Crèche de l’hôpital Emile-Roux : une grève massive

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 26/06/2023 à 15:30

Depuis ce matin 6 heures, sur les 16 employés de la crèche installée à l’intérieur de l’hôpital public ponot, 14 ont entamé un mouvement de grève qui s’est terminé ce midi (mouvement reconduit mardi 27 juin). D’une même voix, ils dénoncent des conditions de travail inappropriées, des moyens de pression et « des salaires de misère ».

(Mise à Jour) : Suite à la parution de l'article, le groupe des Petits Chapetons Rouges, employeur de la crèche en question, a sollicité la rédaction de Zoomdici pour apporter des précisions sur le sujet. 

Pour casser toutes les idées reçues sur le contingent qui œuvre dans la crèche du Centre Hospitalier Emile-Roux, les effectifs ne sont pas affiliés au régime des fonctionnaires hospitaliers. Bien que la crèche soit dans l’espace de l’hôpital, la structure est gérée par un puissant groupe privé aux commandes de 800 crèches dans tout l’Hexagone (source : lpcr)

Cette entité s’appelle Les Petits Chaperons Rouges. Et cette dernière appartient au groupe Grandir, société qui se présente ainsi : « Nous exploitons plus de 1 000 centres en Europe et en Amérique du Nord avec une équipe dédiée de 13 000 enseignants. Nous servons plus de 50 000 familles parmi les entreprises du Fortune 500 et dans les grandes villes de France, d'Angleterre, d'Allemagne, d'Espagne, du Canada et des États-Unis ».

Les employées de la crèche de l'hôpital en grève ce lundi 26 juin.
Les employées de la crèche de l'hôpital en grève ce lundi 26 juin. Photo par Nicolas Defay

Des promesses de postes, juste des promesses

À la base de cet empire financier international, les salariés sont sous contrat privé avec les salaires en adéquation. « Nous sommes au SMIC, précise en ce sens l’une des 16 employées de la crèche, en grève ce 26 juin. Nous recevons entre 40 et 46 enfants chaque jour. Et malgré les promesses de postes que l’on nous sert constamment, rien n’arrive. Il nous manque clairement du personnel supplémentaire pour que l’on puisse assurer notre métier dans les meilleures conditions ».

Elle ajoute : « Là, nous parlons d’enfants. Notre responsabilité est énorme. Pourtant, nous ne sommes aucunement considérés par notre employeur, aveugle sur notre fatigue, les burn-outs qui s’enchaînent et les arrêts-maladies qui se multiplient » .

Durant l’Assemblée générale tenue ce lundi 26 juin, il a été décidé de la reconduite de la grève mardi 27 juin dès 6 heures. L’heure de fin n’a pas encore été déterminée.

« Elle a joué de menaces, de culpabilisation et d’intimidation en promettant des sanctions »

Le préavis de grève a été partagé par les employés de la crèche il y a 11 jours. « Nous avons averti les parents de notre mouvement afin qu’ils ne soient pas pris au dépourvu, continue-t-elle. La direction des Petits Chaperons Rouges n’a réagi que vendredi 23 juin en envoyant l’une des DRH du groupe. »

Elle explique : « Elle nous a demandé d’abandonner notre opération et a joué de menaces, de culpabilisation et d’intimidation en promettant des sanctions ».

« Rien n’a été fait de leur côté si ce n’est de venir vendredi pour menacer et diviser les salariés »

Pierre Marsein, présent pour le syndicat CGT, partage de son côté : « Il y a effectivement eu des menaces de sanctions disciplinaires parce que des travailleurs ont eu recours à un droit qui s’appelle la grève. D’autre part, le préavis a été lancé il y a 11 jours. Un préavis de grève est normalement là pour instaurer un temps de dialogue entre les employés et l’employeur, pour désamorcer une situation et régler les conflits. Rien n’a été fait de leur côté si ce n’est de venir vendredi pour menacer et diviser les salariés. »

Il continue encore : « L’employeur ne veut pas entendre parler d’augmentation de salaire, ni d’améliorations des conditions de travail. Ce que veut le groupe, c’est de gagner toujours plus d’argent sans regard pour leurs salariés ».

