COVID 19 : la Haute-Loire sur un petit plateau

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

C'est en tant que président du conseil de surveillance de l'hôpital Emile Roux du Puy-en-Velay que Laurent Wauquiez a convié la presse ce jeudi 12 novembre après-midi, en compagnie notamment du directeur de l'établissement public Jean-Marie Bolliet, pour faire le point sur l'épidémie en Haute-Loire.
S'il y avait une once d'optimisme dans les annonces, avec ce petit plateau où le taux d'incidence s'est stabilisé (il est repassé sous la barre des 1 000 pour 100 000 habitants), il faut bien reconnaître que la deuxième vague a été terrible pour le département. "Le danger en Haute-Loire, c'est qu'on a été plutôt épargné lors de la première vague, et pas du tout par la seconde", analyse l'ancien député-maire du Puy, "on a été contaminés par la Loire, par l'Est, ce qui est normal car beaucoup y travaillent et il y a de nombreuses connexions entre les bassins de vie".
En Auvergne Rhône-Alpes, des départements aujourd'hui comme la Savoie et la Haute-Savoie sont très atteints ; "chez nous en Haute-Loire, et même dans la Loire, la situation est en train de se stabiliser, voire de devenir un peu plus positive", affirme le président de Région.

Deuxième vague : cinq fois plus de patients, deux fois plus de décès
"On observe un plateau sur la vague de l'épidémie mais il y avait un véritable pic il y a deux jours avec plus de 145 patients pris en charge à l'hôpital du Puy-en-Velay, ce qui est plus de cinq fois plus que le nombre de patients que nous avons acueillis lors de la première vague", souligne le directeur du centre hospitalier du Puy, qui fait également le bilan de l'épidémie : "aujourd'hui, nous avons sur nos 23 lits de réanimation, 20 patients qui sont pris en charge, dont 16 pour la Covid, et sur l'ensemble de l'établissement, nous avons au moment où je vous parle, 133 patients pris en charge et malheureusement, nous devons déplorer 38 décès, ce qui est plus du double du nombre de décès observé en Haute-Loire lors de la première vague".
S'il faut donc retrouver un peu d'optimisme face à la gravité de la situation, il ne faut surtout pas baisser la garde. "Les efforts qu'on a menés et que chacun fait au quotidien sont en train de payer", a martelé Laurent Wauquiez, "c'est encourageant et il faut absolument poursuivre nos efforts parce que ça montre que le comportement qu'a eu chacun paye et que ça nous permet de mieux nous protéger".

Comment l'hôpital a-t-il anticipé cette deuxième vague ?
Jean-Marie Bolliet est le directeur de l'hôpital Emile Roux, l'un des hôpitaux qui a le plus anticipé la deuxième vague (il a d'ailleurs été cité en exemple par le Ministre de la Santé Olivier Véran en matière de déprogrammations). Il a notamment fallu s'adapter et innover. "On a par exemple les chirurgiens du Puy-en-Velay qui fonctionnent en binôme avec les médecins à l'hôpital donc je crois que les cadres classiques de fonctionnement sont vraiment éclatés", témoigne-t-il.
Comment avez-vous anticipé cette deuxième vague et quels moyens avez-vous mis en place pour faire face à cette arrivée massive de nouveaux patients ?

(Cliquer sur "Listen in browser" pour une écoute sur smartphone ou tablette)

Un plan de 15 M€ pour mobiliser 5 000 personnels soignants supplémentaires
Le président de Région estime que "les choses vont vraiment se jouer maintenant, dans les deux-trois prochaines semaines et l'objectif est d'apporter tous les renforts que l'on peut amener, en maison de retraite et dans nos centres hospitaliers". Un plan de 15 M€ a ainsi été mis en place : il doit mobiliser 5 000 personnels soignants en piochant dans les élèves infirmiers de deuxième année, il va suspendre pendant deux mois les formations continues pour 600 professionnels afin qu’ils puissent être opérationnels sur le terrain tels que les infirmiers en blocs opératoires, infirmiers anesthésistes, puéricultrices, cadres de santé…
Ensuite, la collectivité a identifié des infirmiers inscrits à Pôle Emploi pour les inciter à s'orienter vers des maisons de retraite ou des centres hospitaliers (500 infirmiers et 50 médecins sont mobilisables immédiatement en renfort). Enfin, la Région a négocié avec le Gouvernement l’augmentation de 10% des places en écoles d’infirmiers. Cela doit permettre d’obtenir 200 à 300 places supplémentaires en Auvergne-Rhône-Alpes.

Déjà 45 étudiants infirmiers sont allés prêter main forte aux EHPAD de Haute-Loire
C'est le premier volet de ce plan qui sera le plus impactant puisqu'il devrait mobiliser 4 000 étudiants. Il consiste à mobiliser les élèves infirmiers de deuxième année (ils ont validé une équivalence aide soignant et peuvent donc venir en renfort) en leur proposant un contrat à durée déterminée de quinze jours à un mois, payé au SMIC. Des missions qui ne seront pas nécessairement liées à la Covid, mais qui permettront de dégager des forces au sein de chaque structure pour lutter contre l'épidémie.
Pour le directeur de l'hôpital vellave, "ça représente une telle puissance de remplacements que les IFSI (ndlr : institut de formation en soins infirmiers) sont vraiment une étape essentielle dans le renfort des EHPAD. En Haute-Loire, depuis trois semaines maintenant, on a permis aux élèves de s'appuyer un peu plus sur l'e-learning pour qu'ils aillent massivement, autant qu'on peut le faire, en direction des EHPAD et à l'heure où je vous parle, on a 45 étudiants infirmiers qui sont allés prêter main forte aux EHPAD du territoire".

Situation dans les EHPAD : "potentiellement, ça peut être une catastrophe"
Les EHPAD, c'est justement un des lieux les plus vulnérables face à l'épidémie. S'il y a une situation que Laurent Wauquiez juge vraiment très préoccupante, c'est bien celle-là. Il estime même qu'il y a une certaine loi du silence et il ne cache pas ses craintes, au micro de Zoomdici.

(Cliquer sur "Listen in browser" pour une écoute sur smartphone ou tablette)

Maxime Pitavy

Vous aimerez aussi

Vos commentaires

Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire