De l'architecture à la chaussure, il n'y a qu'un pas

jeu 06/12/2018 - 12:48 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

La Velay est un escarpin à talon de 12 cm -- le préciser est important vous comprendrez pourquoi plus loin -- qui rend hommage aux trois spécialités du Puy-en-Velay à savoir, la dentelle, les lentilles et la verveine. Ce modèle est composé de plusieurs matériaux et notamment deux grandes parties en dentelle réalisées à la main par deux dentellières de Brioude, Caroline Panthier-Sabot qui a suivi une formation dans la prestigieuse Ecole Lesage à Paris et Claudine Chanteloube, meilleur ouvrier de France de l'atelier "Couleurs dentelle". Cela aura nécessité un mois de travail chacune. Patrice Fallu, décorateur et styliste-couturier de grand talent -- certains le connaissent mieux sous sa toque de chef (à double titre) du restaurant "La 5ème saison" -- a incrusté ensuite sur ces deux pièces, des cristaux verts Swarovski pour symboliser les lentilles.
Cette chaussure est unique, il n'en existe pas deux comme elle, pas même sa jumelle gauche ! Il s'agit-là d'un prototype, d'une oeuvre d'exposition commandée par le Département à l'occasion des Journées Européennes des Métiers d'Art 2018.


(La Velay imaginée par Sylvain Vessière. Photo DR/S.Ma)

Cette oeuvre a été exposée dans la grande salle du FabLab de l'IUT du Puy-en-Velay où Sylvain Vessière, infographiste 3D pour architectes, enseigne de manière ponctuelle l'usage de l'image de synthèse dans le domaine de l'architecture. Il y a sept ans, ce Lyonnais passionné de chaussures, a dessiné son premier modèle. Puis exalté par une inspiration débordante, d'autres en ont découlé. Cette inspiration, le chausseur autodidacte, la puise dans ce qu'il connaît le mieux, les oeuvres architecturales. L'Opéra de Sydney, le Musée Guggenheim de Bilbao, la Tour Eiffel de Paris, le Mucem de Marseille, le Stade Beijing de Pékin, le Musée des Confluences de Lyon...


(Une paire réalisée en collaboration avec la bijouterie Epsilon Vega. Photo DR/S.Ma)

Le créateur s'amuse avec les formes, les matières, mélangeant -- pourquoi pas -- la soie et le métal, se permettant des fantaisies technologiques avec la chaussure clin d'oeil à la Tour Agbar de Barcelone, qui s'illumine. Sylvain Vessière rend également hommage à des artistes qu'il affectionne comme Jean-Paul Gauthier, Gerhard Richter ou encore à des architectes célèbres comme Zaha Hadid. Il ose tout, même une paire réalisée en collaboration avec la bijouterie lyonnaise Epsilon Vega, piquée de pièces d'horlogerie, mais s'impose une règle d'or : 12 cm de talon, 2 cm de semelle et 10 cm de cambrure. "C'est l'équilibre parfait entre le côté sexy et l'élégance", explique-t-il. 
Architecture et chaussures, comment Sylvain Vessière a-t-il fait le lien ?

L'exposition avant la production
Sylvain Vessière possède une collection d'une quinzaine de créations dont cinq ont été prototypées, mais qu'on se le dise, aucune n'est commercialisée. Pour le créateur, la commercialisation est une possibilité mais pas dans l'immédiateté. "Mon ambition pour l'instant est de trouver le moyen de prototyper la totalité de ma collection afin de pouvoir faire des expositions dans différents lieux et de voir à ce moment-là s'il pourrait y avoir une forme de production plus tard."

Stéphanie Marin

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