La vision de la crise par le groupe des Petits Chaperons Rouges

Contactés le jour de la grève par la rédaction de Zoomdici, Les Petits Chaperons Rouges n'avaient pas donné suite. Ce mardi 27 juin, ils souhaitent apporter quatre éléments.

Le premier concerne le taux d'encadrement des enfants. La moyenne nationale du nombre d'enfants (qui marchent) par professionnels de crèche est de 1 professionnel pour 8 enfants. "L'encadrement moyen de la crèche du Puy est de 1 sur 5, affirme le porte-parole du groupe. Il est donc bien au dessus de la moyenne en France".

Le deuxième point aborde la revendication des employés de la crèche du Puy sur les salaires. "Depuis le mois d’avril 2023, le groupe a augmenté de 6% en moyenne les encadrant professionnels. Ce n'est peut-être pas assez, mais il est important de mentionner cette augmentation".

"La DRH a simplement indiqué les textes législatifs en vigueur"

Le troisième chapitre traite des menaces déplorées par les employés, faites par la direction. "Ce n'était pas des menaces mais un rappel à la loi, souligne le groupe. Au début, les salariés souhaitaient entamer une grève au quart d'heure, dispositif interdit dans le cadre de cette profession car pouvant mettre en danger la vie des enfants. La DRH a simplement indiqué les textes législatifs en vigueur".

Le dernier élément est l'absence de discussion entre les employés et la direction. "Tous les mois est organisé un CSE (Comité Social et Economique) afin de poser sur la table les points de tensions et les problèmes décelés dans la structure", termine-t-il. 

"Elle est strictement encadrée par une convention de délégation de service public en accord avec l’hôpital public Ponot"

Enfin, pour répondre à l'intervention de Pierre Marsein au sujet de la phrase : "Ce que veut le groupe, c'est de gagner toujours plus d'argent", le porte-parole se défend en ces mots : "La crèche hospitalière Emile Roux, est une crèche en délégation de service public. Par conséquent elle est strictement encadrée par une convention de délégation de service public en accord avec l’hôpital public Ponot. Cette convention précise l’organisation les conditions générales de travail, y compris les salaires des professionnels, les horaires et les taux d’encadrement".

D'après les salariés de la crèche, chacune a la responsabilité de 8 enfants.
D'après les salariés de la crèche, chacune a 8 enfants sous sa responsabilité. Photo par Nicolas Defay

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7 commentaires

mar 27/06/2023 - 14:45

Le centre hospitalier aurait pu assumer cette activité, ou alors la déléguer à une structure associative intéressée par l’éducation populaire, peut être plus coûteuse mais concernée par la sécurité et le développement des enfants.

mar 27/06/2023 - 00:41

C'est pour quand la grève générale, qu'on se débarrasse de ces financiers et capitalistes qui détruisent l'humain pour se dégager toujours plus de pognon ?? 

lun 26/06/2023 - 22:23

Serait ce une délégation de service public si oui il serait intéressant d'en connaitre les critère d'attribution

lun 26/06/2023 - 19:16

Une fois de plus, un service donné contre forte rémunération à une boite privée. 

lun 26/06/2023 - 16:49

C'est toujours pareil : pour faire des économies, l'hôpital public fait appel à une grosse boite privé pour tirer les coûts un maximum. Qu'en pensent les cadres et médecins de l'hôpital qui utilisent ce service ? D'ailleurs le font-ils ?

lun 26/06/2023 - 16:39

Rien de vraiment étonnant.

Pour certains la vocation est le profit pour d'autres obtenir le marché des crèches à  tout prix.

Pour cela on limite le personnel au minimum et naturellement les salaires au détriment des petits et ceci avec le consentement complice des élus  .

Les associations à but non lucratif ne sont jamais ou que  rarement retenues .

Le coût financier importe plus que la qualité du service rendu.

lun 26/06/2023 - 16:18

Soutien total à ses salariées dévouées pour les familles. Un grand bravo à elles, ne lâchez rien, il en va du bien être de nos enfants. Un grand bravo également à la CGT et son secrétaire général, toujours présent pour venir en accompagnement des salariés en lutte.