Tous

Loudes

Crash dans les Alpes : il est toujours plus sûr de prendre l'avion que la voiture

ven 29/08/2014 - 16:33 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:33

Le Crash d'un A320 de la Germanwings, ce mardi 24 mars 2015, dans les Alpes de Haute Provence, est la pire catastrophe aérienne en France depuis 30 ans. Avec 150 morts et aucun rescapé, c'est le crash le plus meutrier depuis le début de l'année, portant à 249 le nombre de morts dans le monde par voie aérienne. Ce qui frappe particulièrement c'est qu'il s'agit d'une compagnie européenne, filiale low-cost de la Lufthansa, principale compagnie aérienne allemande, une institution. Alors l'opinion publique se pose à nouveau la question de la sécurité dans les airs.
Déjà, l'été dernier, en l'espace d'une semaine, trois avions s'étaient écrasés fin juillet, faisant 462 morts. Sur l'année 2014, on totalise 1 328 morts dans le monde, soit la 59ème année la plus meutrière depuis 1918. Mais l'avion reste le moyen de transport le plus sûr. Pour comparaison, les accidents de voiture ont tué 3 388 personnes rien qu'en France en 2014.

----Germanwings : la piste du suicide
D'après les éléments d'une des deux boîtes noires, le co-pilote aurait profité de l'absence du pilote pour écraser volontairement l'appareil. L'enregistrement de vol confirme qu'il était conscient jusqu'à l'impact. Il a refusé d'ouvrir le cockpit à son collègue. La thèse du suicide est donc possible, mais rien n'est confirmé pour le moment.
Après ces révélations, plusieurs compagnies ont déjà annoncé qu'elles imposaient désormais, en permanence, deux personnes dans la cabine de pilotage.
----- Le moyen de transport le plus sûr... après l'ascenseur
En Haute-Loire, Hexair, la compagnie aérienne basée à Loudes, relie Le Puy-en-Velay à Paris quotidiennement. Pour Alexandre Rouchon, le dirigeant, le problème, dans ce métier-là, c'est qu'un accident d'avion est toujours médiatique « alors que l'aérien est le moyen de transport le plus sûr au monde... après l'ascenseur ! » Ce mardi, quand les passagers d'Hexair ont appris la nouvelle du crash dans les Alpes, ils n'ont pas pour autant hésité à s'embarquer au départ d'Orly, en fin de journée, direction Le Puy. Certes, le crash était dans toutes les têtes, mais pas forcément dans toutes les conversations (nous faisions partie des passagers, nous pouvons donc en témoigner). Cela n'empêche pas que dans les semaines et les mois à venir, certains passagers potentiels choisiront peut-être de se rendre à Paris en train plutôt qu'en avion. Mais Alexandre Rouchon rassure : « Nous travaillons en grande majorité avec des habitués. Les passagers voient les pilotes car nous gardons les portes ouvertes, donc il y a une proximité qui minimise peut-être les craintes éventuelles des gens comme sur des gros avions. »
Il nous explique comment est assurée notre sécurité dans les airs. Celle-ci repose sur trois axes : la formation des pilotes, l'entretien des machines et une organisation basée sur le réactif et le prédictif.

  • Trois questions à Alexandre Rouchon, dirigeant d'Hexair

Zoomdici : Comment sont formés vos pilotes ?
Alexandre Rouchon : « Concernant la formation des pilotes, nous sommes surveillés deux fois par an par le pôle expertise personnel navigant de la DGAC (Direction générale de l'Aviation civile). De plus, nous avons un système de formation interne avec trois contrôles sur avion par an par pilote et une semaine de stage théorique tous les ans. Il s'agit du minimum réglementaire de l'Union européenne et appliqué dans la compagnie pour toute l'Europe. Et cette année, en octobre, nous rajoutons des entraînements sur simulateur, sans prendre de risque, pour les six pilotes de la compagnie, dans une école spécialisée à Nîmes. »

Zoomdici : Comment est vérifié l'état des avions ?
A. R. : « Pour l'entretien de nos machines, nous sommes sous contrat avec un organisme d'entretien à Chambéry. Nous procédons à des visites de routine toutes les 50 heures sur nos avions. En clair, toutes les deux semaines, les organes principaux et vitaux de l'avion sont vérifiés.
Ensuite, toutes les 200 heures, donc environ tous les deux mois, l'avion part en révision pendant trois ou quatre jours. A cela s'ajoute  un cycle complet de révision de toutes les parties de l'avion étalé sur six visites en 24 mois maximum, soit toutes les 1 200 heures. Nous, nous faisons les six visites en un an. De plus, les moteurs sont remis à neuf toutes les 6 000 heures, soit tous les six ans. »

Zoomdici : Le troisième axe, vous dites, c'est anticiper par rapport aux retours d'expériences. Comment vous y prenez-vous ?
A. R. : « C'est ce qui s'appelle le système de gestion de la sécurité (SGS), une nouveauté depuis deux ans pour toutes les compagnies européennes. On met en place un programme proactif où l'on fait une analyse des événements passés, avec un retour d'expériences. Ce bilan sera traité lors de la semaine de révision annuelle théorique. Et tous les trimestres, il y a une réunion des responsables de la compagnie appelée la Safety review board (SRB) pour parler des risques prédictifs. Nous mettons des barrières à échéance de trois ou six mois pour vérifier si nos plans d'action ont permis d'améliorer nos dispositifs.

----Hexair applique exactement le même programme de sécurité des vols que les grandes compagnies. En effet, la même réglementation européenne s'applique aussi bien sur un Airbus A380 que sur les petits avions à hélices de 19 places d'Hexair. Le système de gestion de la sécurité est donc strictement le même pour Air France que pour la compagnie vellave.-----Par exemple, en cas d'éruption de volcans, depuis un an nous avons une procédure applicable immédiatement. Nous consultons un site dédié qui pointe les zones de contamination dans le ciel européen selon trois niveaux : présence de micro-particules de cendres, de particules plus grosses ou encore plus grosses. Nous avons décidé que nous pouvions voler dans les particules les plus fines en sortant des anti-givrages moteur pour éviter que les particules n'entrent dans les moteurs. Ensuite, au sol, nous ferons des visites post-vol pour déceler, le cas échéant, des éléments de l'avion endommagés par de l'abrasion des cendres volcaniques. Si c'est le cas, nous stoppons les vols, nous contactons l'atelier de maintenance et il y a une visite qui va faire une inspection détaillée des organes, surtout des moteurs.

Autre exemple, le givrage. Nous envisageons le pire, nous faisons des procédures, bien que cela ne nous soit jamais arrivé. La compagnie Hexair n'a jamais eu d'incident grave, de quelque type que ce soit, depuis sa création en 1991, en 30 000 heures de vol à son actif, grâce notamment à la mise en place de tous ces systèmes. »

Propos recueillis par Annabel Walker

  • Hexair en chiffres

2 avions
6 pilotes
3 personnels au sol
1 aller/retour Le Puy (Loudes) / Paris Orly le matin, 1 aller/retour le soir, du lundi au vendredi
19 places par avion de type Beechcraft 1900D, avions à bi-turbo propulseurs, donc à hélices.
7500 passagers par an sur la ligne régulière
Le 2ème avion ne fait que du vol charter, à la demande, par exemple pour les entreprises, les équipes de sport, les associations ou encore les comités d'entreprises.
90% de la clientèle est une clientèle d'affaires

> Consulter la liste noire des compagnies aériennes de l'Union européenne, mise à jour le 11 décembre 2014.

Vous aimerez aussi

Vos commentaires

Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire