a été touché heureusement. Mais je pense qu’il va falloir un certain temps pour reconstruire cette arche particulière. »

Il continue : « L’école publique a souffert et certains coins de plafond risquent de s’effondrer, totalement gorgés d’eau. À ce propos, l’Inspecteur départemental a demandé à ce que les parents gardent si possible leurs enfants chez eux car très peu d’espaces sont secs et sécurisés. Concernant la crèche, le skydôme a lâché aussi. »

« Ce dispositif a été renforcé aujourd’hui à hauteur de 80 sapeurs pompiers et 50 véhicules »

Le colonel des sapeurs pompiers Frédéric Robert a détaillé les forces conséquentes déployées sur la zone. « Depuis 17 heures du dimanche 3 juillet, heure à laquelle les premiers appels nous sont arrivés en masse, nous avons dépêché deux colonnes de sapeurs pompiers. Cela représente environ 20 engins et 50 sapeurs pompiers. »

Il complète : « Ce dispositif a été renforcé ce lundi à hauteur de 80 sapeurs pompiers et 50 véhicules dans le but de pouvoir terminer les missions de sécurisation dans la journée ».

Pour ce mardi, les pompiers resteront dans cette dense configuration afin « de se préparer au pire, souligne le colonel. Aujourd’hui, nous sommes encore en vigilance orange pour les orages. Et selon les météorologues, il est très difficile, voire impossible, de prévoir la grêle et sa localisation précise ».

« Mais, s’il n’y a pas eu de blessé ou pire avec la grêle, il serait vraiment dommage que cela arrive parce que quelqu’un a fait une chute grave de son toit. » Le colonel Frédéric Robert

Avec des planches, des bâches et des pneus, les pompiers recouvrent les toitures percées.
Avec des planches, des bâches et des pneus, les pompiers recouvrent les toitures percées. Photo par Nicolas Defay

Pas de blessé humain ou animal. Sauf les oiseaux qui paient un lourd tribut

« Il n’y a pas eu de blessé, ni d’animaux domestiques ou d’élevages accidentés, assure le colonel Frédéric Robert. Par contre, beaucoup de cadavres d’oiseaux ont été retrouvés ».

Il profite de la presse pour rappeler un conseil d’importance. « C’est évidemment un réflexe naturel d’aller vérifier par soi-même les dégâts sur sa maison. Mais, s’il n’y a pas eu de blessé ou pire avec la grêle, il serait vraiment dommage que cela arrive parce que quelqu’un a fait une chute grave de son toit. Il ne faut pas hésiter à faire appel à des professionnels pour un travail avec de telles hauteurs ».

La reconnaissance de catastrophe naturelle pas éligible

Sur le volet assurance, Aurélien Duvergey affirme que la reconnaissance de catastrophe naturelle n’est pas reconnue. « Le phénomène de grêle n’est pas éligible à cette reconnaissance, assure-t-il. Nous invitons donc les personnes sinistrées à se retourner dès à présent vers leurs assureurs respectifs pour voir les modalités de prise en compte ».

Certains grêlons possédaient une taille très dangereuse.
Certains grêlons possédaient une taille très dangereuse. Photo par Stéphanie Soloy

Témoignage d’un entrepreneur durement impacté à Saint-Julien-Chapteuil

L’entreprise Valette, transporteur frigorifique basée à Saint-Julien-Chpateuil, est en train « d’essuyer les plâtres » après le passage de la tempête. La cellule orageuse a défoncé une grande partie du dépôt et plus de la moitié de son parc de camions.

« Parebrises cassés, les essuie-glaces arrachés, les rétroviseurs fendus »

« Nous avons 22 camions et 38 employés, partage le patron Pierre Valette, implanté dans le bourg capitolien depuis 1990. Concernant les dégâts, la toiture s’est effondrée par endroits, détruisant au passage ce qu’il y avait à l’intérieur des pièces. Nous avons pu sauver, in extremis, tout ce qui était informatique et fichiers clients avant que le plafond ne passe au travers. »

Il continue encore : « La quinzaine de camions stationnés ici ont les parebrises cassés, les essuie-glaces arrachés, les rétroviseurs fendus ». Actuellement, des pompiers sont en train de couvrir le toit du hangar pour éviter une nouvelle infiltration d’eau.

Laine de verre à terre et gorgée d'eau tout comme les plâtres en miettes.
Laine de verre à terre et gorgée d'eau tout comme les plâtres en miettes. Photo par Nicolas Defay

« J’ai loué un Algéco afin d’improviser un petit bureau »

Dès 7h30, Pierre Valette a tout de suite contacté ses assurances. « Des experts comme des plâtriers et des charpentiers sont passés pour établir des devis, livre-t-il. Le plus urgent a été de remplacer tous les parebrises des camions et des voitures de services afin que les conducteurs puissent continuer à travailler. En attendant que tout soit reconstruit, j’ai loué un Algeco afin d’improviser un petit bureau ».

« Jamais ça n’a été aussi violent que ce dimanche 3 juillet. Pour moi, c’est sans précédent »

Pierre Valette, malgré un optimisme qui force le respect en rappelant que « ce n’est que du matériel qui a été emporté », estime une facture d’un montant de 200 000 euros. Et à la question de savoir si, en 32 ans de présence à Saint-Julien-Chapeuil, il avait déjà vécu ce genre de calamité, il répond : « Oui, c’était en 2000. La grêle nous avait obligé à refaire le toit. Mais jamais, jamais ça n’a été aussi violent que ce dimanche 3 juillet. Pour moi, c’est sans précédent ».

 

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2 commentaires

mi

lun 04/07/2022 - 20:56

OUI Habitant dans le secteur , par chance j'ai échapper au désastre  MAIS  la saison n'est pas finie !!!!!

sy

lun 04/07/2022 - 18:47

Un immense merci à Nicolas Defay et à zoom pour cet excellent reportage. (Je suis capitolienne). Tout est dit. Les témoignages sont atterrants mais intéressants. L'ampleur des dégâts est bien visible.  Super.