Crise agricole : le regard de la confédération paysanne

mer 09/09/2015 - 17:27 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:36

Une délégation de la Confédération paysanne a été reçue par le préfet de Haute-Loire, Denis Labbé, ce mardi 8 septembre 2015, pour discuter des problèmes rencontrés par l'ensemble du monde paysan ces derniers temps.
La veille, le lundi, ils étaient huit membres altiligériens du syndicat à se rendre à Bruxelles, parmi la cinquantaine d'agriculteurs du département à se rendre en Belgique. Et ils en sont revenus plutôt écoeurés car le ministre français de l'agriculture, Stéphane Le Foll, n'a même pas évoqué la possibilité de mettre en place des outils de régulation pour chaque filière, une idée avancée par la Confédération paysanne et sur laquelle semblaient s'accorder tous les syndicats.
Seules des "mesurettes" ont été prises, comme l'avancement des primes ou des allègements de charge (un million d'euros en Haute-Loire pour le fonds d'allègement des charges et aussi des aides sont prévues pour la MSA, la sécurité sociale agricole).

Un syndicat minoritaire, mais qui ne manque pas d'idées
Lors des dernières élections, en 2013, la Confédération paysanne avait conservé ses deux sièges avec 15,95% (contre 21,5% en 2007). Avec 55,52% des voix (contre 59,1% en 2007) la FDSEA et les JA obtenaient donc 16 sièges et Laurent Duplomb devenait président de la chambre. Enfin, la Coordination Rurale passait de troisième à deuxième force de la Chambre avec 28,53% (contre 19,3% en 2007) des votes, gagnant ainsi un troisième siège (le détail de ces élections dans notre précédent article).
Avec une centaine d'adhérents en Haute-Loire, "on est très minoritaires chez les agriculteurs, on n'arrive pas à mobiliser face à la FDSEA", reconnaît Olivier Vacheron de la Confédération paysanne 43, "on n'est pas assez nombreux, mais on a des idées", ajoute-t-il. Comme celle de revenir à des outils de régulation pour chaque filière, proposée de longue date "et enfin reprise par Laurent Duplomb, qui y était encore farouchement opposé il y a quelques mois", ironise-t-il avant d'ajouter : "les loups ou les zones vulnérables, c'est un bon moyen d'éviter de parler des vrais problèmes".

Vers un retour des quotas ? Des produits de qualité, donc plus chers ?
Les vrais problèmes, pour la Confédération paysanne, ce sont la mise en place d'une politique de régulation des filières, une recentralisation de ces filières, ou encore un rééquilibrage des subventions, "pour arrêter que 80 % soient dédiées à l'agro-industrie". Pour la régulation des filières, ce sont donc des outils évitant la surproduction qui sont prônés, car cette dernière "ne fait qu'engendrer une baisse des prix et la Haute-Loire ne pourra jamais être compétitive avec des industries agro-alimentaires des Pays-Bas ou d'Allemagne", précise Damien Chamard. Autrement dit, c'est un retour des quotas ?
"C'était un bon outil de régulation mais ils n'existent plus. À nous de réinventer d'autres systèmes de régulation et on propose la relocalisation des filières, en misant sur la qualité. En Haute-Loire, par exemple, on nous prône depuis une trentaine d'années de faire du lait en quantité, de faire du volume pour être compétitif et en quinze ans, on a perdu 50 % de laitiers", répond-il. La Confédération paysanne prône donc une filière en Haute-Loire avec un cahier des charges plus strict, qui soit un gage de qualité.

  • Des filières de qualité, ça signifie aussi des produits plus chers pour le consommateur non ?

 

  • Pour enfin faire changer les choses, vous ne croyez plus vraiment dans les politiques, mais la solution viendrait plutôt des consommateurs ?

----Des chiffres qui font froid dans le dos
En Europe, une ferme arrête sa production toutes les 20 minutes. On compte environ 500 000 agriculteurs en France aujourd'hui, pour une taille moyenne d'exploitation de 52 hectares. En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours. En Haute-Loire, nous sommes passés de 3 500 laitiers en 2000 à 1 700 aujourd'hui.-----Le pot de terre contre le pot de fer
"A Bruxelles, on ne nous parle que de production, jamais de producteurs. C'est l'argent qui passe avant l'humain car ce sont les industriels qui font la pluie et le beau temps", déplore Olivier Vacheron. Ce qu'il pointe du doigt, c'est un peu le pot de terre contre le pot de fer, prenant en exemple la ferme aux 1 000 vaches, qui n'a pour l'instant qu'une autorisation de 500 vaches et qui en a déjà 800, sans être le moins du monde contrariée par les autorités.
"Alors que nous, petits exploitants, si on déroge ne serait-ce que d'un millimètre à la ligne qui nous est imposée, on va au devant de graves ennuis", compare-t-il. Il est donc très remonté contre ce qu'il appelle "les fermes usines", qui conduisent à "vider les campagnes".

  • Vous parlez d'une redistribution des subventions et d'un meilleur rééquilibrage, notamment "pour l'agriculture paysanne, qui elle crée des emplois". Comment procéder ?

 

  • Pour parvenir à ce rééquilibrage des subventions, faut-il une autre représentation dans les instances ?

Maxime Pitavy

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